OCEAN’S ELEVEN
Etats-Unis – 2001
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Film de casse, comédie
Réalisateur : Steven Soderbergh
Acteurs : George Clooney, Brad Pitt, Matt Damon, Casey Affleck, Bernie Mac, Don Cheadle, Elliot Gould, Julia Roberts, Carl Reiner…
Musique : David Holmes
Image : 2.40 16/9
Son : DTS HD Master Audio 5.1 anglais, Dolby Digital 5.1 français, italien, allemand…
Sous-titres : Français, italien, allemand, néerlandais…
Durée : 116 minutes
Editeur : Warner Bros. Entertainment
Date de sortie : 01 mai 2024
LE PITCH
Après deux ans passés dans la prison du New Jersey, Danny Ocean retrouve la liberté et s’apprête à monter un coup qui semble impossible à réaliser : cambrioler dans le même temps les casinos Bellagio, Mirage et MGM Grand, avec une jolie somme de 150 millions de dollars à la clé. Il souhaite également récupérer Tess, sa bien-aimée que lui a volée Harry Benedict, le propriétaire de ces trois somptueux établissements de jeux de Las Vegas.
La classe américaine
Quand le petit prodige du cinéma d’auteur américain se propulse défenseur du divertissement hollywoodien et du film de stars, cela donne Ocean’s Eleven. Une sacrée surprise en 2001, et un sacré carton aussi, ayant largement entériné le statut d’icône what else ? de George Clooney et déjà devenu un classique. Copié à foison mais jamais égalé.
Palme d’or à 26 ans et dès son premier long métrage, ça peut avoir de quoi vous friser la tête. Ainsi après le succès, largement mérité, de son Sexe Mensonge et Vidéo, le jeune Steven Soderbergh s’est retrouvé avec une pression phénoménale sur les épaules. Quelques métrages auteurisants et inégaux plus loin, le cinéaste semble perdre contact avec le public jusqu’à un Schizopolis pas toujours supportable. Remise en question, signe divin, rencontre salutaire avec George Clooney… On ne sait par quel mystère celui-ci va opérer un demi-tour à 90 degrés vers le cinéma de genre avec l’excellent Hors D’atteinte (une petite leçon de mise en scène), L’Anglais, Erin Brokovitch et l’ambitieux Traffic. A ce titre la trilogie des Ocean’s en est une certaine forme d’aboutissement, compilant les différentes recherches esthétiques et narratives, souvent proche de la déconstruction, expérimentées jusque-là, mais mises au service de purs divertissements ressuscitant le golden age d’Hollywood. Pas étonnant alors que le premier de la série soit un remake libre de L’Inconnu de Las Vegas qui servait autrefois la soupe à Frank Sinatra et ses potes du Ratpack (Sammy Davis Jr, Dean martin…), véritable film d’acteurs et de copains qui reposait presque uniquement sur leurs épaules décontractées.
« Apprend à marcher avant de ramper » « ouais, ou l’inverse ».
Quarante ans plus tard, Hollywood à changé, plus ironique, moins premier degré et les stars s’appellent désormais George Clooney, Brad Pitt, Matt Damon ou Julia Roberts, accompagnés par quelques acolytes solides comme Andy Garcia (vilain d’envergure), Don Cheadle, Casey Affleck ou le vétéran Eliott Gould, et l’enjeu est une fois encore de mettre en valeur l’alchimie incroyable qui se dégage de la petite bande, bien aidée il faut l’avouer par des dialogues pointus, voire parfois acides. Sourires complices (le duo Clooney/Pitt est mémorable), poses imparables, second degré omniprésent… et toujours une sacrée élégance ! Du Hollywood comme on n’en fait plus, mais pas uniquement au service de la vitrine, mais aussi cette fois-ci d’un authentique film de casse, aux déroulements particulièrement alambiqué, annonçant presque, mais sans le savoir dans sa construction et ses petits effets trompeurs, les futurs opus de Mission : Impossible. Soderberg maitrise aussi bien le clinquant et le style plein la vue de Las Vegas, que les atmosphères plus feutrées des tables de poker de fond de salles, affirmant une mise en scène racée, fluide, élégante, constamment bousculée par des effets plus marqués, plus récréatifs, façon 70’s et leurs montages alternés à foison. Ludique et malin, Ocean’s Eleven fonctionne d’autant plus à merveille qu’il sait aussi réactiver, comme Hors d’atteinte, le romantisme échevelé d’autrefois en faisant de la reconquête de Julia Roberts, dans le rôle de l’ex-épouse d’Ocean, le véritable enjeu de tout ce déploiement de talents et de luxe.
Si quatre ans plus tard Ocean’s Twelve repoussera encore plus loin les effets miroirs, les trompe-l’œil et la porosité entre les personnages et leurs interprètes, Ocean’s Eleven est toujours un grand plaisir, smooth et ambré. Pour nous ça ne sera pas un expresso, mais un bon whisky, 20 ans d’âge.
Image
Après Contagion, Warner continue sa collaboration avec Soderbergh (toujours présent pour valider les transferts en question) s’efforçant de combiner à la fois les attentes d’un passage au standard 4K et l’approche parfois rugueuse du cinéaste. Encore une réussite d’ailleurs puisque sans faire appel au Dolby Vision, l’édition vient justement souligner la finesse et les variations d’intentions d’une photographie jouant autant sur le clinquant de Las Vegas avec des lumières pétantes et des couleurs intensément contrastées, que sur des segments volontairement désaturés, bousculés par les filtres et un grain épais. Reliefs, textures, palette de teintes, tenues des noirs, tout est beaucoup plus riche et profite d’une définition aux petits oignons.
Son
Jusque-là coincée dans un Dolby Digital gentiment vieillissant, la piste originale se dote désormais d’un DTS HD Master Audio 5.1 (pas de Dolby Atmos ?) bien plus ample, fluide et généreux. Pas de grosses effusions d’intensité, ou de dynamique décuplée, l’essentiel se joue une nouvelle fois sur les ambiances modernes et classy, la fermeté des dialogues et quelques décors plus enveloppants.
Le doublage français, tellement loins le l’impérialité de la vo, s’en sort honorablement mais reste lui coincé avec son Dolby Digital du Bluray.
Interactivité
Rien de neuf du coté des suppléments… du moins pour les amateurs américains puisque cette édition 4K permet aux petits français de pouvoir découvrir les bonus inédits qui avaient été proposés en 2013 sur un quatrième disque du coffret trilogie. En particulier le petit making « Partant ou pas ? » qui par un mélange d’interview inédites et d’images d’archives retrace énergiquement le montage du projet, la composition du casting et un tournage sous haute sécurité dans le Bellagio. Le programme contient aussi un retour sur le casting du film de 1960, sur le look et l’attitude du nouveau cast et la première featurette promo.
Les deux commentaires audios, d’un côté le réalisateur et le scénariste, de l’autres un clan resserré d’acteurs, sont eux aussi de retour… mais toujours non sous-titrés.
Liste des bonus
Commentaire audio de Steven Soderbergh et Ted Griffin (VO), Commentaire audio de Matt Damon, Andy Garcia et Brad Pitt (VO), « Un casse avec classe » (10’), « Partant ou pas ? » : coulisses du film (28’), « Avantages et inconvénients » : les tenues du film (12’), « Le Style original d’Ocean’s Eleven » (13’), « Le Look de l’artiste » (9’).