MONKEY MAN
Etats-Unis, Canada, Inde, Singapour – 2024
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Action
Réalisateur : Dev Patel
Acteurs : Dev Patel, Sharlto Copley, Pitobash, Vipin Sharma, Sikandar Kher, Adithi Kalkunte…
Musique : Jed Kurzel
Durée : 121 minutes
Image : 2.39 16/9
Son : Dolby Atmos Anglais et Allemand, Français DTS-HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français, Anglais, allemand …
Editeur : Universal Pictures Home Entertainment
Date de sortie : 28 août 2024
LE PITCH
Alors qu’il participe à des combats clandestins dans un bidonville en Inde, Kid met au point un plan pour se venger des responsables du meurtre de sa mère et de la destruction de son village, …
Le Vengeur masqué
Pour sa première réalisation, l’acteur Dev Patel accouche d’un authentique OFNI. Également auteur de l’histoire originale et acteur principal, la star britannique révélée par Slumdog Millionnaire fait dériver une histoire de vengeance somme toute très classique vers l’odyssée sanglante, spirituelle et foutraque d’un jeune homme en guerre contre les sbires d’un gourou à la tête d’un parti politique nationaliste et violent. Écrit et monté n’importe comment, mis en image dans un chaos permanent résultant d’un tournage pour le moins compliqué, Monkey Man ne rime à rien mais fascine parfois par ses sorties de route dignes d’un DTV bis des années 90.
Les inspirations et les ambitions de Monkey Man sont multiples. Fan d’Opération Dragon avec Bruce Lee depuis sa plus tendre enfance, Dev Patel rêve en secret d’un héros de la même stature projeté dans un univers à la Bollywood et conçoit alors l’image d’un combattant redoutable portant un masque de singe. Le personnage est posé mais il manque une histoire. Avec ses co-scénaristes Paul Angunawela et John Collee. Patel raccroche les wagons avec une variation sur la légende d’Hanuman (compagnon fidèle de la divinité Rama dans le Ramayana) qui se rapproche suspicieusement d’un autre mythe, celui de Prométhée. Ça, c’est pour la toile de fond spirituelle. Plus proche de nos soucis contemporains, le script fait émerger un bad guy au croisement d’un Donald Trump et d’un Narendra Modi (le premier ministre conservateur de l’Inde), soit un escroc nationaliste et psychopathe qui persécute les communautés transgenres, pratique l’expropriation par la force et s’assure que la population le plus pauvre reste sagement au plus bas de l’échelle tout en graissant la patte des riches. Et ça, c’est pour le message social et sociétal. Toutes ces belles intentions reposent sur une intrigue de film de vengeance à l’ancienne où un moins que rien qui subvient à ses besoins dans des combats de catch illégaux nourrit le projet de se venger du chef de la police (Sikandar Kher, meilleur acteur du film haut la main) qui a violé et tué sa maman sous ses yeux avant de brûler son cadavre, sa maison et tout le village. Du lourd.
Après avoir tenté d’accrocher Neill Blomkamp (District 9) à la mise en scène – d’où la présence de Sharlto Copley en roue libre dans un petit rôle de Monsieur Loyal – Dev Patel s’est résigné à mettre son histoire en image lui-même, s’engageant dans une production hell pas piqué des vers.
Monnaie de singe
Avec l’appui de Netflix et un budget de 10 millions en poche, Dev Patel essuie un premier revers de taille lorsque le tournage en Inde prévu pour début 2020 tombe à l’eau en raison d’une certaine pandémie de COVID-19. Plutôt que de jeter l’éponge, il improvise une délocalisation sur l’île de Batam en Indonésie et doit changer les deux tiers de son équipe technique au dernier moment. Obligé de tourner vite et aussi bien que possible, le réalisateur débutant se casse la main puis quelques doigts de pied dans des scènes de combat préparées à la va-vite. Le tournage (enfin) terminé, Netflix retire ses billes à la vue du premier montage, considérant le résultat comme plus ou moins invendable. Monkey Man est finalement sauvé des eaux par Jordan Peele qui, via sa société de production Monkey Paw et ses liens avec Universal, injecte un petit billet pour retourner quelques scènes et livrer un nouveau montage. Ce qui confirme que le réalisateur de Get Out est bel et bien un amateur de curiosités.
