OLD
Etats-Unis – 2021
Support : Bluray
Genre : Fantastique
Réalisateur : M. Night Shyamalan
Acteurs : Gael Garcia Bernal, Vicky Krieeps, Rufus Sewell, Alex Wolff, Thomasin McKenzie, Abbey Lee…
Musique : Trevor Gureckis
Durée : 108 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais Dolby Atmos et Dolby True HD 7.1, Français Dolby Digital 5.1…
Sous-titres : Français, anglais, espagnol…
Editeur : Universal Pictures France
Date de sortie : 24 novembre 2021
LE PITCH
En vacances dans les tropiques, une famille s’arrête pour quelques heures sur un atoll isolé où ils découvrent avec effroi que leur vieillissement y est drastiquement accéléré et que leur vie entière va se retrouver réduite à cette ultime journée.
Grains de sable
Sur la voie de la résurrection depuis l’étonnant found footage The Visit, M. Night Shyamalan revient aux fondamentaux avec une fable adulte au High Concept ouvrant la porte à une nouvelle étude du caractère humain. Et bien entendu à la clef, un sempiternel twist.
C’est finalement en prenant des risques que M. Night Shyamalan a réussi à séduire à nouveau ces dernières années, livrant un inattendu film d’horreur en fausses caméras volées, en déconstruisant la figure du serial killer avec Split, ou en livrant la suite tant attendue, et là encore insoupçonnée, à son chef d’œuvre Incassable. Mais avec Old, le réalisateur retrouve directement le canevas d’autrefois. Celui de 6ème sens, Signes ou Le Village, soit un univers reposant uniquement sur un seul et unique concept mené jusqu’au bout de sa logique et où vont se dissimuler dans les interstices une réalité beaucoup plus proche de nous. Adapté de la BD française Château de sable de Pierre Oscar Levy et Frederik Peeters, Old convie donc une petite troupe de vacanciers sur une superbe plage isolée, où cependant les mystères de la géologie et de la nature provoque un vieillissement accéléré des personnes qui s’y trouvent. Un huis-clos en plein air, un lieu paradisiaque qui se transforme en cauchemar, et un impressionnant exercice de mise en scène où Shyamalan s’accroche moins aux évènements qui se succèdent qu’à la perception qu’en ont ses personnages. Une caméra constamment mouvante, fluide, animée même, qui encercle ces victimes du phénomène qui n’hésite jamais à donner corps à leurs troubles, en particulier lorsque le vieillissement amoindrit les sens. Flous, silences diffus, mais aussi un hors-champ qui fluidifie le passage entre les différentes phases, permettant de crédibiliser par les angles de caméra, les perspectives, les passages pour les enfants d’un physique de six ans à celui d’ados puis d’adultes.
Une question de temps
Un dispositif précis, maîtrisé, qui glisse régulièrement vers la frénésie lorsque certains perdent totalement pied devant la folie de la situation. La mise en scène de Shyamalan est imparable, se permettant même une exploration digne d’un conte de Grimm d’une grotte habitée par une femme devenue sorcière (littéralement), mais malheureusement l’écriture l’est sans beaucoup moins. Quelques dialogues trop écrits où les jeunes gens évoquent leurs changements d’états, des réactions parfois étrangement détachées (et pas franchement explicables) et des personnages qui restent emprisonnés dans leurs silhouettes initiales. Celles de stéréotypes allant du médecin progressivement atteint de démence, de l’armure à glace (rappeur de surcroît) en faux coupable idéal, de la blonde en bikini totalement obsédée par son apparence, de la vieille dame… Pas beaucoup mieux du coté de la révélation finale, depuis longtemps trop mécanique chez le monsieur, qui explique trop d’éléments tout en apportant peu d’éclairage sur le sens même du film. Là où la BD privilégiait une fin ouverte, un mystère presque intact, Shyamalan s’empêtre dans une résolution morale pas bien finotte.
En demi-teinte, cet hommage indirect à la référence absolue La Quatrième dimension réussit cependant son pari lorsque délaissant les effets, il retrouve l’émotion brute, forte et simple. Celle d’une famille ordinaire, des parents et deux enfants, témoins d’un temps inéluctable qui éloigne et rapproche les gens qui s’aiment, qui permet parfois la transmission, la chaleur et la naissance de très beaux instants. La longue séquence nocturne sur la plage, éclairée par un simple feu, habitée par les regards et la tendresse reste le très beau cœur de ce film, maladroit mais manifestement des plus sincères.
Image
Capturé sur Arricam LT avec un objectif Ziss Master Prime Lenses, Old impose à l’écran ce qui peut se faire de mieux à l’heure actuel en tournage 35mm. Le transfert sur Bluray (le disque UHD est carrément encore un bon cran au-dessus) est impressionnant de richesse et accompagne avec ferveur la photographie chaleureuse et tranchées de Mike Gioulakis (Us, It Follows). Outre un grain délicat et organique, le master développe une colorimétrie fine et harmonieuse et une définition exemplaire des premières heures sous la chaleur du soleil jusqu’aux dernières heures de la nuit. Parfait.
Son
On oublie le doublage français (qui fait ce qu’il peut) tristement présenté dans un Dolby Digital 5.1 efficace mais daté pour s’engouffrer dans l’excellente piste originale en Dolby Atmos. Encore une petite merveille, qui développe une atmosphère particulièrement riche, faite de vagues qui s’échouent sur la plage, de légère brise et de cris lointain… mais aussi de silences implacables. La mobilité de la caméra est admirablement accompagnée par une dynamique souple et fluide, qui donne encore une profondeur supplémentaire à la spatialisation des dialogues, mais aussi de la mise en scène.
Interactivité
Rien de bien excitant à se mettre sous la dent malheureusement ici, même si l’éditeur à fait l’effort de fournir quelques featurettes enregistrées sur le tournage du film. Quelques images des coulisses, une prise de parole constante du réalisateur, de sa fille (1ère assistante) et du producteur, qui laisse un peu le casting sur le carreau, où on évoque le concept initial (mais pas un mot sur la BD française, classe), la thématique familiale, la construction des décors et la mise en scène. Avec un peu plus d’insistance, il y avait moyen ici de produire un vrai making of, dommage. A cela s’ajoute quelques courtes scènes coupées, ajoutant de menus détails de-ci de-là, avec notamment une ouverture alternative qui annonçait un peu trop la couleur.
Liste des bonus
Scènes coupées (8’), Histoire de famille des Shyamalan (8’), La Plage est une scène (10’), Des cauchemars au paradis (7’), Une famille dans l’instant (6’).