OUT OF ORDER
Abwärts – Allemagne de l’Ouest – 1984
Support : Blu-ray
Genre : Thriller psychologique
Réalisateur : Carl Schenkel
Acteurs : Götz George, Hannes Jaenicke, Wolfgang Kieling, Renée Soutendijk, Klaus Wennemann…
Musique : Jacques Zwart, Jacques Swart, Felix Moluchi
Durée : 87 minutes
Image : 1.66 16/9
Son : Allemand DTS-HD Master audio 5.1 et 1.0 et français DTS-HD Master audio 1.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Carlotta Films
Date de sortie : 22 août 2023
LE PITCH
Un vendredi soir, à l’heure de fermeture des bureaux, quatre personnes se retrouvent bloquées dans le même ascenseur : Jörg, un publicitaire fringant ; Marion, sa ravissante collègue et ancienne maîtresse ; Gössmann, un comptable peu loquace ; et Pit, jeune coursier désinvolte. Comprenant rapidement que personne ne viendra à leur secours, ils décident de se libérer par leurs propres moyens. Mais l’entreprise s’avère périlleuse et des tensions surgissent bientôt au sein du groupe…
Qu’est-ce qu’on est serré, au fond de cette boîte…
Quelques mois après le bien nommé L’Ascenseur de Dick Maas en 1983, Out of Order de Carl Schenkel sortait sur les écrans, comme le signe que le sujet et les craintes qu’il peut susciter semblait fasciner à cette époque…
Thriller psychologique, huis-clos, brûlot contestataire, film catastrophe minimaliste… Out of Order de Carl Schenkel est un peu tout ça. Un film sur le sentiment d’oppression et d’enfermement, au suspense savamment dosé, auquel s’ajoute en filigrane un discours sociétal. Deux collègues ayant eu une relation amoureuse, un jeune livreur pour le moins désinvolte et anarchiste sur les bords et un comptable mutique, les quatre personnages se retrouvant coincés dans un ascenseur bloqué, refusant désespérément de reprendre sa course, vont progressivement dévoiler des facettes plutôt bien cachées de leurs personnalités, sous l’effet de claustrophobie engendré par la prison de métal dans laquelle ils se retrouvent enfermés. Davantage que les tentatives d’extraction de l’appareil, globalement vouées à l’échec, et les quelques scènes d’action, ce qui intéresse en premier lieu le réalisateur d’origine suisse, se joue dans le rapport et les interactions entre les personnages. Et surtout, ce qu’ils disent de chacun d’eux, suivant la formule selon laquelle chacun cache un secret ou des penchants bien moins sympathiques que ce qu’il laisse paraître. L’enfer, c’est les autres, etc. Ce petit théâtre de la cruauté fonctionne à plein régime, dévoilant par petites touches l’égoïsme, la jalousie, la cupidité des personnages. Il faut reconnaître à Carl Schenkel un véritable talent pour scruter ses personnages. Le réalisateur signera ensuite quelques très bons épisodes de la série Le Voyageur, puis quelques années plus tard le thriller Face à face avec Christophe Lambert en 1992, Terror Clinic en 1994 ou encore Tarzan et la Cité perdue avec Casper Van Dien en 1998. Rien de complètement dingue, mais ici, il s’en tire vraiment bien dans la description de ce microcosme qui semble pouvoir imploser à tous moments.
Anticonformiste et anarchiste
En termes de mise en scène, le concept du film implique en lui-même un sacré défi : rendre intéressante et dynamique une histoire se déroulant quasi exclusivement dans une étroite cabine d’ascenseur. Quelques années plus tard, le très mauvais Devil de John Erick Dowdle, pourtant co-scénarisé par M. Night Shyamalan, s’y cassera les dents bien comme il faut. Avec Out of Order, Carl Schenkel fait bien mieux. Sans esbroufe ni effets, sans aller jusqu’à marquer les esprits, ses choix de mise en scène s’avèrent payants, le cinéaste suisse parvient à insuffler une dynamique et une tension qui ne faiblissent jamais, se permettant même quelques mouvements d’appareils plutôt bien sentis. De son côté, le directeur photo Jacques Steyn déploie des trésors d’imagination pour éclairer les protagonistes de manière signifiante. Car toute la réalisation et la cinématographie d’Out of Order est au service d’un discours anticonformiste et anarchiste en forme de gros doigt d’honneur à la société composée de gros beaufs capitalistes de l’époque. Au casting, on notera la présence de Renée Soutendijk, dont le rôle de séductrice n’est pas sans évoquer ses prestations dans Spetters et Le Quatrième Homme de Paul Verhoeven. A ses côtés, Götz George évoquera inévitablement la série Tatort, mais ce serait oublier qu’il a été récompensé du Prix d’interprétation masculine à la Mostra de Venise en 1995 pour L’Homme de la mort. Entre les deux, Hannes Jaenicke trouve sûrement l’un de ses meilleurs rôles, lui qui a surtout œuvré pour la télévision. Micro-budget, micro-équipe et discours maxi-contestataire, pour un résultat très abouti. Out of Order, sans être un chef d’œuvre inattaquable, reste à ce jour l’un des meilleurs thrillers en huis clos qui soient. Le plus intéressant de son auteur. Un film à réhabiliter.
Image
Avec ses teintes vert/bleu métallique, le film affiche une colorimétrie que l’on qualifiera un peu cavalièrement de « très allemande ». Si le film peut rebuter à ce niveau, ce serait dommage de ne pas relever les multiples efforts du directeur de la photographie Jacques Steyn, ici retranscrits avec une belle efficacité par cette édition dont la qualité d’image réalise un sans-faute. Avec son rendu à la finesse incontestable et au niveau de détails très appréciable, cette édition est franchement convaincante, expurgée de tous défauts et à l’équilibre très convaincant.
Son
Pas de grandes envolées sonores dans ce film, et la piste allemande, la seule proposée en 5.1, ne fait pas bondir de son canapé. Cependant, l’harmonie sonore est respectée, avec des dialogues clairs, qui ne souffrent jamais de l’environnement sonore, ni de la musique. Les versions 1.0 sont un peu plus en retrait, c’est logique. Mais rien d’handicapant pour autant. Les amateurs de version française devront faire avec.
Interactivité
Cette édition propose deux bonus principaux. Le premier donne la parole au comédien Hannes Jaenicke, qui revient sur son parcours d’acteur et sa collaboration sur le film. Particulièrement généreux et enthousiaste, Jaenicke livre quelques anecdotes assez folles et évoque son amitié avec Carl Schenkel, décédé prématurément. Il se dégage de ce témoignage une véritable émotion qui fait plaisir. Dans le second module, c’est le directeur de la photographie Jacques Steyn qui évoque son travail sur le film et plus généralement sa carrière. On peut également profiter de deux scènes coupées et de la bande-annonce originale du film.
Liste des bonus
Entretien avec Hannes Jaenicke (28’) ; Entretien avec Jacques Steyn (18’) ; Deux scènes coupées ; Bande-annonce originale.