NIKITA
France, Italie – 1990
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Policier, Action
Réalisateur : Luc Besson
Acteurs : Anne Parillaud, Tchéky Karyo, Jean-Hugues Anglade, Jeanne Moreau, Jean Reno…
Musique : Eric Serra
Image : 2.35 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 5.1 et 2.0
Sous-titres : Anglais
Durée : 118 minutes
Editeur : Gaumont
Date de sortie : 25 septembre 2024
LE PITCH
Nikita est une junkie. Durant le casse désespéré d’une pharmacie, elle assiste au massacre sauvage de ses compagnons par la police. Hébétée, en manque, elle tue un policier. Condamnée à vie pour meurtre, elle va avoir une chance de se racheter en signant avec l’état un pacte sanglant et implacable : une nouvelle identité, une relative liberté si elle devient un assassin à la solde du gouvernement.
La tueuse amoureuse
Sanctifiée par le succès colossal, et mondial, du Grand Bleu, Luc Besson ouvrait les années 90 avec un film d’action comme le cinéma français n’en avait jamais vu. Une série B glacée, paranoïaque et romantique, ultime signature en territoire français d’un cinéaste alors encore des plus inspirés.
Difficile aujourd’hui aux vues de l’effondrement du niveau des réalisations de Luc Besson depuis le début des années 2000, sans même penser à la qualité navrante des scénarios écrits pour les productions de sa société Europa, d’imaginer (ou se souvenir) de l’importance qu’avait le bonhomme à ses débuts. La figure d’un frondeur, la personnification d’un vent nouveau dans le cinéma français, d’une approche plus moderne, ouvertement esthétique et stylisée qui explosa dès son second film, le culte Subway pour se concrétiser dès l’opus suivant Le Grand Bleu, raz de marée qui noya la critique sous un flot de spectateurs enthousiastes près à revenir en salle pour une « version longue » diffusée des années durant dans la nouvelle salle du Grand Rex. En 1990, Nikita est donc bel et bien attendu au tournant. Naturellement, la critique de l’époque, à quelques exceptions, continuera son règlement de compte, mais Besson imagine définitivement son film pour une nouvelle génération de spectateurs pour qui il ouvre des voies inespérées (Kassovitz lui dédiera son César de La Haine et ce n’est pas pour rien). Son quatrième film sera donc un polar, un film d’action, largement inspiré dans les grandes lignes et pour sa violence sèche par le modèle américain, mais sans que jamais il en singe bêtement les tics.
Le meilleur élément
La grille du genre est appliquée à son propre univers, visuel et thématique, sans jamais démériter techniquement. Encore une fois alors qu’aujourd’hui sa mise en scène brouillonne se perd souvent dans un montage pataud et illisible, il faut impérativement revoir les superbes mouvements de caméra qu’il imposait sans cesse à l’écran (rien que le très célèbre plan d’ouverture), la confection précise des cadres et la finesse d’un montage qui fait passer les années d’éclipse avec grâce ou électrise un gunfight percutant. Nikita a définitivement de la gueule et une efficacité indéniable qui donnera au passage pas mal d’idées aux collègues que ce soit à Hong-Kong (les rip-off Black Cat 1&2) ou aux USA avec Nom de code : Nina signé John Badham et même deux séries tv à succès en 1997 et 2010. Mais c’est aussi un film qui a une âme, celle du personnage principal incarné à fleur de peaux par une Anne Parillaud possédée (c’est sans doute le rôle de sa vie), première vraie figure de la « femme enfant » du cinéma de Besson, encore portée par une rage, une fougue et une humanité fragile qui manquera tant aux suivantes. De délinquante punk hurlant « encuuuulés » à tous ce qui passe à tueuse professionnelle instrumentalisée par un État français affichant à l’écran le sourire toujours ambigu de l’excellent Tchéky Karyo, Nikita est un moteur dramatique imparable, vibrant, qui embarque par ses charmes le sympathique amant joué par Jean-Hugues Anglade, séduit sa tutrice Jeanne Moreau (magnifique dans sa vieillesse) et résiste même à la machine de mort, aussi conne qu’absurdement drôle, Victor, nettoyeur-machine annonçant le futur Léon avec encore Jean Reno.
