MISANTHROPE
États-Unis, Canada – 2023
Genre : Thriller
Réalisateur : Damiàn Szifrón
Acteurs : Shailene Woodley, Ben Mendelsohn, Jovan Adepo, Ralph Ineson…
Musique : Carter Burwell
Durée : 119 mn
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais et Français DTS-HD Master Audio 7.1
Sous-titres : Français
Éditeur : Metropolitan Video
Date de sortie : 03 octobre 2023
LE PITCH
Baltimore, nuit du nouvel an. Alors que les feux d’artifice explosent un peu partout, 29 personnes sont assassinées par les tirs d’un sniper. La police est vite sur les dents et parmi elle Eleanore Falco, une flic de la rue qui va vite devenir prépondérante dans la chasse au criminel.
La jeune fille et la mort
Quand il est question de thriller et de tueur en série, vient tout de suite en tête S7ven et ses centaines d’ersatz plus ou moins heureux. Et puis, de temps en temps, un film arrive sans mal à prendre ses distances avec cette encombrante comparaison. Misanthrope est de ceux-là. Avec ses choix artistiques et scénaristiques aux confins du chef d’œuvre de Fincher, le jeune Damiàn Szifrón tire sans mal son épingle du jeu.
Misanthrope commence avec une image inversée : les beaux quartiers de Baltimore, aux tours de verre se renvoyant leurs reflets et les couleurs de feux d’artifice jaillissant donc vers le bas. Un décalage que le réalisateur réutilisera lors d’une scène où son héroïne, à la recherche de calme et de sérénité fait des longueurs, immergée dans l’eau d’une piscine elle aussi inversée, comme s’il ne lui était plus possible d’atteindre la surface. Un malaise constant pour un personnage qui sera le point d’ancrage du film. De son incroyable scène d’ouverture, multipliant les points de vue qui donnent le vertige, jusqu’à sa conclusion presque filmée au ras du sol, sans fioritures. Une policière de la rue (Shailene Woodley, qui prouve une nouvelle fois son talent) dont la sensibilité et la compréhension des motivations du tueur, vont être rapidement remarquées par un agent du FBI (Ben Mendelsohn) qui va la prendre sous son aile. Leurs premières joutes verbales vont déterminer les tenants et les aboutissants du film : c’est l’humain bien plus que l’enquête qui intéressent Szifrón. Au spectateur de le suivre ou pas.
La Grande Depression
Car passé son intro (encore une fois parmi les plus spectaculaires de cette année) Misanthrope ne va plus s’attacher qu’à ses deux personnages principaux et à leurs échanges. Ce qui les rassemble, ce qui les différencie. Lui a une vie privée bien différente de l’image du flic inflexible qu’il donne (revenons d’ailleurs sur la ligne de dialogue sacrément bien vue qui permet d’en savoir plus sur lui), elle est brisée par un passé traumatique dont on ne saura jamais rien mais qui a forgé un esprit dépressif qui hurle silencieusement en permanence. Deux clés d’entrée qui vont ouvrir sur un thriller psychologique étonnamment anti-spectaculaire. Jusqu’à réduire la deuxième intervention du tueur, la transformation d’un centre commercial en véritable zone de guerre, en un flashback où tous les protagonistes ne sont plus que spectateurs alors qu’il aurait été tellement plus facile d’en faire une scène d’action by the book. Une facilité à laquelle Szifrón ne recourra jamais. Et bien que son personnage principal soit habité par le fantôme de Clarice Starling, ou que son Baltimore à feu et à sang puisse renvoyer au New York assiégé de John McClane, appuyé par un propos politique auquel McTiernan ne serait pas insensible, son film réussira à conserver une identité propre. Identité que viendra parfaire les partitions de Carter Burwell, via quelques notes au violon prenant la forme d’un motif entêtant.
Si Misanthrope n’est pas la claque attendue ni le thriller de l’année, il a au moins le bon goût de ne jamais vouloir coller aux basques de ses aînés, d’avancer selon ses propres codes et de finalement réussir là où bien d’autres se sont lamentablement ramassés. En soi, c’est déjà une réussite.
Image
Des contrastes saisissants, des couleurs chatoyantes, des effets de miroir et de reflets parfaits dans une scène d’introduction qui est l’exemple parfait d’une compression numérique réussie à tous les niveaux. Ensuite, dans les scènes plus intimistes, ce sont les détails des visages, des matières qui sautent aux yeux. Bref, du très bon boulot.
Son
Deux pistes DTS-HD 7.1 (en Anglais et en Français). Si la piste en Français est plutôt très correcte et respecte les nombreux effets enveloppants du métrage, celle en Anglais a le très grand mérite d’être encore plus chaude et de nous faire profiter de la voix éraillée, reconnaissable entre mille, de Ben Mendelsohn. Rien que pour ça…
Interactivité
Une galerie de photos de tournage, quelques vignettes du story-board et une bande annonce. Pas généreux.
Liste des bonus
Galerie de photos, Bandes-annonces.