MON VOISIN LE TUEUR
The Whole Nine Yards – Etats-Unis – 2000
Support : Bluray
Genre : Comédie
Réalisateur : Jonathan Lynn
Acteurs : Bruce Willis, Matthew Perry, Rosanna Arquette, Amanda Peet, Natasha Henstridge, Michael Clarke Duncan, Kevin Pollak…
Musique : Randy Edelman, Gary Gold
Durée : 99 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et Français DTS-HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Editeur : ESC Éditions
Date de sortie : 6 mars 2024
LE PITCH
Nicholas « Oz » Oseransky est un paisible dentiste de Montréal dont la vie a tourné au cauchemar. Endetté, coincé entre une épouse acariâtre, Sophie, et une belle-mère guère plus avenante, il est prêt à tout pour recouvrer la liberté. Oz manque de s’évanouir en découvrant que son nouveau voisin n’est autre que Jimmy Tudeski, dit Jimmy la Tulipe, l’ancien exécuteur du gang Gogolack, libéré pour avoir balancé son chef à la police. Sophie oblige son mari à aller dénoncer Tudeski à Janni Goglack. Celui-ci tient en otage la femme du tueur, dont Oz tombe amoureux.
Mafia Blues
Comédie conçue spécialement pour ses deux stars, Mon Voisin le tueur s’était fait une petite réputation de solide comédie américaine, à l’amorce des années 2000. Près de 25 ans plus tard, la formule a-t-elle toujours autant d’intérêt ?
On peut s’interroger sur les intentions qui ont mené à la mise en chantier du projet Mon Voisin le Tueur. A la fin des années 90, alors que Bruce Willis sort de quelques énormes succès (Sixième Sens, Armageddon) et cherche à diversifier son champs d’action, que Matthew Perry, star de la série Friends, peine quant à lui à conquérir le grand écran, les deux comédiens sont associés en têtes d’affiche pour cette comédie sensée jouer sur deux tableaux : surfer sur l’humour si particulier de l’interprète de Chandler Bing, tout en offrant un strapontin humoristique à l’éternelle incarnation de John McClane. Le registre de la comédie, Bruce Willis n’y était d’ailleurs pas étranger, lui qui s’était illustré à ses débuts dans la série Clair de Lune et qui a compté à de très nombreuses reprises des personnages souvent rigolards (McClane en tête). Pour diriger le projet, on se tourne vers Jonathan Lynn, réalisateur britannique (Cluedo, Mon Cousin Vinny) également comédien dans une ribambelle de productions télévisées anglaises. Ce qui surprend en premier lieu avec Mon Voisin le tueur, c’est le ton global développé par le film. Assez éloignée de l’idée de la comédie moderne jouant sur les mimiques de Matthew Perry, on se retrouve en fait dans une sorte de pastiche de film noir, qui réunit les grands archétypes du genre : la femme fatale, le truand et ses hommes de main, le tueur à gages, les machinations, etc. Ces tropes sont soigneusement disséminés dans le récit (le fait de déplacer l’histoire à Chicago n’est pas non plus anodin) et se retrouvent confrontés au personnage plus moderne interprété par Matthew Perry, totalement gauche et sans confiance en lui, transporté dans un univers qui n’est pas le sien. C’est sur ce décalage que le film joue assez brillamment dans un premier temps. Lynn s’approprie assez astucieusement les règles du film noir qu’il détourne, tout en les confrontant au comique de l’acteur de Friends, qui joue ni plus ni moins un décalque de Chandler au pays de la pègre. Face à lui, Willis reste assez sobre et visiblement ravi de jouer un personnage menaçant et ambigu.
C’est une femme libérée
Si tous les gags ne fonctionnent pas dans Mon Voisin le tueur, loin de là, force est de constater que la greffe film noir et comédie fonctionne assez bien, en dépit de scènes dialoguées qui s’étendent un peu trop et d’un rythme un peu trop brinquebalant pour le propre bien du film. Pourtant, le film trouve un panache assez imprévisible avec un rôle secondaire, en l’occurrence celui d’Amanda Peet. La comédienne apporte une véritable bouffées d’oxygène avec son personnage de femme libérée et sas aucune barrière, totalement en roue libre, elle éclate littéralement à l’écran et s’avère être le véritable atout numéro Un de Mon Voisin le tueur. La suite de sa carrière, en forme de chute libre reste une énigme (on sauvera Identity de James Mangold) … Si l’intrigue à base de machinations, de duperies croisées entre tous les personnages, finit par lasser par un trop plein d’enjeux, de retournements de situations, le côté sympathique de l’entreprise, son audace de ton et de genres, finissent par emporter le morceau. Le film se permet même de loucher abondamment vers Vertigo de Hitchcock, en forme d’hommage inattendu, en reprenant à son compte tenues et coiffures des personnages féminins ou ses décors (la scène du pont Golden Gate Bridge de San Francisco). Une audace supplémentaire qui apporte un peu de substance à ce qui apparaissait à l’origine comme une petite comédie moderne à base de quiproquos. Ça ne fait pas tout, mais c’est déjà pas mal. D’ailleurs, la suite réalisée par Howard Deutch, sortie en 2004, qui inverse les personnalités des personnages de Perry et Willis, vient démontrer que la formule nécessite un dosage (trop) précis pour fonctionner.
Image
Pour cette première édition HD en France du film, cette copie s’avère de bonne qualité, très propre et dotée d’une définition excellente. Si l’image traduit une gestion des lumières et des couleurs typiques des années 90 (pour le meilleur et pour le pire), on doit reconnaître que le rendu visuel s’appuie ici sur un transfert très convaincant, avec des couleurs appuyées et des contrastes bien marqués.
Son
Rien de tonitruant à l’horizon pour la bande-son, avec deux pistes en DTS HD Master audio 5.1. La version originale bénéficie d’une belle amplitude avec des dialogues clairs et un environnement sonore discret mais bien présent, laissant une belle place à la musique. La piste française n’est pas en reste et s’avère très correcte.
Interactivité
Rayon bonus, on a droit à une présentation du film par le journaliste Alex Masson. Celui-ci recontextualise le projet et évoque tour à tour les comédiens et la carrière du réalisateur, avant d’aborder la séquelle du film. C’est concis mais plutôt intéressant et très pertinent. C’est un peu moins le cas avec la série de très courts entretiens d’époque avec les acteurs et actrices qui sont tous emprunts de bonne humeur, mais relativement anecdotiques. On peut même clairement dire qu’on n’y apprend pas grand-chose. La bande-annonce du film complète la section d’interactivité.
Liste des bonus
Entretien autour du film avec Alex Masson (17’), Interviews avec l’équipe (10’). Bande-annonce.