OBJECTIF 500 MILLIONS
France, Italie – 1966
Support : Bluray & DVD
Genre : Thriller
Réalisateur : Pierre Schoendoerffer
Acteurs : Bruno Cremer, Marisa Mell, Jean-Claude Rolland, Etienne Bierry, Pierre Fromont…
Musique : Pierre Jansen
Durée : 91 minutes
Image : 1.66 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français pour sourds et malentendants, Anglais
Éditeur : StudioCanal
Date de sortie : 02 mars 2022
LE PITCH
À sa sortie de prison, un ancien parachutiste se voit proposer un coup : voler un sac postal contenant cinq cents millions et transporté par avion de Paris à Bordeaux. Le seul complice qu’il trouve pour l’aider dans cette opération est l’officier qui l’avait autrefois dénoncé. Il réussira finalement à se venger de lui.
Les spécialistes
Révélé l’année précédente par son quatrième long-métrage, 317ème section, Pierre Schoendoerffer ne veut pas se laisser enfermer dans le récit de guerre et enchaîne avec un « simple » film de casse. Mais les vieux démons ne s’éloignent jamais bien loin.
Véritable départ de la carrière de cinéaste de Pierre Schoendoerffer, 317ème section était un témoignage à hauteur d’hommes de la réalité de la Guerre d’Indochine, épisode douloureux que ce dernier à vécu en première ligne comme photographe et cameraman au service du cinéma-presse du corps expéditionnaire français. Un réalisme imparable et frontal qui pourrait avoir totalement disparu du suivant Objectif 500 millions qui, comme son titre l’indique, louvoie beaucoup plus volontiers du côté du cinéma de genre, voir même du divertissement musclé. Une manière évidente de démontrer que ça mise en scène n’est pas simplement nourrie des contours du documentaire brut, mais qu’elle peut aussi se montrer plus fluide, plus directe et plus spectaculaire. 317ème section évitait toute forme de sensationnalisme, le suivant se déroule comme un très classique film de gangsters avec poursuites, embuscades, longue mise en place du plan et bien entendu le très attendu braquage de l’avion postal en plein ciel, dont la tension est parfaitement rendue à l’écran. De vieux compagnons de régiments qui se retrouvent, une ancienne trahison qui remonte à la surface et même une étrange femme fatale, superbe Marisa Mell, qui ajoute un soupçon de glamour à l’ensemble…
Ô Capitaine, Mon Capitaine.
Il est pourtant évident que le spectacle est nettement moins mémorable que le regard que porte le metteur en scène sur son personnage principal, ex-Capitaine Reichau, qui sort juste de détention pour avoir collaboré au putsch raté de 1961. Un ancien d’Algérie, un grand déçu de l’indépendance, qui se heurte à un monde qu’il ne reconnaît plus. Toujours incarné par le solide Bruno Cremer, qui échange le cynisme lucide de son Willsdorf dans 317ème Section, pour une amertume désespérée, n’arrive plus à s’échapper d’une nostalgie des armes, de cette appartenance à une guerre qu’on à achevée à sa place. De l’Indochine à l’Algérie, ce sont deux colonies qui s’échappent et une certaine vision de la France et de l’armée qui disparait avec elles, comme le montre ces instants passés avec quelques anciens compagnons d’armes qui on repris le cours de leur vie, ou sa vaine tentative pour s’intégrer au monde du travail, s’étonnant du nombre d’immigré qui travaillent sur les chantiers. Schoendoerffer ne questionne pas son protagoniste, mais l’accompagne dans cet ultime rêve d’un officier perdu, reflet d’une génération entière, reniée, perdue, en marge, achevant des carrières soldatesques héroïques et patriotiques dans la délinquance armée. Cet instant volé dans un bistrot où Bruno Cremer ne peut retenir un rire amer en entendant la petite chanson « Dis à ton capitaine » d’une France Gall juvénile, sous le regard agacé de son voisin, résume parfaitement la marginalisation de son personnage et ses accents tragiques.
Image
Invisible depuis des années, Objectif 500 millions nous parvient directement en Bluray avec une copie d’excellente qualité. Une restauration a manifestement été opérée car les cadres affichent une belle propreté et une stabilité de tous les instants. Les contrastes noirs et blancs sont joliment dessinés, un léger grain persiste et la définition apporte un piqué et une profondeur plutôt agréable. Rien qui ne saute vraiment à l’œil ou qui impressionne plus que cela, sans doute à cause de quelques logiciels qui semblent parfois un peu trop atténuer les matières.
Son
Le mono d’origine est proposé ici sous la forme d’un DTS HD Master Audio 2.0 sobre forcément, mais assez solide. La restitution est claire et ne laisse jamais emporter par les petites faiblesses de l’âge.
Interactivité
Nouveau volet de la collection Make My Day ! Objectif 500 millions s’ouvre tout logiquement sur une nouvelle présentation passionnée de Jean-Baptiste Thoret. Une intervention qui lui permet de rattacher directement ce « film de genre » au reste de la filmographie de Pierre Schoendoerffer et d’entamer l’analyse que va considérablement approfondir François Angelier, son camarade de l’émission Mauvais Genre. On y parle d’ailleurs presque autant de cinéma que de contexte historique et sociologique. S’ajoute à cette édition une petite vidéo d’archive dans laquelle le cinéaste en plein tournage répond à quelques questions peu palpitantes d’une journaliste.
Liste des bonus
Préface de Jean-Baptiste Thoret (7’), « Objectif 500 millions » vu par François Angelier (45’), Sur le tournage avec Pierre Schoendoerffer (4’).