MILLIE
Thoroughly Modern Millie – États-Unis – 1967
Support : Bluray & DVD
Genre : Comédie musicale
Réalisateur : George Roy Hill
Acteurs : Julie Andrews, James Fox, Mary Tyler Moore, Carol Channing, John Gavin, Pat Morita
Musique : Elmer Bernstein, André Previn
Image : 1.85
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 147 minutes
Éditeur : Éléphant Films
Date de sortie : 14 mars 2023
LE PITCH
Millie Dilmont, une jeune femme venant du Kansas, s’installe à New-York avec l’objectif de changer de vie. Elle trouve un travail de secrétaire et se met en tête de séduire son patron. Elle fait la rencontre d’une jeune comédienne avec laquelle elle se lie d’amitié. C’est finalement cette dernière qui obtient les faveurs du supérieur de Millie…
L’agréable inconsistance des sentiments
Pas forcément classé parmi les classiques de la comédie musicale aujourd’hui, et pourtant Millie fut l’un des gros succès de l’année 1967. Une nouvelle consécration pour Julie Andrews aux sommets depuis Mary Poppins et La Mélodie du bonheur, mais une première pour George Roy Hill futur auteur de Butch Cassidy et le Kid, L’Arnaque et Abattoir 5.
La seule et unique comédie musicale de sa carrière d’ailleurs, voulu par le producteur star Ross Hunter (indissociable de la grande époque de Douglas Sirk) comme un immense spectacle ultra populaire, rayonnant et simplement joyeux. Les deux se chamailleront sur la durée du film, sur les orchestrations d’Elmer Bernstein (trop subtiles pour l’un), sur l’ajout artificiel d’une longue introduction musicale et d’un intermède voulu pour souligner l’aspect « grand spectacle » de l’entreprise, mais il reste indéniable que malgré l’absence de « director’s cut » Millie porte belle et bien la patte de George Roy Hill. Outre une séquence d’avion (la marotte du réalisateur lui-même pilote) survoltée et très improbable, le film s’amuse à capturer comme dans L’Arnaque des années folles très idéalisées et se plait joyeusement à les confondre avec les apparats et les gimmicks du cinéma d’alors. Le dispositif rejoint ainsi les ouvertures et fermetures d’iris, offre aux personnages une énergie parfois presque hystérique, cherche les interprétations survoltées et excessives et s’engouffrent même à de nombreuses occasions dans de grandes séquences de slapstick… Jusqu’à rendre un hommage vibrant à l’une des plus grandes prouesses d’Harold Lloyd.
Esprits modernes
Profondément ludique, et surtout facétieux lorsqu’il détourne les cartons textes pour offrir l’opportunité à Millie de commenter plus ouvertement, avec des accents plus modernes, les situations qui s’offrent à elles. Un bon moyen de venir creuser une petite satire gentiment délurée de la libération féminine qui s’amuse, là encore, du parallèle possible entre les premières prises de consciences aux lendemains de la Première Guerre Mondiale et les revendications plus frontales des années 60. Amusante, et parfois pertinente, cette évocation est tout de même largement noyée dans le bric-à-brac du film qui croise de manière totalement décomplexée une vague trame policière autour d’un réseau de traite des blanches organisée par de vilains chinois (mais joués par une blanche et quelques japonais comme le futur Pat Murata de Karaté Kid), une comédie romantique aux airs de vaudeville et une succession de numéros musicaux survoltés, mélange de partitions inédites et de classiques des années 20 comme le délicieusement inconvenant « Do it Again ! » de Gershwin. Des passages parfois un peu gratuits comme ce spectaculaire mariage juifs, vifs et endiablés, dont on se pose encore des questions sur la pertinence, mais où explose systématiquement le talent scénique, la beauté vocale set les qualités de danseuses indéniables d’une Julie Andrews tout en espièglerie. Elle est d’ailleurs ici particulièrement bien accompagnée par l’icône de Broadway Carol Channing, détonante et totalement délurée.
Et si ce gai boxon peut parfois avoir quelques contours agaçants, donner une sensation d’excès pas toujours maitrisé, les morceaux de bravoures, les dialogues tout en second degré et en sous-entendus et les petites trouvailles s’enchainent dans une bonne humeur absolument communicative. Comme cet irrésistible ascenseur défectueux qui ne peut monter ou descendre qu’en effectuant un morceau de claquettes particulièrement éprouvant, devenant un running gag hilarant tout au long d’un spectacle décidément des plus réjouissants.
Image
Millie profite ici d’une toute nouvelle restauration effectuée en 2021 par Universal. Un nouveau Master 4K plutôt soignée offrant désormais des cadres excessivement propres, des couleurs rafraichies et pimpantes et une définition naturellement assez performante. Les détails sont bien soulignés, le petit grain de pellicule s’intègre harmonieusement à l’ensemble et seuls bien entendu la poignée de matte-painting et les effets optiques d’origines (split-screen, fermeture façon muet…) rattrapent le film avec des éléments plus flous et moins stables. Cela reste un joli petit coup de jeune en tout cas.
Son
Présenté à sa sortie en salle dans un format 70mm avec les fameuses six pistes sonores particulièrement rutilantes, Millie n’a cependant depuis été diffusé qu’avec son alternative 2.0. C’est encore le cas ici avec un DTS HD Master Audio qui lui apporte plus de netteté et de fermeté mais souligne aussi une dynamique toujours aussi absente et un mixage essentiellement central. Le doublage français, qui ne concerne que les dialogues et pas les chansons, semble encore plus plat, mais a au moins le mérite d’être plutôt bien interprété (charme de l’époque) et d’être accompagné de sous-titres sur les chansons, ce qui n’est pas toujours le cas sur les musical hollywoodiens.
Interactivité
Beau succès en son temps Millie est aujourd’hui carrément boudé par Universal qui le dispose aux éditeurs tiers et qui n’a même pas pris le soin de produire un beau documentaire rétrospectif. Reste donc à Elephant à proposer ses propres suppléments avec deux interventions de journalistes cinéphiles. Gilles Gressard (auteur de divers ouvrages sur le cinéma) délivre une présentation plutôt classique reprenant les filmographies des grands noms attachés au projet et accompagne le tout de petites anecdotes et de considérations sur les qualités du film. Journaliste au Monde et autour de l’incontournable livre d’entretien avec Brian de Palma, Samuel Blumenfeld aborde le sujet avec plus de passion et creuse les liens entre Millie et le cinéma de George Roy Hill, replace le film dans une dernière tentative de sursaut du grand Hollywood et évoque plutôt précisément les ingérences de la production. Très intéressant.
Liste des bonus
« Millie » par Samuel Blumenfeld (27’), « Autour de ‘Millie’ » par Gilles Gressard (22’), Bandes-annonces.