OVER THE TOP
États-Unis – 1987
Support : Bluray & DVD
Genre : Action
Réalisateur : Menahem Golam
Acteurs : Sylvester Stallone, Robert Loggia, Susan Blakely…
Musique : Giorgio Moroder
Image : 2.35:1
Son : Anglais et français DTS-HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 93 minutes
Éditeur : ESC Distribution
Date de sortie : 5 octobre 2022
LE PITCH
Chauffeur routier solitaire, Lincoln Hawk est rongé par un divorce et par la culpabilité d’avoir abandonné un fils qu’il n’a jamais vu, Michael. Lorsque Lincoln – sur les conseils de son ex-femme – part chercher son fils à l’Académie Militaire, il se cogne à l’agressivité de ce dernier. Pour Lincoln, le seul moyen de prouver à son fils – et à lui-même – qui il est réellement, c’est de remporter le championnat du monde de Bras de fer de Las Vegas.
Mon fils, ma bataille
Film moqué et largement mésestimé dans la carrière de Sylvester Stallone, Over the Top : Le Bras de fer est un produit pur jus des années 80 qui tend assez nettement le bâton pour se faire battre. Réalisé par le nabab Menahem Golan, piètre cinéaste mais producteur stakhanoviste et souvent inspiré, Over the Top est un jalon supplémentaire dans une période qui allait devenir une pente glissante pour Sly.
En 1987, l’acteur sort alors de Rocky 4, Rambo 2 et Cobra, et s’apprête à partir en mission suicide en Afghanistan pour Rambo 3. Il est au sommet de sa gloire et s’affirme comme la représentation cinématographique ultime de l’Amérique reaganienne. C’est aussi à partir de ce moment qu’il va s’enfermer dans une caricature de son image. Alors évidemment, évacuons d’emblée les évidences un peu rapides qui fâchent. Oui, Over the Top est un film un peu concon, qui célèbre la testostérone et le dépassement de soi avec la témérité d’une production américaine des années 80. La réalisation de Golan est d’une platitude déconcertante et s’appuie sur des effets de style oscillant entre l’infernal et l’atroce (ces ralentis, ces instantanés de Sly s’entraînant au soleil levant, cette musique Hard FM permanente). Des éléments rebutants auxquels on pourra trouver un certain charme si l’on a découvert le film à l’époque de la VHS… Et une fois cela avancé, on peut également y déceler des qualités inhérentes à son statut de véhicule de star. En ce sens, Over the Top surfe très nettement sur la vague de Rocky, recyclant la structure de l’histoire et la trajectoire du personnage type créé par Stallone (coscénariste du film), un héros un peu looser qui cherche à se surpasser et qui va, à force de travail, surmonter les obstacles et conquérir une victoire qui lui échappait. La sueur et la bravade entre bourrins n’est pourtant pas ce qui passionne le plus dans Over the Top (les scènes de bras de fer y sont d’ailleurs fort peu nombreuses). En dépit de son aspect couillon, le film reste intéressant quand on le remet en perspective dans la carrière de Sly et de ses principaux rôles. S’il ne rivalise pas avec la subtilité d’un Rocky, le film de Golan continue néanmoins d’illustrer, sans grande subtilité encore une fois, certains aspects du héros stalonnien, à travers le récit de ce road movie qui emmène vers Las Vegas un père qui tente de raccrocher avec un fils qu’il n’a pas élevé et auquel il va chercher à inculquer les valeurs d’une Amérique du peuple. A ce titre, le personnage marginal et inadapté interprété par Stallone apparaît presque comme infantile face à un fils aux allures de jeune adulte affichant des principes très cadrés hérités de son académie militaire et de son éducation bourgeoise. L’incarnation d’un énième personnage travailleur et modeste issu de la classe moyenne (en opposition à son beau-père riche et détenteur de pouvoir), pour qui le titre de champion du Monde de bras de fer importe moins que la description d’une détermination inébranlable et l’ambition de rétablir un lien filial perdu.
P’tit bonbec musclé
On ne tentera pas de vendre le film pour ce qu’il n’est pas, mais il serait malhonnête de le n’y voir qu’un navet décérébré. Masos comme on est, on pourra même y déceler une certaine sensibilité à travers des scènes parfois un peu dégoulinantes de bons sentiments, mais empreintes d’une véritable sincérité (Stallone y dévoile des remords personnels vis à vis de son propre fils). On y redécouvre surtout un comédien encore une fois bien meilleur que ce que son étiquette réductrice voudrait bien laisser entendre. Même dans un film aussi limité qu’Over the Top, Stallone compose une interprétation solide, touchante et sincère, avec un jeu pourtant minimaliste. Quand bien même le comédien a largement rejeté le film par la suite, prétextant des motivations pécuniaires, alors que cette série B qui se prête à la moquerie vaut mieux que cela, décrochant avec le temps un statut culte pas volé. Ancré dans l’inconscient du public comme un spectacle viriliste et bas de plafond, célébrant les biscottos luisants de ses protagonistes (voir l’affiche pour s’en convaincre), Over the Top demeure en effet un film aux aspirations peu ambitieuses si l’on en reste à la première impression de son intrigue, il est vrai guère passionnante. Le film gagne néanmoins en intérêt dans ses aspects plus dramatiques, bien qu’il procède avec une subtilité toute relative qui n’épargne pas une approche naïve (pour ne pas dire lénifiante) du genre. Mineur, pur produit marketing et gros bide au box-office de l’époque, le film de Menahem Golan s’inscrit clairement dans la lignée du héros stallonien, qui assume une certaine forme de romantisme. Souvenir de vidéo-club, madeleine de Proust ou plaisir très coupable, appelez-le comme vous voudrez, Over the Top reste un vrai petit bonbec testostéroné…
Image
Avec son image resplendissante, cette édition ESC couple la joie de la redécouverte d’une œuvre typique des 80’s et la limpidité d’une image d’aujourd’hui. Redécouvrir Over the Top dans les conditions qui sont proposées ici (contrastes, précision, netteté, piqué, couleurs… Tout est au top !) est tellement agréable qu’on pourrait céder à la tentation de réévaluer la qualité intrinsèque du film… Voui voui…
Son
Amis du Hard FM et de Giorgo Moroder, vous allez vous régaler ! Cette édition inclut deux pistes en DTS HD Master audio 2.0. De l’excellente qualité évidemment, avec des dialogues nets et clairs, mais aussi et surtout une place prépondérante pour la musique quasi omniprésente sur le film. Et une version française d’époque aux petits oignons qu’on est en droit d’apprécier à sa juste valeur de madeleine de Proust…
Interactivité
Les deux présentations du film avec, d’un côté David Da Silva, biographe de Stallone et de l’autre Jérôme Momcilovic, journaliste et critique, sont deux modules extrêmement intéressants car, évidemment, loin des moqueries d’usage un peu faciles face à un film à la mauvaise réputation, les deux spécialistes remettent en perspective avec pertinence les qualités du film dans ce qu’elles disent de la star et de l’acteur Stallone, et démontrent en quoi cette pure série B demeure un élément non-négligeable de sa filmographie. A noter la présence d’un bonus caché qui présente des entretiens d’époque (en version originale non sous-titrée).
Liste des bonus
Entretien avec David Da Silva (biographe de Stallone) (14’) ; Entretien avec Jérôme Momcilovic (spécialiste du cinéma américain) (21’) ; Bande-annonce.