MEMORY
Etats-Unis, Mexique, Chili – 2023
Support : Bluray
Genre : Drame
Réalisateur : Michel Franco
Acteurs : Jessica Chastain, Peter Sarsgaard, Brooke Timber, Merritt Wever, Jessica Harper, Josh Charles, Elsie Fisher …
Durée : 103 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais, Français DTS-HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Éditeur : Metropolitan Film & Video
Date de sortie : 11 octobre 2024
LE PITCH
Sylvia travaille dans un centre pour handicapés, fréquente les alcooliques anonymes et élève seule sa fille adolescente. Une vie cadrée, loin des ennuis, qu’une rencontre fortuite, lors d’une réunion d’anniversaire de son ancien lycée, va totalement bouleverser.
Le poids du passé
Depuis son premier film (Daniel y Ana, 2009), le Mexicain Michel Franco officie presque toujours dans la même catégorie ; un univers fait de drames intimistes aux répercussions psychologiques souvent irrémédiables pour ses personnages. Memory, son dernier film, est du même bois, un exercice délicat dont il est difficile de ressortir tout à fait indemne.
Sylvia (Jessica Chastain) a une vie bien réglée, entre un boulot social où elle passe son temps à prendre soin des autres, ses réunions aux alcooliques anonymes et ses soirées tranquilles avec sa fille, une ado bien dans sa peau qui aimerait passer un peu plus de temps avec ses ami(e)s. Mais sa mère l’en empêche, est intraitable sur sa tenue et surtout sur les soirées qu’elle pourrait passer avec des garçons. Tout ça gentiment, sans heurts, mais Sylvia est très claire. On sent derrière ses craintes de mère, légitimes, un malaise plus profond. Comme lorsqu’elle demande à la compagnie qui doit envoyer un réparateur pour son frigo d’avoir plutôt affaire à une femme. Comme lorsqu’elle verrouille inlassablement sa porte à double tour aussi. Elle sort peu, mais un soir, poussée par sa sœur, dans la famille de laquelle elle passe quelques temps, elle se rend à une réunion d’anciens du lycée. Elle finit par en partir vite, inquiétée par cet inconnu qui s’approche d’elle et la suit ensuite jusqu’à son appartement. Jusqu’à passer la nuit sous sa fenêtre, sous une pluie battante. Au petit matin, poussée par l’empathie, elle l’approche et s’empare de son portefeuille. Elle aprrend que le gars s’appelle Saul et qu’il est atteint d’une forme de démence qui l’empêche de se rappeler des évènements récents. Il oublie le pourquoi de ses décisions, se perd, agit de manière totalement erratique. Son frère, qui veille habituellement sur lui, va alors engager Sylvia pour s’occuper de lui.
Se souvenir des belles choses
La force et la réussite de Memory se situent pour beaucoup dans l’écriture de ses deux personnages principaux. Soit une femme qui fuit son passé et souhaite oublier ses traumatismes de tout son ètre, et un homme qui lui s’y accroche car c’est pratiquement tout ce qu’il lui reste. Un puissant antagonisme qui va tout d’abord prendre la forme d’un rejet violent avant que ne s’installe enfin, de part et d’autre, un climat de confiance qui progressivement, c’était écrit, va déboucher sur une complicité puis un véritable amour. La problématique du film n’est donc pas où il nous mène mais bien comment. Comment les deux personnages vont s’apprivoiser, lutter contre leurs démons en acceptant l’autre. Un exercice casse-gueule qui ne joue jamais la carte du mélodrame tire-larmes et s’appuie presque exclusivement sur le talent de ses deux comédiens, tous les deux parfaits. Presque exclusivement car Franco fait aussi quelques choix qui renforcent notablement la puissance du film. Comme celui de souvent filmer ses deux écorchés vifs avec distance, avec pudeur, comme pour mieux respecter leurs souffrances. Où de ne pas expliquer tel ou tel de leur comportement, mais laisser progressivement s’installer la compréhension de leur état psychologique.
Des choix intelligents et plutôt rares, qui tranchent avec le tout-venant du genre et permettent de dire de Michel Franco, récompensé à La Mostra de Venise et plusieurs fois à Cannes (dans la catégorie Un Certain Regard), qu’il fait indéniablement parti des réalisateurs au travail sérieux et sacrément précieux.
Image
Les teintes froides voire glacées du film trouvent un support parfait avec le numérique. Les noirs sont profonds, inquiétants, et forment avec les rares passages bruyants et colorés (la fête au lycée du début) un contraste saisissant.
Son
Le propos du film n’invite pas à l’explosion sonore, mais l’unique piste DTS-HD 5.1 sait donner toute sa puissance dans les rares passages nerveux aussi bien qu’une impressionnante démonstration d’intimisme quand il n’est question que de légers froissements et chuchotements.
Liste des bonus
Bandes annonces.