MORT OU VIF
Wanted Dead Or Alive – États-Unis – 1986
Support : Bluray
Genre : Action
Réalisateur : Gary Sherman
Acteurs : Rutger Hauer, Gene Simmons, Robert Guillaume, Mel Harris, William Russ, Susan MacDonald, …
Musique : Joe Renzetti
Durée : 106 minutes
Image : 1.85:1, 16/9ème
Son : Français DTS-HD Master Audio Mono, Anglais DTS-HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Carlotta Films
Date de sortie : 23 août 2022
LE PITCH
Ancien agent du gouvernement devenu chasseur de primes, Nick Randall est lancé à la poursuite d’un dangereux terroriste sans savoir qu’il sert d’appât pour la CIA, …
Midnight Run
Et si on confiait le rôle du petit-fils de Josh Randall – alias Steve McQueen dans la série Au Nom de la Loi – à Rutger Hauer ? Et si on faisait jouer un terroriste arabe ultra-fanatique au leader du groupe Kiss ? Et si on confiait le tout au réalisateur du Métro de la mort et de Réincarnations ? Que Dieu et le fantôme flétri de Ronald Reagan bénissent les montagnes de cocaïne colombiennes qui, à n’en pas douter, jouèrent un rôle crucial dans la mise en chantier de cette série B étrange, lunatique, poisseuse, violente et … tout bonnement indispensable !
Entre les 94 épisodes de western en noir et blanc qui firent de Steve « So Cool » McQueen une vedette du petit (puis du grand) écran et le quatrième long-métrage de Gary Sherman, la filiation est loin de sauter aux yeux. Bon, ok, le titre est le même, Rutger Hauer a les yeux bleus et il joue un chasseur de primes. Une courte ligne de dialogue sous la couette soutient que Josh Randall était bien son papy. Enfin, notre anti-héros à la crinière de fauve se balade avec un drôle de flingue qui rappelle l’iconique tromblon à canon scié de McQueen. Voilà pour la « ressemblance ».
Sur le papier, Mort ou vif ressemble davantage à une production Cannon dont Mémé et Yoyo aurait gracieusement cédé les droits à New World Pictures, maison de production fondée par Roger Corman et son frangin et principale bienfaitrice de la chose. Un héros cool et solitaire, macho mais pas trop (il a une petite amie qui vit sur un bateau, si ce n’est pas mignon tout plein) et qui vit dans un repaire secret façon Batcave mène la traque d’un méchant arabe pour le compte de ses anciens supérieurs pas très nets. Explosions, fusillades et coups de poings dans la gueule rythment le scénario jusqu’à un climax nocturne dans une usine où le bad guy sera expédié en enfer via une mise à mort punitive totalement gratuite. La routine du film d’action républicain prévisible, en somme. Mais le traitement imposé en loucedé par Gary Sherman fait petit à petit dérailler le produit de consommation courante vers une étrangeté qui peut rendre perplexe.
Los Angeles, 2 heures du matin
Qui a bien pu croire que Rutger Hauer pourrait se couler dans le moule du héros américain, distribuant les punchlines et les mandales et tirant plus vite que son ombre ? Révélé chez Verhoeven, l’acteur hollandais disparu il y a trois ans ne pouvait décemment jouer les cowboys comme Steve McQueen, Charles Bronson ou Chuck Norris, en fronçant les sourcils et en prenant la pose. Imposant, élégant et inquiétant, Hauer s’empare du rôle de Nick Randall sans jamais chercher à se rendre sympathique ou attachant. Randall parle peu, affiche un demi-sourire permanent qui le rendrait d’ailleurs presque antipathique, sinon mystérieux. Une performance lunaire, décalée. Et parfaitement exploitée par un réalisateur détestant le manichéisme de son époque.
Même s’il joue mal, Gene Simmons opère dans le même registre et débarrasse son Malak Al-Rahim de la moindre espèce d’émotion ou de revendication. Donner la mort est la seule raison d’être d’un terroriste qui, dans un gigantesque pied de nez à la cohérence et à la crédibilité, se montre peu soucieux de son anonymat et dont la seule malice est de commettre son premier attentat dans un cinéma diffusant … Rambo !
Pour avoir déjà exploré les bas-fonds crasseux du métro londonien, une cité balnéaire suintante comme les affectionnait Lovecraft ou les nuits dangereuses de la Californie du vice, Gary Sherman ne se prive pas de corrompre ce qui s’annonçait comme un western urbain en donnant à Los Angeles des allures de cité fantôme ayant perdu tous ses artifices. Malgré les notes d’harmonica (à l’ironie quasi-morbide) qui traverse la bande-son, Sherman ne verse ni dans la gaudriole, ni dans l’héroïsme bas du front mais dans une apathie nihiliste qui évoque autant Kinji Fukasaku que William Friedkin, la rage et la virtuosité en moins.
Avant de se brûler les ailes sur le tournage tragique de Poltergeist III, le cinéaste signait là un ultime coup d’éclat à la force tranquille, une péloche méchante et résignée, tournant le dos à sa note d’intention avec un certain dédain. La méchanceté de Mort ou vif ne s’expose pas en pleine lumière, elle se lit seulement entre les lignes. C’est ce qui fait toute sa beauté.
Image
Le vieux DVD tout moche et sans éclats peut partir à la poubelle. On retrouve ici le master du disque US de Kino Lorber issu d’une nouvelle restauration en 2K. Le grain est très présent sans abîmer la compression, ni les couleurs. La définition manque un peu de densité et de détails mais la fidélité à la photo sale et bleutée d’Alex Nepomniaschy est totale.
Son
La version française, un peu trop déséquilibrée en faveur des dialogues, ne vaut que pour son doublage un peu plus ordurier que la version originale. Cette dernière se révèle bien plus robuste par le biais d’une stéréo propre, old school.
Interactivité
Comme pour le reste de la Midnight Collection, il faudra se contenter d’une jaquette et d’une sérigraphie rendant hommage aux VHS d’antan et d’une simple bande-annonce. Dommage, l’édition US proposait des interviews passionnantes et un commentaire audio.
Liste des bonus
Bande-annonce.