MONSTER DOG
Leviatán – Italie, Espagne, Etats-Unis, Puerto Rico – 1984
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Claudio Fragasso
Acteurs : Alice Cooper, Victoria Vera, Carlos Santurio, Pepa Sarsa, Carole James, Emilio Linder…
Musique : Dicotomia, Grupo Dichotomy
Image : 1.66 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Durée : 84 minutes
Editeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 31 mars 2024
LE PITCH
Accompagné de sa fiancée, Sandra, et de deux couples d’amis, la star du rock Vince Raven se rend dans la demeure de ses défunts parents, située dans un lieu isolé en rase campagne, afin de tourner son dernier clip. Croisant sur leur route le shérif, celui-ci les met en garde : plusieurs personnes ont récemment perdu la vie, le corps déchiqueté. Un peu plus tard, le groupe renverse accidentellement un berger allemand, puis rencontre un vieillard proférant d’étranges menaces liées à une malédiction. Quand Vince et ses amis arrivent enfin à destination, c’est pour constater que Jos, le gardien de la maison, qui devait les accueillir, a disparu…
Le roi de la meute
Au milieu des années 80 le cinéma fantastique italien a du plomb dans l’aile… Un peu comme la carrière d’Alice Cooper. Ça tombe bien, quoi de mieux pour rebooster tout ça qu’un petit film rock et gothique de loup-garou perdu sur la lande espag… euh anglaise ?
Saint patron du shock rock et d’une esthétique macabre des plus théâtrales, Alice Cooper était en ce mitan des 80’s sans contrat, marqué par l’échec commercial de son album précédent et, il faut le dire, en perte d’inspiration (peut-être n’aurait-il dû pas arrêter l’alcool ?). Du coup, l’étrange proposition de participer à un film d’horreur italo-espagnol (essentiellement) ne lui parait pas saugrenue du tout, surtout que le bonhomme n’a jamais caché sa cinéphilie de genre et une envie profonde de faire l’acteur. Celui qui jouera les clodos flippants dans le Prince des ténèbres de Carpenter, s’embarque donc pour la vieille Europe devenant ainsi le véritable argument de vente d’une petite péloche qui n’en méritait pas tant. Un peu de prestige pour cette série B très étriquée qui peut dès lors mettre le nom de Cooper en gros sur l’affiche, et même se vanter de disposer de deux chansons inédites de l’artiste. La première Identity Crisis, jouant sur l’humour parodique habituel du chanteur, ouvre le métrage presque comme un simple clip métrage, ne partageant en définitive pas grand-chose avec celui-ci, là où See me in the mirror, placé au centre, joue plutôt la carte de l’intermède musicale mais dont l’atmosphère plus planante et inquiétante vient souligner les questionnements autour de la véritable identité de Vince Raven, protagoniste du film et double total d’Alice Cooper.
Hairy Rock
Ce dernier revient ici sur les terres de son enfance, pour découvrir des landes et une demeure hantée par une créature sauvage, véritable malédiction familiale qui avait déjà entrainé la mort de son père des années plus tôt. De quoi effectivement tendre vers le grand hommage au gothique à l’ancienne, voire de verser dans l’univers plus ironique et tape-à-l’œil du rockeur, mais Monster Dog est avant tout une toute petite production qui bataille pour constamment cacher la misère. Habitué de l’exercice Claudio Fragasso (Virus Cannibal, Troll II, Zombie IV…) noie le tout sous une lumière bleuté et des tonnes de fumigènes, fait longuement déambuler l’équipe du héros (tous assez crétins, tour à tour rigolards ou hystériques) dans un décor étriqué, disséminant laborieusement sa légende lycantropique et son whodunit. Une mise en place un peu laborieuse qui heureusement réserve tout de même une dernière partie un peu plus musclée avec une milice locale lâchée aux basques des musicos, une meute de chien affamées et un gros monstres un poil rigide, qui vont multiplier les victimes et les effets gores plutôt généreux. Forcément très influencé par les deux cult classics que sont Hurlements et Le Loup-garou de Londres sorties deux-trois ans avant, Monster Dog s’essaye bien entendu à sa propre séquence de transformation spectaculaire à grand coup d’élongations faciales et de poches d’airs qui gonflent mais le résultat n’est pas vraiment mémorable.
Connaissant une certaine carrière lors de son exploitation, parfois sous le titre de Leviatán, Monster Dog ne marquera pas les mémoires pour son éclatante réussite ou son impact sur la filmographie du loup-garou, mais peut s’avérer une amusante curiosité autant pour les amateurs de bisseries pauvrettes que pour les fanas d’Alice Cooper. Celui-ci évoquait le film ainsi : « Je ne voulais pas faire un film à gros budget. Si j’en faisait un, je voulais m’assurer qu’il soit sleezy. Je voulais qu’il soit vraiment fauché ». Pari réussi donc.
Image
Petite copie HD en 2016 chez Kino Lorber, le master que reprend ici Le Chat qui fume reste d’une qualité tout à fait satisfaisante. Pas de reprise à la source, mais ce qui ressemble à un bon boostage d’une source vidéo plus ancienne, mais propre. Du bluray de qualité à l’ancienne en somme qui en plus de proposer des cadres assez fermes et stables et des couleurs bien définies, assure aussi une définition maintenue jusque dans les plans les plus sombres. Pas mal du tout pour une production de ce type.
Son
La piste anglaise se montre tout aussi propre, sans perdition, plutôt directe mais doit tout de même composer avec une prise de son relativement aléatoire à l’origine avec des effets de distance ou de postsynchronisation très perceptibles. Heureusement les chansons de monsieur Alice Cooper raisonnent avec toute l’énergie attendue.
Interactivité
L’édition simple du Chat qui fume reprend le documentaire compilant les interviews de Claudio Fragasso (réalisateur), Rossella Drudi (coscénariste) et Roberto Bessi (producteur) qui reviennent sur cette coproduction européenne très improbable, à l’économie, aux effets spéciaux pas toujours aussi performants qu’ils l’auraient souhaité, mais malgré tout tourné dans une ambiance très détendue et amicale. La personnalité d’Alice Cooper, à priori réellement très cool, est louée, et chacun garde un très bon souvenir de l’expérience, excepté du final cut qui sera produit par l’équipe espagnole tranchant durement dans le montage initial. Un peu long mais très sympa à suivre, ce segment est suivi par un montage de scènes rallongées, de dialogues alternatifs et de petits bouts de gores supplémentaires qui ont été retrouvés, très abimées, sur le sol de la table de montage.
Liste des bonus
« Le Seigneur des chiens » avec Claudio Fragasso, Rossella Drudi et Roberto Bessi (43’), Scènes coupées (14’), Bande-annonce.