NARROW MARGIN
Etats-Unis – 1990
Support : Bluray & DVD
Genre : Action, Thriller
Réalisateur : Peter Hyams
Acteurs : Gene Hackman, J.T. Walsh, Anne Archer, James B. Sikking
Musique : Bruce Broughton
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 97 minutes
Distributeur : Studio Canal
Date de sortie : 25 janvier 202
LE PITCH
Robert Caulfield, district attorney de Los Angeles, a commis une erreur. Depuis quelque temps, il tenait à l’abri Carol Hunnicut, témoin capital dans une affaire de meurtre. Et ce jour-là, il lui a rendu visite dans sa cachette, un chalet isolé du Canada, sans prendre de précautions. Or il a été suivi. Robert et Carol doivent fuir. Ils se cachent dans un train : direction Vancouver. Mais la mafia est à leurs trousses. Les tueurs sont à bord.
Thriller à grande vitesse
Remake plus ou moins affirmé d’une petite perle de la série B tourné en 1954 par un Richard Fleischer particulièrement inspiré, Narrow Margin, ou Le Seul témoin lors de sa sortie en salle, permet à Peter Hyams de rappeler une fois encore son imparable efficacité tout en rendant hommage à un cinéma noir à la distinction un peu perdue.
Mercenaire d’un cinéma d’action et d’un thriller toujours aux lisières de la série B et de l’art noble de l’artisan, Peter Hyams (Capricorn One, Outland, La Nuit des juges, 2010…) est bel et bien à l’origine de ce nouveau Narrow Margin, découvrant le film original de Fleischer, L’énigme du Chicago Express, un soir à la télévision et se convaincant qu’il était possible d’en tirer un remake plus moderne et spectaculaire. Tout juste sorti du succès de Presidio, il réussit à convaincre la Carolco (Les Rambo, Extreme Prejudice, Total Recall…) d’investir dans le projet quitte sans doute à y ajouter une bonne dose d’action et de poursuite musclée beaucoup plus proches des attentes habituelles des spectateurs des années 90. Le final assez improbable mais plutôt resserré et expéditif sur le toit du train en pleine cavalcade et surtout une incroyable poursuite entre une voiture et un hélicoptère au coeur de forêt canadienne, détonne un peu dans la nature profonde du film mais réaffirme la maitrise totale du cinéaste et son sens ferme du spectaculaire sans effets spéciaux envahissants.
Sur des rails
Reste que l’essentiel du film tire inévitablement vers la forme initiale du huit clos et du suspens entièrement ramassé à l’intérieur d’un train de nuit. A son bord de nombreux passagers étrangers à la situation, deux (peut-être trois ?) tueurs et un procureur qui tente coûte que coûte de protéger sa potentielle témoin d’un meurtre et de survivre jusqu’à l’arrivée à Vancouver. Sobre, direct, sans une once de fioritures, le scénario écrit par Peter Hyams réduit, comme le film initial, la psychologie des personnages à l’essentiel et construit son film uniquement par les actions de ses personnages, les allers-retours incessants à travers les wagons, les changements de cabines et le jeu de chat et la souris qui s’approcherait presque du ballet mortel. Narrow Margin retrouve justement cette notion de sobriété, de concision technique plutôt que de maestria, qui caractérise parfois les grandes séries B, et se permet même de tirer plus que jamais l’atmosphère de son film vers le film noir à l’ancienne. Une nouvelle fois peaufinée par Peter Hyams en personne, la photographie en clair-obscur, resculpte admirablement la géographie étriquée des couloirs et des compartiments, jusque dans une séquence particulièrement réussie dans le wagon restaurant qui évoque volontairement le grand Hitchcock et son La Mort aux trousses. Là aussi tout n’est pas que mouvements, échappées, mais passe par des échanges de regards intenses, par quelques dialogues carrés, menaçant et ironiques, insufflant tout autant de tension, voir plus, dans les séquences dites de pause.
Exercice de style admirable et assez passionnant, même si un bon poil derrière le plus sophistiqué L’énigme du Chicago Express, Narrow Margin doit aussi bien entendu énormément à la présence de Gene Hackman dans le rôle principal. Pas forcément un homme d’action, mais un fonctionnaire convaincu et tenace un peu à l’instar du John McLane de Piège de cristal, mais avec une certaine dose d’autorité, de sécheresse et de malice qui fait tout le charme de fabuleux acteur.
Image
Produit par Studio Canal sans vraiment plus d’explication ce nouveau master 4K est une sacrée surprise affirmant une restauration excessivement soignée et poussée accompagnée d’un réétalonnage riche et harmonieux venant redorer la sophistication d’une photographie souvent sombre mais toujours en nuance. Superbe, stable et fluide, la copie creuse, malgré des effets plutôt doux, une définition profonde et précise. Quasi parfait pour ne pas dire parfait.
Son
Si la version française reste un peu dans son jus avec un doublage assez solide mais un mixage restant relativement sobre en DTS HD Master Audio 2.0, la version anglaise bien plus naturelle se dote au passage d’un DTS HD Master Audio 5.1 qui, comme l’image, sait jouer une partition particulièrement élégante en insufflant une dynamique plus musclée, une atmosphère plus présente et même quelques sorties plus spectaculaires, sans jamais dénaturer le film.
Interactivité
Nouveau titre de la collection Make My Day, Narrow Margin est forcément précédé (en option) de la présentation toujours aussi concise et efficace signée par le directeur de collection Jean-Baptiste Thoret. Il laisse ensuite place au critique Serge Chauvin qui replace le film dans la vague Neo-Noir, dans la carrière de Peter Hyams et s’amuse, entre autres, des parallèles et des différences entre le film en présence et celui de Richard Fleischer. Assez intéressant même si un peu trop long. On aurait par contre apprécié pouvoir profiter comme aux USA du commentaire audio du réalisateur et de la petite featurette d’époque.
Liste des bonus
Préfaces de Jean-Baptiste Thoret (7′), Le film revu par Serge Chauvin (45′).