PAINTED FACES
七小福 – Hong-Kong – 1988
Support : Bluray & DVD
Genre : Drame
Réalisateur : Alex Law
Acteurs : Sammo Hung, Ching-Ying Lam, John Sham, Cheng Pei-Pei, Wu Ma, Jackie Chan…
Musique : Lowell Lo
Durée : 112 minutes
Image : 1.78 16/9
Son : Cantonnais DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Éditeur : Spectrum Films
Date de sortie : 28 février 2022
LE PITCH
Il s’agit ici de l’histoire vraie de Maître Yu qui créa sa propre école de l’Opéra de Pékin à Hong-Kong. Ses élèves n’étaient autres que Jackie Chan, Sammo Hung, Yuen Biao et Corey Yuen. Sammo incarne ce « sifu » très strict où son entraînement implacable fera d’eux des artistes martiaux complets.
Les petites merveilles
Unique collaboration entre la Shaw Brothers et sa grande concurrente Golden Harvest, Painted Faces est le récit de jeunesse d’une troupe de jeunes prodigues de l’Opéra Chinois, apprenant à la dure sous le regard sévère de leur maître. Des gosses qui révolutionneront quelques années plus tard le visage du cinéma hongkongais.
Apparus dans le milieu du cinéma à la fin des années 70, tout d’abord simples doublures ou cascadeurs, les Seven Littles Fortunes, anciens performeurs de l’opéra chinois classique, vont rapidement devenir des véritables stars du cinéma kung-fu. Corey Yuen, Yuen Biao, Sammo Hung et bien entendu Jackie Chan (pour ne citer que les plus connus) vont ainsi dynamiter et moderniser un genre en jouant autant sur leurs qualités martiales et chorégraphiques, que sur un renversement des valeurs ancestrales dont la première victime sera souvent le fameux « sifu », maitre autrefois juste, source de science et de connaissance, désormais veule, manipulateur voir même alcoolique dans le fabuleux Drunken Master. Une relation ambiguë avec cette figure de mentor certainement née des années passées auprès de leur Maitre Yu, instructeur les éduquant rudement, à coup de bâtons, d’entrainements éreintants et de divers sévices qui paraissent plus que datés aujourd’hui. Et c’est cette enfance, des premières années de bambin à la fin de l’adolescence, qu’ambitionne de raconter Alex Law dans son film Painted Face. Auteur de nombreux mélos tous inédits chez nous, il souhaitait réaliser un film plus général sur ses années de jeunesse, mais ne trouvant pas de financement opta alors pour celles plus commerciale de ces cadors du cinéma HK. Alors basé sur de nombreux témoignages et reprenant de multiples anecdotes décrites par la bande (dont une charmante épopée en forme d’école buissonnière avec une petite fraude spectaculaire dans un bus à deux étages), il préféra cependant atténuer considérablement la violence et l’oppression dont fit preuve le vénérable Yu.
Souvenirs confus
Bien moins cruel que dans les souvenirs de Jackie Chan par exemple (qui ne cacha pas sa déception), le personnage incarné avec énormément de justesse et de fragilité par Sammo Hung en personne, devient alors lui-même victime d’un système qu’on lui a inculqué. Un monsieur mal-à-l’aise avec ses propres sentiments et dernier représentant d’un art ancestral qui perd l’attrait du public au profit d’un cinéma de plus en plus populaire. Touchant, ce guide dur mais juste, donne tout de même le ton d’un film qui reste assez timide tout du long, se concentrant presque exclusivement sur les relations avec Sammo et Gros Nez (alias Jackie), oubliant le reste de la troupe réduit à de simples figurants, et se contentant d’enchainer les petits épisodes plus ou moins notables comme une charmante chronique anodine. De la même façon, l’apparition de la reine du wu-xia Chang Pei-Pei, en instructrice de l’école féminine, donne certes lieu aux prémices d’une romance avec Maitre Yu, mais restera finalement assez peu exploitée. On s’y amuse certainement plus des quelques escapades des jeunes héros, de leur premiers amours difficiles… Mais on est bien plus fasciné par les rares moments de pures performances, reproduisant une représentation acrobatique du Voyage en occident, ou s’intéressant bien plus tard à leurs premières incursions dans les coulisses d’une production supposée de la Shaw Brothers. La séquence la plus réussie du film, rendant aussi bien hommage à cet âge d’or du cinéma chinois, tout en illustrant la dangerosité du métier de cascadeur et les fêlures de Maitre Yu et de son frère, éduqué aux mêmes préceptes d’un art du spectacle comme absolu méritant tous les sacrifices.
Un petit film, finalement assez modeste, qui laisse à penser qu’il y a encore largement matière à un produire un film plus ambitieux sur le sujet. Et moins romancé par la même occasion.
Image
Première découverte pour Painted Faces inédit en France et apparemment assez rare depuis quelques années en Chine. Revenu en 2018 avec une nouvelle copie restaurée, le film affiche une image particulièrement propre et assez stable (en dehors des cartons du générique d’ouverture) et des couleurs légèrement ravivées. Le grain de pellicule se fait assez discret mais plutôt naturel et le piqué offre de jolis moments dans les séquences en pleine lumière. Les passages plus sombres restent tout à fait corrects mais semblent plus impactés par les outils numériques avec une légère baisse de définition et des matières plus lisses.
Son
La piste cantonnais d’origine est proposée ici en DS HD Master Audio 2.0 pour une écoute sobre et claire. Le mixage est bien concentré sur les avants, les sources sont équilibrées, assurant un visionnage confortable.
Interactivité
Accompagné à nouveau d’un très joli design de packaging, Painted Faces propose une petite poignée de suppléments assez intéressants. On y trouve certes quelques clips promo d’époque, mais aussi et surtout de véritables interviews inédites. Celle du réalisateur Alex Law tout d’abord qui après avoir retracé brièvement ses débuts dans le cinéma, explore les origines du film, sa collaboration avec Sammo Hung et sa rencontre avec les autres élèves du maitre délivrant au passage quelques anecdotes non utilisées, dont certaines car jugée trop cruelles. L’autre rencontre concerne la grande Chang Pei-Pei, interrogée par Frédéric Ambroisine, qui là aussi revient sur ses premières années dans le milieu du cinéma chinois, les grands moments de sa carrière, et son plaisir d’avoir participé à l’aventure Painted Faces. L’ensemble est bien entendu accompagné de l’incontournable présentation d’Arnaud Lanuque, toujours aussi précis et pertinent.
Liste des bonus
Introduction d’Alex Law (1′), Présentation de Arnaud Lanuque (13′), Interview de Alex Law (35’), Interview de Cheng Pei-pei par Frédéric Ambroisine (19’), Clip promotionnel, Sammo Hung en action, Galerie photos et bande-annonce originale.