Tous les défauts du cinéma de Besson sont là, les dialogues parfois un peu niais, les personnages frôlant le stéréotype, les effets « m’as-tu-vu », mais tout fonctionne parfaitement par sa propre logique. A l’instar d’ailleurs de la bande originale électronique d’Eric Serra alors encore totalement dans l’esprit de l’époque et parfaitement en adéquation avec le tempo de l’image. On préférera encore et toujours le Luc Besson naïf et adulescent au vieux mogul renfermé et cynique.
Image
Nikita se pare désormais d’une toute nouvelle remasterisation 4K. Pas trop d’information sur la méthode ou la source, mais le résultat est là avec une qualité d’image qui écrase totalement toutes les sorties précédentes, et clairement la première sortie salle dans la foulée. Exit les petites scories qui émaillaient encore parfois lesplans, les légères instabilités sur les bords des cadres et les variations trop notables du grain, l’ensemble a été brillamment harmonisé et équilibré, mais sans jamais réduire les matières organiques. De pures sensations cinéma, avec des argentiques élégants, un piqué impeccable et une solidité à toute épreuve qui se dote, il faut bien le dire, d’une colorimétrie d’une richesse impressionnante. Dolby Vision et HDR10 à l’appui, la photographie a été considérablement rehaussée avec des bleus éclatants (l’ouverture, renversante), des rouges puissants, des dorés brillants et plus généralement des contrastes tranchants. Splendide.
Son
Belle proposition de Gaumont qui reprend ici les deux très bons mixages DTS HD Master Audio 5.1 et 2.0 déjà croisés sur le Bluray précédent. Si forcément le premier assure une dynamique plus poussée, voir musclée, et donne une réelle emphase aux ambiances arrières et latérales, le second reste au plus proche des volontés initiales avec toujours une clarté idéale… même s’il faut bien reconnaitre qu’Anne Parillaud bouffe un peu parfois se répliques.
Interactivité
L’édition 4K de Gaumont permet de retrouver deux suppléments déjà bien connus des amateurs du film avec le Making of d’époque, véritable reportage dans les coulisses du film et qui permet d’entrevoir tout ce beau monde au travail, quelques instants volés avec les acteurs ou la mise en place des passages plus tendus. Il est complété par le Nikita Tour qui témoigne de l’engouement que connu le film à sa sortie, et l’aura phénoménale qu’avait Luc Besson au début des années 90, venant présenter son film à un public largement conquis… certains l’ayant déjà vu deux ou trois fois.
L’édition steelbook propose en outre (et en exclusivité) un second Bluray entièrement réservé aux toutes nouvelles interviews enregistrées cette année avec Anne Parillaud, Tchéky Karyo, Jean-Hughes Anglade, l’assistant réalisateur Christophe Vassort et le directeur technique de Gaumont, André Labbouz. Un condensé d’anecdotes sur les carrières des uns et des autres, leur engagement sur le film (Anglade sans même avoir lu le scénario par exemple) sur le tournage parfois rock’n’roll sous l’impulsion de Besson ou la réception du métrage, qui s’avère passionnant de bout en bout.
Liste des bonus
« Au coeur de Nikita » : Making of réalisé par Bruno François Boucher (1990, 24’), « Nikita Tour » : tournée du film (1990, 13’), Bande-annonce (2’), Entretiens exclusifs (2024) avec Anne Parillaud alias Nikita » (42’), Tchéky Karyo alias Bob » (32’), Jean-Hugues Anglade (23’), Christophe Vassort, 1er assistant réalisateur » (14’), André Labbouz, directeur technique chez Gaumont » (9’).