MONSTER MAN

Etats-Unis – 2003
Support : Bluray
Genre : Horreur, Comédie
Réalisateur : Michael Davis
Acteurs : Eric Jungmann, Justin Urich, Aimee Brooks, Michael Bailey Smith, Joe Goodrich, Tim Sitarz, Johnny Green, Steve Derelian…
Musique : John Coda
Durée : 92 minutes
Image : 1.78 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Éditeur : BQHL Editions
Date de sortie : 27 février 2025
LE PITCH
Des tonnes d’acier, des roues gigantesques, une puissance inégalée, les Monster Trucks sont de véritables monstres de l’asphalte. L’un d’eux hante la I-55, route oubliée de tous au fin fond des États-Unis. Deux étudiants croisent sa route pour leur plus grand malheur et découvrent que la I-55 est un aller simple pour l’horreur…
Fast and Bloody Furious
Le réalisateur américain Michael Davis s’est fait connaître au début des années 2000 avec deux Teen Movies aux succès d’estime, 100 Girls et American Sexy Girls. Difficile de prédire à l’époque qu’il embrayerait ensuite sur un film d’horreur comme Monster Man, même si chassez le naturel, il revient sur les chapeaux de roue !
Sorti en 2003, Monster Man est un Survival mâtiné de Slasher qui suit deux potes, sortes de pieds nickelés, qui prennent la route en voiture pour assister au mariage d’une copine. Ils embarquant au passage une auto-stoppeuse sexy, font de mauvaises rencontres et se retrouvent vite fait traqués par un mystérieux dégénéré à bord d’un Monster Truck, sorte d’imposant et menaçant colosse de ferraille, qui n’a qu’une idée en tête : les réduire en charpie. Sur ce canevas de film d’horreur lambda, Davis insuffle une série d’influences diverses et on ne peut plus variées mais immédiatement reconnaissables : Duel, Jeepers Creepers, Massacre à la tronçonneuse… s’entrecroisent au sein de ce Road Movie enrobé d’une bonne dose de gore pour assaisonner le tout. Globalement assez fauché, Monster Man ne révolutionne strictement rien, Davis connaît ses références, c’est déjà pas mal, et les recrache sans grande ambition autre que celle d’apporter sa pierre à l’édifice, et c’est assez louable. Là où Monster Man affiche une vraie singularité, c’est dans sa façon d’associer à cet univers horrifique un gros trait d’humour noir et bas de plafond très assumé. Et là, on ressent clairement l’influence et l’expérience du réalisateur scénariste dans le genre de la comédie du Teen Movie. Les deux personnages principaux s’envoient des vannes graveleuses et réagissent clairement comme deux héros, si ce n’est attardés, à minima complètement cons (l’un plus que l’autre, c’est sûr…). Trigger Warning : Monster Man s’avère très très bête dans ses dialogues, c’est évidemment voulu, comme une sorte d’exploration des limites de la vulgarité crasse, associée à une endurance sérieuse dans le domaine de la débilité profonde. Davis a la bonne idée d’assumer pleinement le caractère futilement bêta de ses personnages, en poussant à fond les potards des interactions bas du front, comme un Dumb & Dumber tartiné de barbaque. Entre le clone de Jack Black grande gueule qui provoque en permanence son acolyte, et le plus taiseux, qui plus est puceau, le cocktail s’approche de la formule du Buddy Movie, auquel s’ajoute l’auto-stoppeuse qui constitue un triangle amoureux vite fait bien fait, un nouveau fragment d’identité pour un film patchwork qui n’en manque déjà pas.
Plus c’est con, plus c’est bon
L’édifice de Monster Man s’avère pour le coup, relativement fragile, mais fort sympathique dans ses intentions, même s’il n’évite pas les sorties de routes… Il faut être dans un état d’esprit adéquat et prévenu pour apprécier ce que Monster Man propose, c’est une certitude, sous peine de le rejeter en bloc. D’autant que Davis n’hésite pas à faire pencher son délicat équilibre de comédie horrifique vers les blagues potaches plus qu’il n’en faut, laissant sur le bas-côté toute menace du boogey-man durant de longues scènes. Film mutant, Monster Man s’avère hyper sympathique puisqu’il ne ment jamais sur la marchandise. Au contraire, il finit par embrasser à bras le corps son statut d’œuvre horrifique dans un dernier tiers beaucoup plus marqué par les débordements d’hémoglobine, à la frontière du Body Horror, avec des corps écrabouillés, des thorax pulvérisés et autres décapitations bien dégueux. Le tueur en lui-même, longtemps dissimulé et suggéré, est affublé d’un physique plutôt convaincant. Certes, Michael Davis n’a pas le début du talent de mise en scène des auteurs de ses influences (ces champs-contrechamps paresseux dans la voiture), l’ensemble reste visuellement assez proche d’un téléfilm de série et certains choix esthétiques, des filtres maronnasses du plus mauvais effet, n’arrangent pas l’identité visuelle du film. Mais il transparaît de ce projet une véritable volonté d’assurer le spectacle, de livrer un film généreux, voire naïvement con, qui croule sous les clins d’œil au cinéma d’horreur (mais pas que : le dialogue cite explicitement Citizen Kane !), et qu’il faut accueillir avec un minimum d’effort, pour en apprécier le divertissement bien réel.
Image
Après des éditions DVD qui ne respectaient pas le format du film, on se retrouve ici enfin avec une image en 1.78 qui offre une vraie ampleur au film (voir les quelques plans larges et aériens). Point noir, les filtres de couleurs de mauvais goût apparaissent dans toute leur vulgarité. Cependant, difficile de bouder son plaisir devant la qualité du transfert proposé ici, avec une image granuleuse à la définition remarquable.
Son
Le volet sonore gagne lui aussi en ampleur avec un DTS Master Audio 5.1 qui envoie comme il faut lors des scènes de poursuite sur la route, au cours desquelles le Monster truck, vedette du film, pétarade à fond les ballons. Les graves du caisson de basse, particulièrement mis à contribution, créent une expérience sonore intense et puissante.
Interactivité
On se retrouve face à des suppléments typiques du début des années 2000. Notamment un making-of d’une vingtaine de minutes avec sa voix-off signature du genre, qui expose des images de plateau pendant le tournage, ainsi que des interventions du réalisateur et des comédiens. L’ensemble est très policé, avec un discours politiquement correct où tout le monde est merveilleux. Mais c’est une bonne manière d’être immergé dans l’ambiance visiblement rigolarde du tournage. Un court module présentant la conception et la fabrication de l’engin de la mort (inspiré d’un véhicule nazi!), ainsi qu’un bêtisier qui porte bien son nom sont associés, tout comme une présentation assez intéressante et exhaustive du film et de ses nombreuses influences par Vincent Nicolet, chroniqueur du site Culturopoing.
Liste des bonus
Présentation du film par le chroniqueur Vincent Nicolet (23′) ; Making of (20′) ; Le Monster Truk (3′) ; Bêtisier (4′).