OTALIA DE BAHIA
Brésil, France – 1976
Support : Bluray
Genre : Drame
Réalisateur : Marcel Camus
Acteurs : Mira Fonseca, Maria Viana, Antonio Pitanga, Jofre Soares, Zeni Pereira…
Musique : Walter Queiroz Antônio, Jocáfi
Image : 1.66 16/9
Son : Portugais DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français et anglais
Durée : 120 minutes
Editeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 14 décembre 2023
LE PITCH
Années 1970 – Dans les quartiers pauvres de Salvador, sur les hauteurs de Bahia, vit une communauté composée de personnages pittoresques et chaleureux. Ils ont pour nom Coq Fou, Ygrec, Massu, Rosa Moustache… et Otalia. Cette dernière, prostituée au service de Dona Tiberia, est amoureuse du caporal Martim. Cette bande de joyeux drilles partage une passion commune pour la musique, la danse et l’amour. Mais leur pauvreté les confronte aussi régulièrement à la police.
Carnaval !
Cinéaste français clairement en marge et assez inattendu, Marcel Camus est de manière ironique surtout rappelé pour son film le plus « commercial » : Le Mur de l’atlantique avec Bourvil. Sa carrière est pourtant surtout marquée par une volonté de célébrer la jeunesse, la liberté, la musique et l’évasion, à l’instar de son ultime long métrage, le bien plus confidentiel Otalia de Bahia.
Alors qu’il voit sa carrière en perte de vitesse, déjà obligé de se tourner vers la télévision (où il retournera rapidement par la suite) Marcel Camus décide de revenir à ses premiers amours, soit le Brésil, pour faire écho à son Orfeus Negro qui lui offrit une Palme d’or en 1959 et une renommée internationale. Un pays qui est presque devenu le sien depuis, où il passe une grande partie de sa vie en compagnie de son épouse justement rencontrée sur le tournage. Presque vingt ans plus tard, l’émerveillement est toujours le même, mais le pays a changé, plus que jamais bouleversé par la transformation des villes en lieux de tourisme et de modernisation, marquées par une mondialisation galopante et clinquante. Des lieux qui restent interdits aux héros du film, eux relégués sur les hauteurs de Salvador, dans leur favela Mata Gato, forcément habité par la pauvreté, la débrouille, la fauche et la prostitution. Mais le réalisateur n’en garde pas moins une chaleur profonde pour ce véritable visage de la culture brésilienne, toujours marquée par le culte du candamblé (mélange de croyance locale et de christianisme amené par les esclaves), la musique et la capoeira (art martial alors quasi inconnu) et donne corps à une galerie de personnages bigarrés, excessifs, bruyants, joyeux, toujours amicaux malgré la réalité de leur vie.
Dernières danses
Nouvelle arrivée, la jolie Otalia, prostituée de son état, découvre ce microcosme avec bonheur, presque des yeux d’enfants, et tombe à son tour en amour pour la communauté et en particulier pour le beau Martim, délinquant qui fuit la police et les relations stables. On y parle donc beaucoup d’amour, de sexe, d’amitié, mais aussi de religions et de musique dans une frénésie presque constante entre séquences musicales dansées sur la plage et révoltes euphoriques contre une police, peu capable, qui voudrait bien se débarrasser de cette bande bariolée qui fait tache dans le paysage et la dynamique politique générale. Une œuvre qui se veut généreuse, que Marcel Camus aborde une nouvelle fois en croisant à la fois une pure volonté documentaire, se laissant emporter par l’énergie des personnages et du quartier, et une amorce de dramatisation en faisant d’Otalia la porte d’entrée pour le spectateur, mais aussi une figure attirante qui deviendra peu à peu tragique voir mystique dans le très beau final. Cependant l’équilibre entre les deux versants n’est pas tout à fait aussi maitrisé que dans Orfeus Negro, forcément charpenté par le mythe initial. Ici l’objet tourne très souvent à la succession d’anecdotes, de tableaux inégaux, tour à tour réalistes comme un témoignage, puis comiques, gentiment dramatiques où à force de refuser le misérabilisme, Camus verserait presque dans un évangélisme naïf où ces joyeux drilles ne souffrent jamais vraiment puisqu’ils rient, dansent, mangent et baisent.
Le regard d’un homme, trop, amoureux sans doute, mais l’expérience d’Otalia de Bahia vaut surtout pour son approche documentaire d’un petit monde qui, on le sait, est déjà en voie de disparition.
Image
Proposé en VHS il y a belle lurette, Otalia de Bahia était devenu invisible depuis. On peut toujours compter sur Le Chat qui fume pour exhumer les films oubliés, et le faire avec sérieux et talent. La preuve une nouvelle fois ici puisque la restauration complète du film a été faite à partir d’un scan 4K des négatifs. Complète car plus aucun défaut n’est visible à l’image, assurant une définition impressionnante et minutieuse, tout en préservant avec chaleurs le grain naturel de la pellicule et en déployant avec force les superbes couleurs des paysages et des personnages.
Son
On reste bien entendu ici au plus près du dispositif sonore initial avec un mono brésilien rafraichi, net et clair qui restitue avec un bel équilibre toute l’énergie des personnages et l’attractivité des musiques locales. Un peu plus plat, avec des ambiances plus en retraits, le doublage français aux voix parfois un peu niaises (en particulier pour la pauvre Otalia) reste tout à fait correct.
Interactivité
Mediabook petit format pour Otalia de Bahia avec un cahier piqué de quelques pages reproduisant le livret de presse original et une courte interview d’archive avec Marcel Camus en guise de bonus vidéo. Ce dernier y parle beaucoup de sa passion pour le Brésil, son admiration pour le peuple des rues et bien entendu sa volonté d’en retranscrire la poésie dans son film. Un peu court tout de même.
Liste des bonus
Livret, Interview archive de Marcel Camus (6’), Bande-annonce.