MOONAGE DAYDREAM
Allemagne, États-Unis – 2022
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Documentaire, Musique
Réalisateur : Brett Morgen
Acteurs : David Bowie
Musique : David Bowie
Durée : 135 minutes
Image : 1.78
Son : Anglais Dolby Atmos, DTS HD Master Audio 5.1 et PCM 2.0
Sous-titres : Français, anglais, italien …
Éditeur : Universal
Date de sortie : 13 décembre 2023
LE PITCH
Moonage Daydream est une immersion dans l’art visuel et musical de David Bowie. Considéré comme l’un des plus grands artistes de notre époque, David Bowie influence la culture depuis plus de 50 ans. Moonage Daydream est le premier film à avoir bénéficié du soutien et de la complicité de la famille et des collaborateurs de Bowie, offrant au réalisateur, Brett Morgen, un accès inédit à leur collection.
Loving the alien
A l’heure où les biopics élégiaques se multiplient sur les écrans, l’expérience Moonage Daydream vient remettre l’art, et non l’artiste, au centre du dispositif. Un documentaire kaléidoscope, sensitif et intensément musical qui touche presque au sacrée, s’approchant au plus près de l’âme de l’œuvre de Bowie.
Quatre ans après sa disparition, sortait aux USA (deux ans plus tard chez nous) la tentative assez laborieuse de romancer la vie de David Jones et en particulier un premier voyage américain censé lui avoir inspiré l’univers de Ziggy, soit Stardust un biopic qui rappelle à lui seul à quel point l’automatisme de ce type d’exercice est tristement vain. La vie des artistes est souvent beaucoup moins intéressante et romanesque que leurs créations. Documentariste déjà plébiscité pour son film sur le producteur Robert Evans (The Kid Stays in the Picture) ou son portrait des plus intimes du leader de Nirvana avec Cobain : Montage of Heck, Brett Morgen refuse ici toute forme d’académisme et de distance informative. Plutôt que d’enchainer les faits, les interviews de proches ou les films familiaux à la chaine, il profite du soutien de la famille de l’artiste (des milliers d’heures d’archives, souvent inédites, à portée de main) et de certains des passages télévisuels les plus célèbres pour construire un portrait morcelé, juxtaposition organisée d’instants volés, de créations inattendues (peintures, sculptures, installations et performances vidéo) et bien entendu de certaines de ses plus belles créations musicales. Un film collage où s’additionne les sources et les univers, les inspirations et les temporalités dans un grand opéra rock tout à tour planant et électrisant.
Modern Love
Naturellement ce sont les performances sur scènes, des fast de l’époque Glam Rock à la gloire 80’s en passant par la période berlinoise, qui offrent les fondations parfaites au voyage, l’élan de partage indispensable avec les spectateurs, mais Brett Morgen n’hésite jamais à les contourner, à les bousculer, à les démultiplier et les superposer autant pour mettre en contrastes les styles et physiques changeants de Bowie, que leurs répétitions et leurs dialogues au cours des années. Habillé par des restaurations extrêmement poussées (ses lives n’ont jamais été aussi beaux), sublimés par de nouveaux mixages sonores supervisés par le producteur historique Tony Visconti, Moonage Daydream recrée le cosmos David Bowie, lui donne une rondeur, une profondeur et une raisonnante inédite que le réalisateur teinte de son propre point de vue sur l’artiste. Il souligne ainsi nettement ses périodes préférées (Let’s Dance ce n’est pas trop sa came) et s’engouffre totalement dans les voyages à travers le monde du globe trotter dandy, dans les évocations philosophiques et mystiques de son gourou, Major Tom passée de précurseur Rebel Rebel à grand créateur assagit et apaisé en quelques décennies et autant de courants musicaux. Une fascination qui semble parfois passer un peu à coté de l’humour décalé de son sujet, de sa timidité cachée derrière le voile du maquillage outrancier, mais qui en tout cas aboutie à une déclaration d’amour hypnotique, trip autant visuel que musical, oscillant entre le clip épique et l’ultime hommage. Les échos lointains de Blackstar dans les dernières minutes du film provoquent évidemment quelques frissons, mais Moonage Daydream s’achève comme il se doit sur un ultime shoot de rock’n’roll. « There’s a Starman waiting in the sky… »
Image
Mêlant images d’archives sur film ou sur vidéo avec des sources à plus ou moins hauts potentiels HD, séquences modernes, effets spéciaux et visuels divers, Moonage Daydream réussit pourtant à imposer une belle stabilité dans sa définition et son grain, tout en faisant éclater avec une sacrée générosité des teintes le plus souvent poussées dans leurs saturations. Si de petit décrochages de compression pouvaient assez logiquement apparaitre sur le disque Bluray, ils disparaissent totalement avec le support UHD qui assure une restitution native 4K plus pointue et puissamment généreuse dans sa colorimétrie encore. Splendide.
Son
Il y en aura pour tout le monde. Bien entendu le film est uniquement proposé en anglais mais avec le choix entre une stéréo PCM nette et sobre, délicatement disposée sur les avants, un DTS HD Master Audio 5.1 qui vient accompagner avec fluidité la dynamique et les superpositions constantes du mixage sonore, et un Dolby Atmos plus amples, rigoureux et généreux encore. Rarement le spectateur aura autant eu la sensation d’être au cœur des musiques de Bowie.
Interactivité
Une fois n’est pas coutume, après une première sortie bluray sans aucun bonus, il aura donc fallu attendre le steelbook 4K un an plus tard pour enfin découvrir des suppléments sur la galette UHD ! Ces derniers sont quasiment identiques à ceux du collector US de Criterion (seul le commentaire audio a disparu) avec un documentaire particulièrement passionnant sur tout le travail d’écriture du documentaire et les nombreuses réflexions et expérimentations autour du montage sonore. On y découvre tout le travail nécessaire pour recréer l’atmosphère audio très particulière du film, la restauration des sources et l’articulation organique de l’ensemble. Passionnant.
Plus classique, mais néanmoins très agréable et chaleureux, le segment enregistré lors d’une présentation du film au Chinese Theatre évoque assez rapidement la naissance du projet et les soucis de santé du réalisateur, mais se tourne assez rapidement sur l’aura et l’art de David Bowie.
L’ensemble s’achève sur un live inédit de « Rock’n’Roll with me enregistré en 1974.
Liste des bonus
« Un film à l’image de l’artiste », « Plus qu’un musicien » Le travail sur les archives, L’ambiance sonore du film : entretien avec Brett Morgen, Davi Giammarco et Paul Massey (« Moonage Soundscape », 2023, 27’), Questions-réponses au TCL Chinese Theatre (2022, 23’), Version live de « Rock’n’Roll with Me » (1974, 5’).