NOUS ÉTIONS SOLDATS
We Were Soldiers – États-Unis – 2002
Support : Bluray
Genre : Guerre
Réalisateur : Randall Wallace
Acteurs : Mel Gibson, Madeleine Stowe, Barry Pepper, Greg Kinnear, Sam Elliott, Chris Klein, Keri Russell, Duong Don…
Musique : Nick Glennie-Smith
Image : 2.35 16/9
Son : DTS-HD Master Audio 5.1 Anglais et Français
Sous-titres : Français
Durée : 138 minutes
Editeur : Metropolitan Film & Video
Date de sortie : 20 mai 2021
LE PITCH
Novembre 1965. L’histoire vraie de la bataille de la Drang opposant les troupes américaines aux forces Viêt-Cong. Un affrontement sanglant qui marqua les prémices de la guerre du Vietnam.
God Bless Propaganda
Fuckin’ Nam ! Ce conflit, les États-Unis ne s’en sont jamais remis. C’est leur Waterloo, leur Dien Bien Phu à eux. Une Némésis, la déculottée, leur foutue malédiction… Pour la première fois de son histoire, le pays de l’Oncle Sam a perdu le combat, embourbé jusqu’à l’os dans les tréfonds de la jungle sud-asiatique. Un épisode hautement traumatique qui fit les beaux jours du septième art. Comme les mauvais. Nous étions soldats s’inscrit clairement dans la deuxième catégorie.
Sorte d’Apocalypse Now discount, vague ersatz de Platoon, le long-métrage s’embourbe lui-aussi dans une opulence de prêchi-prêcha à la gloire du sacrosaint puritanisme et du patriotisme à la mode yankee. Dommage. Le film avait au départ toutes les cartes en main. Le casting s’avère solide et peuplé de gueules typiques des années 2000 : un Mel Gibson alors au sommet de sa gloire, la toujours charmante Madeleine Stowe, ce vieux routard de Sam Elliott et les remarquables seconds couteaux que sont Greg Kinnear ou Barry Pepper. Quant à la réalisation, elle revient à un certain Randall Wallace qui signa un peu plus tôt le rugueux et oscarisé Braveheart. Oui mais non.
Shooté en plein vol
Adapté d’un bouquin lui-même inspiré de l’un des épisodes les plus meurtriers de la guerre du Vietnam, Nous étions soldats donne le ton dès l’ouverture. Et ce n’est pas joli-joli. La première partie est juste insupportable à suivre. On se croirait en pleine leçon de catéchisme hardware, avec ses sempiternels serments familiaux pré-dîner et la pieuse imagerie des recrues parées à sacrifier leur vie au nom de la bannière étoilée. La deuxième partie, celle du front, tient un peu plus la route. Grâce notamment à des scènes d’action relativement bien menées et une utilisation efficace du format grand angle (notamment lors des séquences à vol d’hélico). Mais ça ne suffit pas. Les violons déboulent en fanfare à chaque flambée de napalm comme au moindre sursaut d’émotion. Le tout saupoudré de tirades pseudo-fraternelles entrecoupées de gros plans sur les veuves paroissiales. Et puis, on est vite gênés par cette surenchère d’hémoglobine gore totalement vaine, voire vilement complaisante. Car totalement dénuée de vision et d’un quelconque esprit critique. Wallace n’est ni Cimino, ni Coppola, ni Stone, ni De Palma. Pis, on lui doit aussi les scripts de l’oubliable L’Homme au masque de fer et de l’éléphantesque Pearl Harbor qui était loin de briller par sa subtilité.
Le cas Gibson
Pour parler franchement, Nous étions soldats est un peu le miroir de son acteur phare. Un Mel Gibson dont la carrière n’a jamais cessé d’alterner entre le grandiose et le passable. Certes, le comédien australo-américain reste à jamais associé à Mad Max, mythe ultime de la culture pop né de l’imaginaire de George Miller. Oui, il est le Martin Riggs de L’Arme Fatale, une saga tout aussi culte, régressive et attachante. Mais du fait de sa personnalité limite, de ses addictions multiples et de ses opinions idéologiques discutables, il lui arrive souvent de botter en touche. C’est le cas ici, où il en fait des tonnes en officier bigot. Beau gâchis. Car bien dirigé, Mel Gibson peut exceller. On se souvient tous de Signes. Il y était génial : à nu, fragile, bancal… suprêmement émouvant (son meilleur rôle à ce jour). Mais dans la plupart des cas, celui qui fut longtemps la star la mieux payée et la plus rentable d’Hollywood, s’est surtout contenté de tout miser sur son charisme de tête brulée. OKLM et sans trop prendre de risques.
C’est du côté de la mise-en-scène qu’il a réellement prouvé sa valeur artistique : il y eut Braveheart, cette vaste fresque moyenâgeuse dans lequel il donnait libre cours à ses pulsions sadomasochistes (Mel adore souffrir à l’écran). Il y eut La Passion du Christ, sa propre version de la crucifixion où il clamait haut et fort ses convictions de catho intégriste. Sans oublier Apocalypto, son chef-d’œuvre. Un survival primitif, frénétique, jusqu’au-boutiste. Une œuvre complétement barrée semblable à une transe surnaturelle. Sachant cela, on se plait à imaginer ce que Nous étions soldats aurait donné s’il l’avait réalisé. En vrai, on le sait un peu. Tu ne tueras point, sa dernière réalisation, constitue un contrepoids rêvé. On y retrouve les mêmes enjeux dramaturgiques, la même atmosphère de sortie de messe, les mêmes questionnements existentiels (c’est quoi l’héroïsme ?). Mais le sujet est traité avec bien plus d’inspiration et une conviction gravée dans la roche. « Mad Mel » y déchaîne les enfers avec une fureur cathartique, une violence dantesque qui ferait presque passer Il faut sauver le soldat Ryan pour un épisode de Papa Schultz. Aussi folle, illuminée et extrémiste soit-elle, il s’agit bien d’une œuvre de cinéma. De celles qui laissent des traces, quoi. Tout le contraire de Nous étions soldats.
Image
Cette nouvelle copie HD tient parfaitement la route aussi bien en intérieur qu’en extérieur. Au pays, c’est l’omniprésence de tons chauds et ambrés. Tandis qu’au cœur de la jungle, les verts s’avèrent précis, éclatants et particulièrement contrastés. Mention spéciale aux séquences en grand angle au son des hélicos. Elles envoient vraiment du bois.
Son
Les pistes anglaises et françaises se valent. Les scènes de bataille, les plus réussies, dégagent un souffle assez bluffant. Ça pétarade sec grâce à un étalonnage complet et parfaitement exécuté. Le Vietnam, comme s’y vous y étiez. Nous serons beaucoup moins cléments concernant la musique, bien trop larmoyante pour remporter la mise.
Interactivité
Rien de folichon à se mettre sous la dent. En plus d’une dizaine de scènes coupées dispensables (elles n’apportent rien à l’ensemble), on se contentera d’un making-of d’époque, avec des interviews ponctuées d’images d’archives de recrues au combat. Un supplément à l’image du film. Façon prospectus que l’on feuillette avant de s’engager.
Liste des bonus
Making-of, dix scènes coupées.