MIAMI BLUES
États-Unis – 1990
Support : Bluray
Genre : Policier
Réalisateur : George Armitage
Acteurs : Fred Ward, Alec Baldwin, Jennifer Jason Leigh, Nora Dunn, Charles Napier
Musique : Gary Chang
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 97 minutes
Éditeur : MDC Films
Date de sortie : 06 septembre 2023
LE PITCH
Junior Frenger a des problèmes et le Sergent Hoke Moseley le sait. Junior, ex-taulard beau parleur, est à la limite du comportement psychotique. Moseley est le détective sur sa piste après que Junior ait tué un Krishna, volé un pickpocket, puis dérobé l’insigne, l’arme et même le dentier de Moseley ! Junior court dans les rues de Miami en se faisant passer pour un flic, agressant les gens et procédant à des arrestations. Et même s’il promet à Susie, une ancienne prostituée qu’il restera en dehors du crime, il continue à jouer au gendarme et au voleur des deux côtés de la loi.
Flic ou voyou
Longtemps distribué en France sous le titre opportuniste (et un peu con) Le Flic de Miami, Miami Blues est un curieux petit polar encore portée par la stylisation outrée des 80’s, mais qui tout en mélangeant allégrement les genres (thriller, comédie, romance…) dit adieux dans le même mouvement à une décennie de rêves brisés.
Le rapprochement français un peu abusée avec la mythique série Deux flics à Miami qui venait de s’achever après cinq ans de redéfinition esthétique de la télévision, du récit policier et de la ville qui l’accueilli, n’est cependant pas si exotique. Il y a forcément une filiation entre les deux œuvres, Miami Blues reposant inévitablement sur les cendres du premier. Mêmes décors clinquants et vaguement luxes recouverts de couleurs pastelles (dans un premier temps en tout cas) célébrés par la photographie lumineuse et racée de Tak Fujimoto (La Folle journée de Ferris Bueller, Dangereuse sous tous rapports…), même type d’atmosphère musicale électronique et pulsée signée Gary Chang (Paiement cash, Tango & Cash) et bien entendu même volonté de passer de l’autre coté de la barrière, de s’éloigner des rues touristiques et de l’idolâtrie de l’argent facile. Adapté d’un roman de Charles Willeford (Cockfighter) et s’avérant normalement une enquête du sergent Hoke Moseley, ici l’excellent Fred Ward (Tremors, Henry & June…), Miami Blues n’offre cependant pas vraiment la plus belle place au flic en question (astucieusement présenté comme vieillissant, aigri, fatigué et courant après son dentier), mais à l’objet de sa traque : Junior. Un criminel tête brulée, pratiquant le vol à la volée, la petite arnaque ou le meurtre opportuniste comme pour vivre sa vision du self made man. Sa trajectoire culmine d’ailleurs lorsqu’il réussit à mettre la main sur la plaque et le flingue du policier, se faisant passer à son tour pour un flic embusqué, stoppant les malfrats, sauvant les habitants, pour mieux les détrousser dans la foulée.
Tueurs nés
Un robin des bois qui garderait l’argent pour lui et qui surtout montre très régulièrement des signes d’une violence aveugle et froide. Alors jeune acteur en pleine ascension (il sortait d’à la poursuite d’Octobre Rouge), Alec Baldwin faisait un pas d’écart avec ses portraits de bellâtre à la mode pour délivrer une prestation beaucoup plus survoltée, excessive, mêlant à la fois une forme de naïveté enfantine et l’inquiétante étrangeté du sociopathe. Belle prestation pour un personnage charismatique qui va inévitablement séduire la charmante Jennifer Jason Leigh toujours parfaite en gamine paumée (ici très jeune prostituée) en quête de romance et d’une vie idéalisée digne des magazines. Un couple qui se rêve même un temps normal avant d’être rattrapé par les vieux démons, un déséquilibre constant et une ombre sombre qui ne les a jamais lâchés. Initiateur et producteur du projet, Fred Ward avait imaginé Jonathan Demme derrière la caméra. En pleine préparation de son Silence des agneaux, il préfèrera rester au poste de producteur, mais on reconnait forcément dans le constamment mélange, voir de superpositions, de tonalité des bribes de la personnalité de l’auteur de Dangereuse sous tous rapports ou Veuve, mais pas trop… Film d’amants criminels, film de traque, thriller psychologique, Miami Blues est autant parsemé d’explosions brèves mais sèches de violence (l’attaque du prêteur sur gage), que d’humour décalé (tout l’enquête autour de la mort du pauvre Hare Krishna), de détails absurdes (le fameux dentier perdu) et de longues discussion autour de recettes de cuisine.
Atypique, cool et mélancolique, mais peut-être aussi pas assez cohérent et fermement tenu Miami Blues reste le film le plus connu, et réussi, de George Armitage (Tueurs à gages, La Grande arnaque), artisan issu de l’école Roger Corman, et qui en profite ici pour faire quelques sympathiques appels du pied à ses débuts dans la série B avec les apparitions des trognes du prolifique Charles Napier et des anciennes icones Martine Beswick (Dr. Jeckyll et sister Hyde) et Shirley Stoller (Les Tueurs de la lune de miel). Les amateurs apprécieront.
Image
Sans être vraiment incroyable et d’une définition ultra-poussée, la copie de Miami Blues se révèle franchement jolie avec en particulier un traitement particulièrement vif et généreux des couleurs, des contrastes et une très belle tenue des noirs. Quelques restes de défauts pellicules persistent mais savent se faire discret tandis que le piqué, pas toujours égal cependant, délivre des matières bien dessinées et laissent affleurer un grain naturel. Clairement le mieux qui pouvait être fait sans en passer à un nouveau scan de pellicule.
Son
Aucun souci à signaler du coté des pistes DTS HD Master Audio 2.0 qui délivrent sans forcer des sources nettes, claires et équilibrées. La version originale se montre forcément plus dynamique et naturelle avec un accent plus prononcé sur les ambiances sonores et musicales.
Interactivité
Boitié amaray sobre avec fourreau tout aussi élégant, l’édition française de Miami Blues ne reprend malheureusement pas l’interview croisée d’Alec Baldwin et Jennifer Jason Leigh présente sur les deux éditions américaines.
L’éditeur français s’efforce cependant de proposer une approche plutôt complète avec une looongue rencontre avec le journaliste et Fathi Beddiar qui discute comme toujours de ses souvenirs cinéphiles, mais évoque aussi l’œuvre et le style du romancier Charles Willeford, le Miami des années 80 et le style et l’approche du film en présence ici. Toujours un peu autocentré mais des connaissances qui font autorités. Plus classique mais peut-être un peu plus efficace aussi, la présentation signée Amandine Lach (Sorociné) brosse plus précisément les particularismes du film, la trajectoires des personnages et l’étrange mélancolie qui s’en dégage.
Le tout est complété par la possibilité de revoir Miami Blues dans sa copie VHS recadrée et désuète et quelques photos et bandes annonces du film.
Liste des bonus
L’Histoire de Miami Blues racontée par Fathi Beddiar (60’), Anecdote de Fathi Beddiar sur Jonathan Demme (6’), « Le Blues de Miami » : Analyse d’Amandine Lach (15’), Miami Blues en VHS Vision (97), Galerie photos, Bandes-annonces.