Noyé dans un ego-trip comme on en voit de moins en moins, Monkey Man souffre d’une première moitié pour le moins confuse où l’intrigue peine à émerger d’une pluie de cadres hasardeux et d’un montage frénétique. Il faut attendre une scène d’entraînement où le héros se retrouve aux mains d’une secte de moines ninjas transgenres (!) pour que se dégage enfin une ligne narrative claire, ou presque. Quelque part entre John Wick, Tueurs Nés, The Crow, Le jeu de la mort et The Raid, le climax multiplie les empoignades sanglantes jusqu’à une conclusion pour le moins nébuleuse. Vous l’aurez compris, Monkey Man multiplie les maladresses formelles et glisse sur toutes les peaux de bananes stylistiques qui se présentent à lui. Dev Patel aimerait bien nous faire croire qu’il est le digne héritier d’Oliver Stone et de Martin Scorsese mais il nous offre sans le vouloir un hommage à Albert Pyun et à tout un paquet de film bis avec Christophe Lambert. Violence mal élevée, personnages haut en couleurs et vulgaires, cabotinage à tous les étages et séquences pétées du casque comme une poursuite aux commandes d’un tuk-tuk pimpé comme dans un Fast & Furious (ou comme dans Taxi, à vous de voir) ou un entraînement où Dev Patel tape dans un sac de riz aux rythmes des percussions d’un vieux yogi et finit par tomber le haut pour le plaisir de toutes les femmes des alentours. Des éclairs de n’importe quoi foutrement jouissifs qui font parfois oublier l’amateurisme de la chose. Par les temps qui courent….
Image
Teintes ocres en pagaille, éclairages au néon, intérieurs enfumés et montage épileptique mettent à rude épreuve ce transfert 4K esthétiquement chargé mais toujours triomphant. Le rendu des textures, de la sueur et du sang est exceptionnel pour une expérience en ultra haute définition que l’on qualifiera volontiers de suffocante.
Son
Carton rouge pour une version française privée de Dolby Atmos (alors que le doublage allemand y a bien droit, lui) et qui doit de se contenter d’un « simple » DTS-HD en 5.1. La subtilité et la puissance sont dans le camp du mixage original avec des ambiances riches et enveloppantes et des déflagrations acoustiques qui cognent presque aussi fort que le héros en titre. La piste musicale est un peu à la traîne dans ce maelstrom d’effets en tous genres.
Interactivité
Malgré une atmosphère très orientée promo et tout à la gloire du réalisateur et acteur principal, le making-of et les featurettes qui l’accompagnent ne font pas mystère des difficultés rencontrées lors du tournage et de la post-production avec blessures et rustines artistiques en tous genres pour masquer des décors indonésiens pas toujours raccords avec l’Inde fantasmée du récit. Les nombreuses scènes coupées témoignent elle aussi d’un montage complexe et remanié à plusieurs reprises. On regrettera que l’ouverture alternative et son gardien d’orphelinat pédophile ait été écartée au profit d’une scène plus traditionnelle et un peu cucul. Assurant une fois encore avec passion le service après-vente de son bébé, Dev Patel monopolise le commentaire audio et paraphrase en continu l’intrigue de son film … ce qui n’est pas plus mal et qui permet de comprendre enfin ce qui se déroule sous nos yeux !
Liste des bonus
Ouverture alternative, Fin alternative, Scènes coupées ou alternatives, « A labor of love » – making-of (8′), « Monkey Man of Action » – les scènes d’action (8′), 3 »Fateful encounters » – le casting (7′), « Roots exposed » – les influences (3′), Commentaire audio de Dev Patel, les producteurs Jomon Thomas, Sam Sahni et Raghuvir Joshi (VOSTF).