MILAGRO
The Milagro Beanfield War – Etats-Unis – 1988
Support : Bluray & DVD
Genre : Comédie dramatique
Réalisateur : Robert Redford
Acteurs : Rubén Blades, Richard Bradford, Sônia Braga, Julie Carmen, James Gammon, Melanie Griffith, John Heard, Christoper Walken
Musique : Dave Grusin
Durée : 118 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titre : Français
Éditeur : Rimini Editions
Date de sortie : 18 mai 2021
LE PITCH
Milagro, Nouveau-Mexique. Joe Montragon est un ouvrier agricole pauvre. Un jour, il décide d’irriguer le champ de son défunt père en détournant l’eau du chantier d’un parc de loisirs. Son geste va provoquer une série d’évènements qui vont vite devenir incontrôlables.
Pour une poignée de haricots
Acteur de légende et icône d’un cinéma américain encore empreint de belles valeurs, Robert Redford signait avec son second long métrage une fable adulte et moderne assez inattendue. Une chronique pastorale et écologique sur la révolte téméraire d’un petit village contre un grand chantier le vouant à sa disparition prochaine.
Dès son premier long métrage en tant que réalisateur, le poignant Des Gens comme les autres, Robert Redford a entamé une œuvre dont la simplicité, la modestie et l’humanisme contrastait avec la place de star à laquelle il avait été exposé. Une place avec laquelle il ne s’est d’ailleurs jamais vraiment senti à l’aise. Peut-être encore plus à distance avec ce qu’Hollywood pouvait attendre de lui, Milagro est l’adaptation d’un large roman de 600 pages signé John Nichols, multipliant les personnages, les anecdotes et les époques autour du dernier sursaut d’un petit village paumé du Nouveau-Mexique. Un projet de longue haleine, pas moins de dix ans de réflexions, dans laquelle le réalisateur fait clairement un pied-de-nez au système, s’échappant encore et toujours plus loin des thrillers politiques sur lequel on peut l’attendre, culminant même dans un recours étonnant de ses deux plus célèbres acteurs. On voit finalement assez peu Mélanie Griffith, qui incarne parfaitement la femme écervelée du riche propriétaire (blanc et texan cela va de soi), et le fabuleux Christopher Walken prend le rôle symbolique de la main armée venu de la ville, le mal donc, cowboy dangereux et jusqu’au-boutiste.
Mondragon des sources
Ces deux figures importantes semblent ainsi bien secondaires à côté du plaisir communicatif que prend Redford à suivre la petite vie de ce village endormi, et le réveil de ses habitants lassés d’être spoliés de leurs terres, de leur culture et de leur eau. Un coté film chorale où les moins célèbres (et latinos américains, mexicains et brésiliens, pour la plupart) comme Chick Vennera (Manipulation meurtrière), Rubén Blades (Predator 2), Sônia Braga (Le Baiser de la femme araignée…) ou Julie Carmen (L’Antre de la folie…), apportent une vraie fraîcheur et une crédibilité à ces personnages parfois hauts en couleurs, fiers, mais toujours extrêmement attachants. Une autre illustration du combat de David contre Goliath, ce dernier était ici autant les promoteurs que les politiciens véreux et plus généralement l’Amérique capitaliste (nous sommes en pleine ère Reagan), qui se teinte constamment d’une bonne humeur chaleureuse et colorée, d’un humour bon enfant et fantaisiste, voir même d’un soupçon de magie. Celle tout simplement de la culture de ces gens-là, mélange d’animisme et de christianisme, de saints pour toutes les causes et d’anges capables de discuter de la pluie, du beau temps et des évènements avec le patriarche du coin. Ne se prenant jamais au sérieux, Milagro ouvre la voie à un réalisme caressé d’un fantastique du quotidien, à une fable contemporaine où l’on célèbre autant les petites gens que les sublimes et puissants paysages qui les entoure. L’essai n’a rien d’un grand film, d’une date ou d’une œuvre frondeuse révolutionnaire, mais sa sincérité débordante en fait un moment particulièrement agréable.
Image
Le film aura mis un peu de temps à arriver sur format Bluray (2020 pour les USA), mais malheureusement le film n’a pas forcément le potentiel commercial pour une restauration coûteuse. Le transfert HD a donc été constitué à partir d’une source un peu datée, sans nouveau scan 2k ou 4K, et n’accédera jamais à la précision et à la définition espérée. Cela n’empêche pas l’expérience d’être très agréable avec tout de même des couleurs assez chaudes et des cadres très propres, le tout sans véritable soucis majeur.
Son
Proposées en DTS HD Master Audio 2.0 les pistes sonores délivrent une expérience des plus convaincantes, sans perdition, installant confortablement et clairement les dialogues, tout en laissant une belle place aux musiques de Dave Grusin (Les Goonies).
Interactivité
Encore une belle trouvaille signée Rimini qui a réussi à retrouver l’intégralité de la conférence de presse du film lors de de sa présentation à Cannes. Si l’image, vidéo, est bien entendu très fluctuante et saute parfois au noir et blanc, le documentant reste d’importance. Réunissant Robert Redford et ses actrices Sônia Braga et Melanie Griffith, cette rencontre avec les journalistes internationaux est l’occasion de rappeler que ces derniers sont loin d’être toujours des cinéphiles avertis, voir des interviewer d’une grande pertinence. Plutôt réticent à ce genre d’exercice Redford s’efforce de répondre le plus aimablement possible, non sans quelques bonnes notes d’ironies, mais délivre aussi quelques regards plus personnels sur le film, le cinéma et l’état du monde. Un gentleman qui n’en pense pas moins.
Liste des bonus
Conférence de presse à Cannes 1988 (45’).