MOONFALL
États-Unis, Chine, Royaume-Uni, Canada – 2022
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Science-fiction, Catastrophe
Réalisateur : Roland Emmerich
Acteurs : Halle Berry, Patrick Wilson, John Bradley, Charlie Plummer, Michael Pena, Donald Sutherland
Musique : Harald Kloser, Thomas Wanker
Durée : 130 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais et français Dolby Atmos
Sous-titres : Français
Éditeur : Metropolitan
Date de sortie : 09 juin 2022
LE PITCH
Une mystérieuse force a propulsé la Lune hors de son orbite et la précipite vers la Terre. L’impact aura lieu dans quelques semaines, impliquant l’anéantissement de toute vie sur notre planète. Jo Fowler, ancienne astronaute qui travaille pour la NASA, est convaincue de détenir la solution pour tous nous sauver, mais seules deux personnes la croient : un astronaute qu’elle a connu autrefois, Brian Harper, et un théoricien du complot, K.C. Houseman. Ces trois improbables héros vont tenter une mission impossible dans l’espace… et découvrir que notre Lune n’est pas ce que nous croyons.
Le grand crash
Amoureux d’un cinéma SF qui sent la naphtaline, entre sensationnalisme aveugle et patriotisme béat, Roland Emmerich n’a manifestement toujours pas fini de casser ses jouets et décide carrément de nous balancer la lune sur la tronche. Si au moins c’était drôle…
Grand spécialiste du film catastrophe planétaire et du gigantisme apocalyptique, Roland Emmerich aura presque entièrement charpenté sa carrière américaine par des visions de destructions terrestres orchestrées à coups de milliards balancés sur écrans géants. Déjà bien raz du sol dans les 90’s avec Independence Day et Godzilla, la formule mêlant visions rances d’un monde assujetti à la grandeur américaine et spectacle popcorn conçu par un enfant des 50’s, n’a fait que péricliter de films en films touchant le fond, qu’on croyait, avec un Indépendance Day : Resurgence qui aurait dû boucler la boucle. Que nenni, Emmerich et son camarade scénariste (bien grand mot) / compositeur Harald Kloser avaient encore un concept nawak à nous proposer : voilà-t-y pas que la lune dévie de son orbite et se rapproche dangereusement de notre planète. L’occasion bien entendu de donner à nouveau corps à des séquences de destructions massives, inondations géantes, raz de marée, pluies de météorites dans la nuit, tremblements de terre, dérèglements climatiques et même chaos gravitationnelles. De belles promesses orchestrées dans des environnements en images de synthèses aussi lisses que vides. Quelques rares jolies images persistent, dont cette Lune de plus en plus colossale sur l’horizon, mais désespérément vide, désincarnée de présence humaine et donc d’impact.
Walking on the moon
Un film catastrophe à distance qui oublie que l’implication pour le spectateur ne repose pas sur les grandiloquences mais bien sur le contraste des échelles : l’immuabilité de désastres naturels implacables venant détruire le confort de petits humains. Ces derniers sont le plus souvent absents du film, aussi terriblement mal écrits, caricaturaux (aaah la famille recomposée et l’ado rebelle…) que fadement interprétés, laissant des acteurs comme Halle Berry ou Patrick Wilson filtrer à chaque instant un ennui parfaitement communicatif. Un danger qui semble alors bien lointain, factice, sauf peut-être dans cette courte scène, seuls vrais décès du film, ou Michael Pena se sacrifie en donnant son respirateur à sa fille et la regardant s’éloigner dans la neige. Mais Emmerich préfère célébrer la pertinence d’un geek adepte des théories du complot (John Bradley vu dans Game of Thrones) détenant avant tout le monde la vérité et se retrouvant propulsé conseiller scientifique, puis cosmonaute et sauveur du monde. La suspension de crédibilité malmenée à l’extrême jusqu’à une révélation attendue qui transforme le film dans son dernier tiers en petit délire SF aux ambitions boursoufflées sur fond de révélations cachées sur les origines de l’humanité. Rien que ça.
Compilation de tous les travers connus du réalisateur, lardé d’auto-citations embarrassantes (2012, Le Jours d’après, Stargate…) et surtout divertissement mollasson ne proposant pas une idée qui n’ait pas été vu ailleurs en mieux, Moonfall n’est qu’une lente et laborieuse chute.
Image
Roland Emmerich voit toujours les choses en grand. Normal alors dans ses élans de gigantisme de capturer et produire le film au format 8K question d’en mettre plein la tronche. Achevé en 4K le film prend ses aises sur UHD déployant une définition imposante certes appréciable sur les textures, les visages et certains décors en dur, mais surtout on ne peut plus spectaculaire lors des nombreuses séquences spatiales. Les visions hors de notre atmosphère sont effectivement extrêmement précises et généreuses, déployant lumières et détails lointains avec une finesse étonnante. Cela n’empêchera pas certains effets spéciaux (flammes et vagues) et collages de paraitre un peu juste mais là, la copie y est pour rien.
Son
Considéré par certain comme l’un des meilleurs Dolby Atmos du marché, les pistes audios de Moonfall sont effectivement extrêmement spectaculaires, musclées et amples. Sans perdre de vue les dialogues et les effets terre-à-terre, ces dernières accompagnent chaque scène de destruction avec un dynamisme et un sens du détail impressionnant, faisant vrombir les murs et le sol, avant de s’embarquer pour un ballet cyclonique lorsque l’IA vient voleter autour de la petite navette terrienne. Fluide, coulant, dynamique et on ne peut plus enveloppant.
Interactivité
On s’attendait à une sortie un peu bazardée après l’échec du film en salle, pourtant celle-ci montre bien l’espoir de l’éditeur de se refaire en vidéo. D’entrée de jeu, le programme s’ouvre sur un très long et très complet making of de près d’une heure démarrant par les prémices du film, la première bande annonce pour attirer les investisseurs jusqu’au tournage complexifié par les zones confinées en plein Covid remplacées par de nombreux décors construits en dur. Si on n’échappe pas aux élans promotionnels et à la ferveur aveugle, le segment reste très intéressant et assez complet. On y ajoute tout de même un item consacré à l’ambiance sonore (musiques et effets), suivi par un documentaire retraçant quelques millénaires de croyances et de découvertes sur notre cher satellite avant de conclure par quelques fausses vidéos YouTube d’Houseman.
Liste des bonus
« Envers et contre tout » : coulisses en 3 parties (59’), « Les Sons de la Lune » (6’), Explorer la lune (26), « Le Dr. K.C. Houseman nous révèle la vérité ! » (8’).