MY HEART CAN’T BEAT UNLESS YOU TELL IT TO
États-Unis – 2020
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Jonathan Cuartas
Acteurs : Patrick Fugit, Ingrid Sophie Schram, Owen Campbell
Musique : Andrew Rease Shaw
Durée : 89 minutes
Image : 1.33 16/9
Son : Anglais DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Extralucid Films
Date de sortie : 24 mai 2022
LE PITCH
Un frère et une sœur se retrouvent en désaccord sur les soins à apporter à leur jeune frère fragile et atteint d’une étrange maladie.
Le même sang
Premier long métrage de Jonathan Cuartas, épaulé par le frangin Michael à la, superbe, photographie, Jonathan Cuartas, My Heart Can’t Beat Unless You Tell It To est un drame fantastique qui revisite la figure, éculée, du vampire des familles. Et ici les premières victimes sont son entourage le plus proche.
Après quelques années passées à faire ses preuves du côté du court métrage et à remporter quelques prix avec des essais comme Kuru ou The Horse and the Stag, les frères Cuartas sont finalement passés à la réalisation d’un long. Un projet plutôt intime et économe, tourné en seulement vingt petits jours et qui fut un temps prévu pour une sortie en 2020 et finalement repoussé, comme beaucoup d’autres pour cause de confinements et de salles fermées suite au COVID. Un film de genre parmi d’autre ? Pas tout à fait car à l’instar justement de leurs premiers essais, My Heart Can’t Beat Unless You Tell It To s’inscrit dans un décor des plus naturalistes, vision d’une Amérique du repli, des espaces restreints, de l’enfermement et d’une certaine pauvreté, raffermie à l’écran à la fois par une lumière avalée par des noirs imposants et un cadre 1.33 parfaitement claustrophobique. Un monde cru, désolé, solitaire surtout où tente de persister une famille composée d’une grande sœur, d’un grand frère et d’un adolescent totalement dépendant, atteint de vampirisme, dont la responsabilité prend toute la place dans la vie des deux plus grands. L’alibi fantastique, donnant au jeune Owen Campbell (Super Dark Times) des airs de Nosferatu mélancolique, évoque le plus souvent une métaphore du poids et des contraintes que peuvent devenir des proches atteints d’une maladie lourde et un peu honteuse. Le poids des responsabilités, le devoir familial, l’amour malgré tout, mais qui éloigne définitivement le trio du reste du monde.
Secret de famille
Voici donc même les deux adultes forcés d’errer la nuit dans des quartiers vides et des ruelles désertiques, à la recherche d’âmes tout aussi en marge qu’eux, pour nourrir le troisième. Avec bien entendu ce petite quelque chose du chef d’œuvre Martin de George A. Romero, le surnaturel étant ici normalisé à l’extrême, ingrédient d’un quotidien désespéré dont l’équilibre précaire va forcément se déliter, chacun rêvant de son coté à une liberté retrouvée. Autrefois jeune premier plus que mémorable dans le Presque célèbre de Cameron Crowe, Patrick Fugit incarne ici celui qui justement est encore le plus proche de la normalité et donc celui qui subit le plus violement la situation, manquant de basculer définitivement lorsque la prostituée avec laquelle il s’imaginait s’enfuir et reconstruire sa vie devient le casse-croute du jour. Le karaoké sur la chanson « I Am Controlled By Your Love » dans lequel il tente de se perdre juste après, au bord de la crise de nerf, de la folie, et du désespoir le plus douloureux, reste certainement le pic émotionnel du film. Délicatement mis en image et composé, porté par une réalisation et un montage volontairement lent et lancinant, My Heart Can’t Beat Unless You Tell It To reste tout de même un peu attendu au-delà de son postulat de base, et ne fait évoluer les personnages que dans une direction assez prévisible jusqu’à son final entre plénitude et mélancolie éprouvée. Les faiblesses d’une première œuvre certes, dont les battements de cœurs restent particulièrement prometteurs pour la suite.
Image
Tourné en numérique et en espace restreint, mais avec un soin tout particulier apporté à la lumière et aux couleurs, le film profite d’un superbe master HD qui retranscrit parfaitement les intentions des frères Cuartas. Bien entendu les cadres sont limpides, fluides et immaculés, tandis que les teintes, souvent sombres et éteintes sont rendues avec précision grâce à une définition des plus performantes.
Son
Là aussi le travail repose plutôt sur une certaine discrétion et des atmosphères. Si la piste DTS HD Master Audio 2.0 délivre un rendu assez direct et sobre, le DTS HD Master Audio 5.1 délivre volontiers des accents un peu plus prononcés avec des sonorités diffuses et quelques échos d’ambiances sur les enceintes arrière.
Interactivité
Sorti en Bluray nu comme un verre aux USA, My Heart Can’t Beat Unless You Tell It To profite des bons soins de l’équipe de Extralucid Films qui ont directement contacté le réalisateur Jonathan Cuartas et son frère Michael Cuartas, pour enregistrer deux interviews effectuées en visio. Tous deux abordent alors leurs premiers courts métrages, leur envie de passer au long, les éléments horrifiques, la constitution du trio d’acteurs, la réception internationale et même le court métrage glissé ensuite par l’éditeur : The Horse and the Stag, une autre histoire de séquestration et de violence sourde. A cela s’ajoute aussi un petit making of donnant accès à quelques images du tournage ainsi qu’à de courtes interventions des acteurs.
Liste des bonus
Entretien avec Jonathan Cuartas, Entretien avec Michael Cuartas, Coulisses du tournage, Court métrage : « The Horse and the Stag », Bande-annonce.