ONIMANJI
Samurai Ninja Onimanji – Japon – 2023
Support : Bluray & DVD
Genre : Action, Fantastique
Réalisateur : Yoshihiro Nishimura
Acteurs : Masanori Mimoto, Yuya Ishikawa, Natsumi Tadano, Reimi Fujishiro…
Musique : Masanori Mimoto
Image : 1.85 16/9
Son : Japonais DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 115 minutes
Editeur : Extralucid Films
Date de sortie : 28 août 2024
LE PITCH
Onimanji, un ninja samouraï qui a été maudit et enfermé dans une urne pendant plus de 600 ans, est ressuscité à l’époque moderne par la société de tueurs à gages, Kika Company. Bien qu’il soit un maître du sabre, Onimanji doit faire face aux nombreux défis du 21ème siècle. Il fait équipe avec Kika, sa supérieure, femme fatale à la tête froide et son collègue Shigeru, un assassin maladroit. Ensemble ils vont affronter des forces surnaturelles maléfiques, tout en luttant contre leur rivale, la Natsumegu Company.
Le ciné qui tranche
C’est le roi du cinéma kamikaze japonais, auteur d’un Tokyo Gore Police devenu mythique pour de nombreux adeptes des délires gores, l’un des piliers des tarés de la bande de Sushi Typhoon, Yoshihiro Nishimura revient enfin en France avec sa dernière création Onimanji, film se sabre moderne et, naturellement, foutraque.
L’industrie du cinéma japonais semblant toujours trop étriquée, trop lente pour lui, Yoshihiro Nishimura fait partie de cette génération de réalisateurs n’hésitant pas à refuser les routes mainstream pour s’engouffrer vers les distributions parallèles, les projets totalement fauchés, emballés en quelques jours à peine. Pas toujours très bien fichus mais débordant d’une énergie créative et de délires si improbables, qu’ils finissent inévitablement par embarquer les curieux dans la foulée. Meatball Machine, Tokyo Gore Police, Vampire Girl vs Frankenstein Girl, restent effectivement des expériences hors normes, douteuses, mais sidérantes et souvent hilarantes. C’est qu’en plus d’un réalisateur, Nishimura est aussi producteur, scénariste, chef opérateur, décorateur, assistant, preneur de son, pseudo acteur, ainsi que responsable des effets spéciaux et maquilleur. Des effets ultra gores, ultra excessifs, des mélanges absolument grotesques vu dans ses propres réalisations mais aussi dans Dead Sushi ou Zombi Ass : The Toilet of the Dead, tout autant que dans de grandes productions comme Shin Godzilla ou les films live de L’Attaque des titans. Le monsieur serait-il capable de s’assagir, un peu ? C’est ce que pourrait laisser entendre sa toute dernière réalisation Samurai Ninja Onimanji, imaginée suite à la demande de l’acteur Masanori Mimoto de collaborer sur un film plus tourné vers l’action que les effusions fantastico-gores. Pourquoi pas ?
Sabrer dans le bon goût
Et si effectivement quelques giclées de sang émaillent l’écran et qu’une amusante décapitation marque l’arrivée du titre, le film se montre bien plus accessible. Pourtant il prend ses racines dans une autre réalisation, The Ninja War of Torakage, dont il fait office de spin off en reprenant le personnage Onimanji (déjà joué par Mimoto), mais les évènements passés sont rapidement rappelés et l’action se déroule dans un Tokyo des plus contemporains. Ancien pourfendeur de démons donc, notre mercenaire au sabre est réveillé 600 ans après avoir été emprisonné dans un fût magique par une organisation de tueurs professionnels en guerre contre un autre clan, plus volontiers versés dans le trafique de stupéfiants et de lentilles oculaires aux effet psychotropes. Bien entendu un pitch prétexte pour se lancer dans une succession de combats énervés menés par le héros et ses deux acolytes, un ersatz raté de Dirty Harry et une femme fatale régulièrement en petite tenue ou filmée par en dessous, contre des ennemis tous droits sortis d’un manga… voir du jeu video Samba de Amigo. Humour potache jouant régulièrement sur le décalage entre Onimanji et l’époque moderne, glissement crétins réguliers, acteurs hystériques, scénario chaotique à souhait, on ne cachera pas que le film traine parfois un peu en longueur avec ses deux heures mal lestées. Mais c’est encore et toujours cette liberté totale qui finit par séduire, Nishimura jouant constamment avec le format de l’image, faisant déborder les lumières et les projections diverses au-delà des bandes noirs du 2.35, multipliant les montages syncopés, les split-screen et les ruptures de ton entre gags à répétition, romantisme hors propos où cette première confrontation avec le clan ennemis qui tourne au grand morceau musical… Assez mal chanté il faut l’avouer.
Onimanji emballe aussi par ce constant contraste entre un budget retreint et l’ambition démesurée de son grand orchestrateur capable de se lancer dans une immense course-poursuite d’une moto à l’autre en pleine ville où il est évident que pas une seule ne roule vraiment. Pas important, la force d’un film comme Onimanji c’est son énergie, sa conviction et son amour absolu du cinéma.
Image
Pas de soucis pour Onimanji, le film ayant été entièrement tourné et produit en numérique, le transfert HD s’impose assez naturellement. L’image est limpide, colorée, contrastée, certes s’accompagne parfois d’un léger bruit, mais joue parfaitement avec les petits délires visuels du bonhomme entre les éléments qui débordent du cadre et les matières fluorescentes qui piquent les yeux. Le tout est emballé par une définition bien tenue.
Son
Étrangement le film jouerait presque la sobriété par son DTS HD Master Audio 2.0 là où on aurait pu s’attendre à un 5.1 débordant de mouvements et d’effets en tous genre. Dans tous les cas la piste en présence est tout à fait claire, assez équilibrée et aussi dynamique que possible en ce concentrant sur les enceintes avant.
Interactivité
Extralucid propose sur son édition une belle rencontre avec le réalisateur Yoshihiro Nishimura et même si celle-ci est enregistrée en visio (et donc d’une qualité d’image pas formidable) elle lui permet de revenir sur l’ensemble de sa carrière, de ses débuts de passionné et d’assistants, son travail dans les effets spéciaux, l’aventure Sushi Typhoon, jusqu’au présent Onimanji sur lequel il s’attarde, très logiquement, un peu plus longuement. Un monsieur plein d’entrain et de passion.
Le second supplément est une évocation, par son organisateur, de la venue de ce dernier au festival suisse 2300 Plan 9 de l’année dernière pour présenter le film, mais aussi livrer une démonstration de maquillage expresse en direct avec images à l’appui. Une belle ambiance en tout cas, qui donne envie de réserver son badge pour le prochain rendez-vous.
Liste des bonus
« Nishimura passe à l’action », entretien avec Yoshihiro Nishimura (29’), « Onimanji, première mondiale et autres dingueries’ par Sylvain Sharp (8’), Bande-annonce.