MISSION ÉVASION
Hart’s War – Etats-Unis – 2002
Support : Bluray
Genre : Guerre, Thriller
Réalisateur : Gregory Hoblit
Acteurs : Bruce Willis, Colin Farrell, Terrence Howard, Cole Hauser, Linus Roache, Marvel Iures, Sam Worthington…
Musique : Rachel Portman
Image : 2.35 16/9
Son : DTS HD Master Audio 5.1 Anglais et français
Sous-titres : Français
Durée : 124 minutes
Editeur : BQHL Éditions
Date de sortie : 22 août 2024
LE PITCH
Durant la Seconde Guerre mondiale, le lieutenant Tommy Hart est arrêté par les Allemands et envoyé dans un camp de prisonniers. Le colonel William McNamara est chargé de surveiller les détenus américains. Une nuit, un soldat blanc, raciste de surcroît, est retrouvé assassiné. Un noir, Lincoln, a beau clamer son innocence, un témoin prétend l’avoir identifié. Tommy Hart, ancien étudiant en droit, est chargé de sa défense… Ce meurtre va donner au colonel McNamara l’occasion d’échafauder un plan audacieux…
C’est dans le titre
Projeté dans une Amérique peinant encore à se relever dans un monde post 11, Mission évasion fut vendu à grands renforts d’échos nationalistes, de drapeaux flottants et d’honneurs bafoués à reconquérir. Pourtant, projet de longue haleine en grande partie portée par Bruce Willis, ce film de guerre presque nostalgique ne fait pas vraiment dans la modernité, lui préférant un classicisme peut-être plus noble.
Parfois on se demande ce qu’il se passe dans la tête des distributeurs français et surtout des groupes de réflexion qui pondent les titres locaux. Ici donc Hart’s War, « la guerre de Hart » devient dans un petit tour de magie d’une débilité confondante Mission évasion, question de bien plomber le retournement de situation qui ne se dévoile normalement que dans les vingt dernières minutes, et qui pour le coup rabat véritablement les cartes des enjeux du film. Donc oui, il est bien ici question d’une évasion, hommage très marqué d’ailleurs au classique La Grande évasion de John Sturges, mais sa réalité ne se dévoile normalement que dans la dernière foulée du métrage. Hart’s War ne se veut cependant pas un petit film malin ou roublard, sorte de pendant martial de Usual’s Suspect, mais son scénario, écrit et récrit à de nombreuses mains, joue constamment sur le glissement d’un genre à un autre. Le film débute ainsi sur le portrait d’un jeune lieutenant, fils de bonne famille peu habitué à la ligne de front, qui tombe aux mains des Allemands. Prisonniers, subissant la question et la privation, avant d’être emmené dans un convoi, où écrasé au milieu des autres soldats comme lui dans un froid mortel, il subira même une attaque aérienne alliée spectaculaire. La perte de l’innocence et la confrontation à la réalité de la guerre qui se mue lors de son arrivée au stalag au quasi-huis clos, avec de petites tensions de film d’espionnage, jusqu’à l’arrivée de jeunes gradés noirs faisant bifurquer le récit vers une, légère, mise en parallèle de l’idéologie nazi et du racisme ancrée dans l’Amérique d’alors.
McNamara’s Heroes
Un programme déjà touffu qui va à nouveau se muer en film de procès lorsque l’un de ces hommes de couleurs est accusé d’un meurtre qu’il clame ne pas avoir commis. La bonne intelligence du film est justement de réussir à relier tous ces revirements et quelques incongruités disséminés, avec justement cette révélation d’un grand projet d’évasion en court depuis longtemps. Un cheminement loin d’être inintéressant qui brasse sans doute trop de sujets et de codes pour son bien, mais qui se laisse suivre avec un certain intérêt, bien porté il faut le dire par un casting assez solide avec en tête d’affiche un Bruce Willis très convaincant en colonel froid et intransigeant mais que l’on découvrira habité par la notion du sacrifice, et en vraie première ligne un Colin Farell alors en pleine ascension (Minority Report, Phone Game et La Recrue allaient sortir dans la foulée) plutôt juste dans son portrait d’un avocat amateur habité par son devoir. Des interprétations assez sobres, totalement en adéquation avec l’approche du réalisateur Gregory Hoblit, faiseur relativement solide remarqué sur les séries Furillo et New York Police Blues avant de prendre ses marques sur le grand écran avec les thrillers Peur Primale et Le témoin du mal et surtout leur pendant plus fantastique dans Fréquence interdite. Une fois encore, il ne fait pas vraiment d’étincelles dans sa mise en scène, mais livre au moins une copie appliquée, habitée par les grands classiques du film de guerre hollywoodien (avec les petits trémolos et les accents patriotiques prévisibles sur la dernière ligne), assurant alors un divertissement très convenable, et certainement bien plus que l’indifférence totale qu’il connu à sa sortie.
Image
Distribué pour la première fois en Bluray par la MGM en 2007, Mission Evasion souffrait alors des petits soucis de cette première génération HD ou la source vidéo DVD était directement upscallée à coups de filtres de toutes sorties et surtout d’un assez lourd edge enhancement. Malheureusement depuis aucun effort supplémentaire n’a pu véritablement être apporté au master et le transfert accuse donc le coup des années. L’ensemble est très propre bien entendu, les couleurs tiennent assez bien la route et les noirs se préservent une certaine intensité mais les contours légèrement brillants, les amorces d’artefacts et le bruit vidéo omniprésent ne sont pas du meilleur effet.
Son
Tiens, bonne nouvelle BQHL nous offre ici un vrai DTS HD Master Audio 5.1 autant pour la version originale que pour la version française. Aucun véritable reproche à faire, les sensations sont bien présente avec une dynamique relativement soutenue, une spatialisation bien menée et une clarté assurée. Cela permet de jouer autant sur les ambiances feutrées des cabanons ou de la salle de tribunal improvisée, mais aussi de déployer plus de coffre pour les scènes typiques du film de guerre dont un spectaculaire et dramatique bombardement d’un train chargé de prisonniers de guerre.
Interactivité
À la suite de l’insuccès du film en salle sans doute, celui-ci n’a jamais eu les honneurs d’un petit making of, commentaire audio ou toute autre forme d’interactivité, même aux USA. L’éditeur français fait donc appel à l’un de ses collaborateurs réguliers, Stéphane Moïssakis, pour revenir sur la gestation du film (avec un temps envisagé Alfonso Cuaron derrière la caméra), la présence importante de Bruce Willis dans la production, les liens avec l’histoire et les classiques du cinéma, mais aussi ses qualités et ses défauts. Carré et très informatif.
Liste des bonus
Présentation du film par le journaliste Stéphane Moïssakis (31’).