MY SON
Royaume-Uni, France, Allemagne – 2021
Support : Bluray
Genre : Policier
Réalisateur : Christian Caron
Acteurs : James McAvoy, Claire Foy, Tom Cullen, Gary Lewis, Michael Moreland, Robert Jack, …
Musique : Laurent Perez Del Mar
Durée : 92 minutes
Image : 2.39:1, 16/9ème
Son : Français & Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Éditeur : Metropolitan
Date de sortie : 10 mars 2022
LE PITCH
Lorsqu’il apprend de son ex-femme que son fils de 7 ans a été enlevé, Edmond Murray revient en Ecosse et va remuer ciel et terre pour le retrouver, …
L’Homme qui voulait savoir
Quatre ans après la sortie de Mon garçon, thriller conceptuel avec Guillaume Canet et Mélanie Laurent, le réalisateur Christian Caron remet le couvert et s’essaie à l’exercice périlleux du remake, le massif du Vercors cédant sa place aux Highlands du nord de l’Écosse, décor majestueux d’une traque menée par un James McAvoy fiévreux. Mais le résultat, soumis à un mélange déséquilibré d’improvisation et de rigueur technique et handicapé par un script famélique, demeure bancal.
Il faut bien reconnaître au réalisateur du très apprécié Joyeux Noël l’originalité de sa démarche. Lorsqu’il débarque sur le plateau de Mon garçon, Guillaume Canet ignore tout de ce qui l’attend. Littéralement. Caron, également scénariste, n’a pas remis de scénario à son acteur principal, seulement une poignée de pages contenant les grandes lignes de l’histoire du personnage qu’il doit interpréter et le point de départ de l’intrigue : son ex-femme vient de l’informer que leur fils de sept ans a disparu lors d’un séjour en colonie de vacances. À partir de là, Guillaume Canet doit improviser et réagir aux rebondissements qui se présentent à lui. Réduit à quelques jours pour ne rien perdre de l’intensité de la situation, le tournage a donc des allures de jeu de rôle grandeur nature. Pour le cinéaste qui s’est longuement préparé avec le reste de son équipe et du casting, l’objectif est de sortir son interprète de la moindre zone de confort et de coller au plus près de l’état d’esprit d’un père rongé par le doute, la culpabilité et l’angoisse. La tentative est intéressante malgré un vice de fabrication pourtant flagrant qui échappe à son auteur et sur lequel nous reviendrons plus loin. Avec 400 000 entrées en bout de course, le public ne suit que timidement tandis que la presse, divisée, ne s’accorde que sur la prestation dégraissée jusqu’à l’os et sans artifices d’un Guillaume Canet réellement crédible. Lessivé par un tournage commando, Christian Caron aurait très bien pu en rester là. Sauf que l’expérience qu’il vient de vivre l’obsède et qu’il est persuadé de ne pas avoir fait le tour de la question. Fasciné par l’Écosse et ses terres sauvages, il entreprend donc de démarcher des investisseurs étrangers pour « refaire » son film en langue anglaise. Ironie de l’histoire, le projet prend son envol pendant la pandémie, la structure mise en place par Caron collant parfaitement aux nouvelles règles sanitaires (beaucoup d’extérieurs, casting minimaliste).
Surprises sur prises
Bénéficiant de l’immense talent de James McAvoy et de Claire Foy, My Son fait incontestablement de l’ombre à son prédécesseur, essentiellement en termes d’émotion. Rarement autorisé à employer son véritable accent écossais dans les productions américaines qu’il enchaîne depuis plus de dix ans, le premier offre le portrait brut de décoffrage d’un père à l’agonie, constamment en mouvement, et qui traduit sa frustration et sa colère par une violence de plus en plus inquiétante. Tout le contraire de sa partenaire, jouant d’une infinité de nuances et d’une passivité presque lunaire qui génère une empathie inattendue. Déjà à la manœuvre sur Mon garçon, le chef opérateur Éric Dumont se surpasse et soigne une photo ultra-naturaliste qui sublime les collines, les lochs et les vallées noyées sous la pluie. Même constat, une fois encore, pour le très beau score atmosphérique de Laurent Perez Del Mar, un peu plus autonome et moins décoratif que sur le film de 2017. En apparence, My Son met les bouchées doubles pour supplanter dans la mémoire collective, un peu plus brouillon sur la forme.
Le souci, c’est que Christian Caron, très concentré sur son gimmick censé rendre le suspense plus immersif en vient à négliger son scénario. Lequel ne fait pas le poids face à la concurrence, que ce soit Prisoners de Denis Villeneuve, l’incroyable mini-série The Missing avec James Nesbitt et Tcheky Karyo ou même La Rançon de Ron Howard qui sont des références incontournables du genre et auxquels le cinéaste se confronte directement. La logique voudrait que les fausses pistes, les suspects et les coups de théâtre soient nombreux et assénés avec une froideur implacable. Or, My Son est on ne peut plus pauvre en la matière et la révélation finale est tristement téléphonée (au sens propre comme au sens figuré) et n’arrachera qu’une poignée de baîllements polis. Quant à l’improvisation, en permanence contrariée par une narration qui cherche à imposer ses droits, elle génère plus de flottements qu’autre chose et les très nombreux plans de coupe (magnifiques, au demeurant) sur les Highlands agissent comme autant de rustines sur un montage qui joue la montre.
Vide de sens et tirant à la ligne, My Son ressemble surtout à un court-métrage artificiellement gonflé pour dépasser les 80 minutes de projection. Pas très palpitant.
Image
Une copie d’une perfection sidérante et à la compression infaillible. La source numérique y est pour beaucoup mais l’ajout d’un grain très discret et le travail sur la profondeur de champ témoignent du soin maniaque apporté à ce transfert de tout premier ordre.
Son
Version française ou originale, le 5.1 propose une immersion acoustique à la fois sobre et vibrante avec des basses impressionnantes et une répartition chirurgicale des effets qui vient chatouiller les standards que l’on croyait insurpassables d’un Dolby Atmos de compétition. Une vraie claque.
Interactivité
Au lancement du film, il vous sera proposé une présentation de quelques minutes d’un Christian Caron pas peu fier de son nouveau bébé. Ne faîtes pas l’impasse sur cet avant propos quasi-hitchcockien ! Le même cinéaste revient longuement sur la genèse de My Son et ses conditions de tournage harassantes dans un entretien tout bonnement passionnant et qui témoigne de la passion sincère de cet artisan cinéphile. Et ce n’est pas tout puisqu’un making-of compact mais riche en image des coulisses vient illustrer les propos de Christian Caron. Le tour d’horizon des suppléments s’achève sur une scène coupée, mixée et finalisée, mais que le réalisateur estime inutile et redondante. Ses arguments sont plutôt solides mais le surcroît de tension et d’ironie tout à fait british de cette rencontre entre James McAvoy et un pauvre chasseur n’aurait pas pu faire de mal à un long-métrage malheureusement un peu mou du genou.
Liste des bonus
Présentation du film par le réalisateur, Entretien avec Christian Caron, Making-Of , Scène coupée, Bande-annonce.