NEUF INVITÉS POUR UN CRIME
Nove ospiti per un delitto – italie – 1977
Support : Bluray
Genre : Thriller
Réalisateur : Ferdinando Baldi
Acteurs : Arthur Kennedy, John Richardson, Caroline Laurence, Massimo Foschi, Loretta Persichetti…
Musique : Carlo Savina
Image : 1.85 16/9
Son : Italien DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Durée : 92 minutes
Éditeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 31 juin 2024
LE PITCH
Ils sont neuf membres d’une famille aisée réunis pour deux semaines dans une villa sur un îlot rocheux isolé. Il y a Uberto, le père, et sa nouvelle femme, Lorenzo, Michele et Patrizia, ses enfants, accompagnés de leurs conjoints, et Elisabetta, la tante restée célibataire. Entre perfidies et coucheries, tout ce beau monde se déteste. Quand Carla disparaît, apparemment noyée, ils découvrent que leur yacht a disparu et que leur hors-bord a été saboté. Ils sont désormais prisonniers sur l’île. Une expédition punitive menée 20 ans plus tôt pourrait bien être à l’origine du jeu de massacre qui suivra…
Vacances au soleil
Plus ou moins (et surtout plus que moins) inédit en France, Neuf invités pour un crime est un petit giallo bien opportuniste et bien méchant affichant un beau défilé de grandes gueules du bis et des actrices souvent peu vêtues dans un petit jeu de massacre insulaire tout à fait efficace à défaut d’être grandement original.
Les années 70 n’ont certainement pas manqué de giallo. Certains copiant L’oiseau au plumage de cristal de Dario Argento, d’autres cultivant la culture Krimi des longs complots tortueux et une poignée semblant vouloir continuer à tisser des liens avec la source, soit les thrillers criminels d’Agatha Christie. A l’instar de L’Ile de l’épouvante de Mario Bava, Neuf invités pour un crime n’est ni plus ni moins qu’une énième variation autour du modèle Ils étaient dix où c’est cette fois-ci une famille entière de riches bourgeois italiens qui s’imaginent profiter du climat chaleureux de leur belle demeure en Sardaigne, avec plage privative cela va de soi. Mais naturellement un tueur rode, certainement lié à la séquence inaugurale du film, le crime fondateur, celui qui ne va cesser d’hanter leurs derniers instants. Auteur de romans policiers et déjà scénariste de L’Appel de la chair et La Dame rouge tua 7 fois, Fabio Pittorru ne prétend pas réinventer le giallo, mais s’y inscrit solidement pour démultiplier les fausses pistes, les coupables désignés, les sous-entendus dans les dialogues, les indices plus ou moins discrets, afin de mener son petit suspens avec une certaine efficacité.
Nous ne vieillirons pas ensemble
Naturellement les habitués trouveront assez rapidement le pot au rose et verront clair dans le jeu de certains de nos protagonistes, mais peut-être que le principal attrait de Neuf invités pour un crime ne se situe pas dans son mystère, mais plutôt dans sa galerie de personnages plus infâmes, égoïstes, veules, jaloux et amers les uns que les autres, passant leur temps à quêter une vague reconnaissance du patriarche (Arthur Kennedy, en pleine fin de carrière italienne), à espérer la plus belle part de l’héritage et à se cracher leur mépris et leur insultes au visages. Un nid de vipère où les trois frères, interprétés par les habitués du bis John Richardson (Un Million d’années avant JC, Le Masque du démon…), Venantino Venantini (Frayeurs, Cannibal Ferrox…) et Massimo Foschi (Le dernier monde cannibale) s’avèrent des modèles de machisme assumés, se piquant les femmes des uns et des autres tels des objets vites démodés. Ces dernières ne sont d’ailleurs régulièrement présentées à l’écran dans le plus simple appareil. Tout le monde a un peu la tête ailleurs donc, et pendant ce temps-là la silhouette menaçante pousse les gens du haut de la falaise, les empoissonne, leur met le feu ou leur coupe la tête tranquillement. Une bonne dose de férocité et de nihilisme qui bien entendu fustige, comme aimait tant le faire le cinéma italien populaire d’alors, les déviances d’un certain milieu favorisé, outrecuidant et manipulateur.
Belle ambiance donc, admirablement accompagnée par la photographie étrange à la fois chaude et crue signée Sergio Rubini (Brigade volante, Un Flic explosif…) et la BO bien tendue et venteuse de Carlo Savina (Cérémonie sanglante, Obsessions charnelles, La Maison de l’exorcisme…) mais que malheureusement le réalisateur Ferdinando Baldi, surtout connu pour une tripotée de western, de Texas Adios à Blindman avec Ringo, illustre sans passion ou grandes inspirations. Pas vraiment de virtuosité dans des meurtres plus expéditifs qu’impressionnants, pas vraiment d’incarnation dans les sublimes paysages côtiers, le film semblant surtout s’apparenter pour lui à un proto-slasher déjà bien tourné vers l’érotisme gratuit. Cela aurait pu être mieux, cela aurait pu être nettement pire, et à l’arrivé Neuf invités pour un crime garde tout de même quelques jolis atouts dans sa poche.
Image
Le film a récemment connu une restauration bien replète à partir d’un nouveau scan des négatifs 35 mm. L’assurance de pouvoir découvrir le film dans les meilleures conditions possibles avec effectivement des teintes plus solaires que jamais, des matières (la roche surtout) finement dessinées et une profondeur constamment présente. Le piqué est bien dessiné et les reflets argentiques bien présents avec un traitement joliment organique du grain. Cependant certains segments ont sans doute été un peu plus compliqués à rajeunir comme la longue introduction, manifestement tournée au travers des filtres quelque peu envahissants, tandis que certains plans sont encore très marqués par des restes de taches et de griffures.
Son
Impeccable, la version originale s’installe confortablement sur son DTS HD Master Audio 2.0 avec une prestation aussi claire qu’équilibrée. Quelques effets sonores d’ambiances y sont bien incarnés (le vent, le ressac…) tandis que les thèmes les plus tendus y trouvent parfaitement leur place.
Interactivité
Comme aux USA l’édition Bluray française ne propose comme unique supplément que l’interview récente de l’acteur Massimo Foschi. Pourtant cette dernière comble les attentes grâce à une discussion très détendue mais néanmoins intéressante dans lequel le monsieur revient sur ses souvenirs d’une certaine époque du cinéma italien, les plaisirs du tournage en Sardaigne, sa rencontre avec Arthur Kennedy et sa collaboration amicale avec le reste du casting. Grand acteur de théâtre classique en Italie, il ne cache pas ses réserves quant à quelques excès sanglants du film, mais se fend tout de même d’une petite anecdote bien craspec vécue sur le tournage du Dernier monde cannibale.
Liste des bonus
« Giallo en Sardaigne » avec Massimo Foschi (26’), Bande-annonce.