NAVAJO JOE
Italie – 1966
Support : Bluray & DVD
Genre : Western
Réalisateur : Sergio Corbucci
Acteurs : Burt Reynolds, Aldo Sambrell, Simon Arriaga, Nicoletta Machiavelli, Fernando Rey, Chris Huerta…
Musique : Ennio Morricone
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais et français DTS Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 93 minutes
Éditeur : Sidonis Calysta
Date de sortie : 07 avril 2023
LE PITCH
À la tête d’un groupe de chasseurs de scalps, Duncan, un métis, massacre tous les habitants d’un village indien Navajo et les scalpe. Joe, seul rescapé du carnage, décide de venger la communauté. Alors que les assassins prennent en otage les habitants d’une ville pour obtenir l’argent de la banque. Joe prend la défense des citadins et accompli son impitoyable vengeance…
L’été indien
Corbucci, Morricone, Burt Reynold, Dino Di Laurentis, Aldo Sambrell… pas étonnant que Navajo Joe ait laissé une trace dans les mémoires des amoureux du western européen et que Tarantino en glissa quelques notes dans son fameux Kill Bill. Pas étonnant non plus, que cette pellicule ait au final assez bien vieillie.
S’il fallait se souvenir que de trois réalisateurs de l’histoire du western italien, ce serait sans grande difficulté, les trois Sergio : Leone (Il était une fois dans l’ouest), Sollima (Run Man Run) et bien entendu Corbucci. Un vrai artisan ce dernier qui comme beaucoup de sa génération a appris sur tous les postes avant de devenir réalisateur mercenaire, enchainant sans vergogne horreur, péplums, comédies et bien sûr westerns. Difficile parfois de retrouver sa touche personnelle dans ses tous premiers films, mais à partir du mythique Django, la théorie des auteurs retrouve irrémédiablement ses droits. La preuve avec Navajo Joe, commande effectuée pour le mogul Dino De Laurentiis qui zieutait déjà largement le marché international en imposant le débutant Burt Reynolds dans le rôle-titre, après avoir espéré un plus classieux Marlon Brando. Dans les deux cas, pas vraiment la tête de l’emploi puisqu’il est ici question d’un Indien sur le chemin de la vengeance. Les Italiens ont d’ailleurs souvent évité la question indienne autant pour des questions de crédibilité (peu d’acteurs typés peau rouge dans le pays) que pour des raisons d’identification politique. Curieusement l’acteur à la mâchoire carré s’en sort plutôt bien et réussit à incarner un héros presque aussi monolithique que Clint Eastwood, quoi que plus fier (voir fier-à-bras), tout en laissant passer par quelques regards un désespoir intime caché par fierté.
Collection de scalps
Mais indéniablement la vedette lui est volée par Aldo Sambrell (Il était une fois la révolution), tout simplement impressionnant dans le rôle de Duncan, truand tueur d’indien totalement névrosé par ses origines métisses. Une confrontation qui prend racine dans une petite ville paumée de l’ouest où Corbucci en profite pour glisser sa vision noire de la populace, communautariste et pleutre, forcément sous la coupe d’une bourgeoisie raciste et arriviste. On est loin du baroque décadent du Django sortit quelques mois plus tôt, mais on y distingue tout de même quelques plans purement gothiques, comme ce final dans un cimetière indien, et une bonne dose de nihilisme lyrique. Une réflexion idéologique (l’identité, l’intégration…) et plastique qui imprègne un canevas finalement relativement classique, souvent plus bondissant et nerveux qu’ample et épique, où l’on sent un Corbucci peut-être un peu moins motivé que sur d’autres incontournables du genre. Ce qui ne l’empêche pas, bien au contraire, de soigner ses cadres et de monter quelques gunfights délicieusement chaotiques. Mais il ne faut pas cacher non plus que l’autre raison du plaisir que l’on peut ressentir à visionner ce bon western rital repose énormément sur la bande son macabre, incantatoire et tribale d’Ennio Morricone (pourtant crédité sous le pseudo Leo Nichols) brassant chevauchés héroïques et cris distordant inspirés des chants indiens. Un Corbucci mineur diront certains. Un Corbucci tout de même.
Image
Toujours pas de restauration nouvelle génération pour Navajo Joe qui doit encore compenser avec une ancienne source. Certes elle faisait plutôt bien effet au format SD, mais sur Bluray en dehors d’une propreté appréciable on reste un peu sur notre faim avec des teintes un peu fades, des noirs pas toujours stables et un grain qui oscille vers le bruit vidéo. La définition jamais optimale, trébuche même vers le plat lorsque le crépuscule pointe le bout de son nez. Un master qui fait le job, mais plus pour très longtemps manifestement.
Son
Comme toujours avec les bons vieux westerns italiens, il est difficile de savoir qu’elle est la version originale tant les castings internationaux sèment le trouble. Ici, présence de Burt Reynolds oblige, comme pour l’ancien DVD Wild Side, Sidonis a privilégié une version anglaise pas toujours au point et plaçant les voix trop en avant. Pour le coup, le doublage français sonne plus « vrai » et affirme un mixage mono plus harmonieux.
Interactivité
Spécialiste du western en général et auteur, entre autres, de l’excellent Il était une fois… le western italien, Jean-François Giré retrace les thématiques et figures rémanentes du cinéma de Sergio Corbucci au travers de sa présentation classique mais efficace de Navajo Joe. Un petit segment qui est malheureusement le seul supplément de cette édition un peu chiche, mais pas plus que ses homologues américains et anglais.
Liste des bonus
Présentation par Jean-François Giré (13’), Bande-annonce.