MELANCHOLIC & NOISE
メランコリック, Noise ノイズ – Japon – 2018/2017
Support : Bluray
Genre : Thriller, Drame
Réalisateur : Seiji Tanaka, Yusaku Matsumoto
Acteurs : Yoji Minagawa, Yoshitomo Isozaki, Mebuki Yoshida, Makoto Hada, Masanobu Yada, Yasuyuki Hamaya, Urara Anjo, Hiroshi Fuse, Suzu Hyuga, Sakura Kawasaki, Kentaro Kishi, Yuki Kitagawa…
Musique : Divers
Durée : 113 et 124 minutes
Image : 1.85 et 2.35 16/9
Son : Japonais DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Editeur : Spectrum Films
Date de sortie : 10 novembre 2023
LE PITCH
Melancholic : Kazuhiko, diplômé d’une université prestigieuse, s’ennuie jusqu’au moment où il accepte un emploi dans des bains publics. Il découvre que les bains sont utilisés comme espace pour tuer des gens après les heures de fermeture.
Noise : Huit ans se sont écoulés depuis le massacre d’Akihabara. Une pop star dont la mère a été tuée dans l’incident, une adolescente qui a quitté son domicile pour Akihabara, un livreur qui tourne sa colère sans direction vers la ville. C’est l’histoire de personnages qui s’efforcent de saisir le fil de l’espoir dans l’obscurité qui entoure la ville, l’incident et les gens.
Une jeunesse japonaise
Après le double programme Beyond the infinite two minutes et Extraneous Matter, l’éditeur Spectrum Films livre dans sa collection « Cinéma japonais indépendant contemporain », deux nouveaux films indépendants du cinéma asiatique : Melancholic et Noise.
Tourné en 2018, Melancholic est l’aboutissement d’un projet collectif porté par une troupe de théâtre, d’où émergent le réalisateur Seiji Tanaka et le comédien Yoji Minagawa, également coproducteur du film. On y suit Kazuhiko, un jeune étudiant diplômé, qui est engagé pour assurer l’entretien des bains publics. Le jeune homme ne tarde pas à découvrir que l’endroit sert également à exécuter des gens, et il se retrouve contraint de participer aux exactions qui y sont pratiquées… Sur ce postulat excitant à défaut d’être très original, le réalisateur parvient à passionner en décrivant le quotidien de ce jeune homme un peu débonnaire et clairement paumé, de ses réactions naïves face à des situations horribles, à sa rencontre avec une jeune cliente des bains et l’histoire d’amour qui en découle. Cette plongée dans un microcosme japonais est jubilatoire, voire drôle par moments, avec ces scènes de repas rituelles, cadrées toujours à l’identique, dans lesquelles les parents de Kazuhiko semblent plus inquiets par la qualité de ce qu’ils mangent que de l’activité de leur fils. L’association de Kazuhiko avec un autre jeune homme travaillant aux bains publics, plus déluré et qui s’avère moins naïf que son compère, fonctionne excellemment bien. Si les deux se retrouvent vite embarqués dans de sordides affaires de règlements de compte sanglants, au-delà de leur rôle de nettoyeurs de scènes de crime, ce sont finalement moins les aspects pûrement de thriller du film qui convainquent que tous les à côtés, les scènes d’intimités entre Kazuhiko (porté par la moue attendrissante de Yoji Minagawa) et sa compagne Yuri (irrésistible Mebuki Yoshida), les échanges et les doutes entre les personnages, qui dessinent en creux un portrait de la jeunesse japonaise. Filmé le plus souvent avec une caméra portée au plus près des personnages, sans pour autant négliger quelques beaux plans adroitement cadrés, Melancholic est un joli film, moins percutant par son argument de film de Yakuza (la conclusion de cet arc narratif reste peu convaincante) que touchant dans la façon qu’il a de capter l’émotion, les doutes et la mélancolie de ses personnages. Le film a d’ailleurs été remarqué et primé dans plusieurs festivals.
Traumatisme à Akihabara
Second film de ce double programme made in Spectrum, Noise de Yusaku Matsumoto, est une chronique japonaise centrée sur plusieurs personnages, tous liés de manière directe ou indirecte au massacre du quartier d’Akihabara survenu huit ans plus tôt, inspiré d’un véritable fait-divers qui a eu lieu le 8 juin 2008, faisant sept morts et dix blessés. On y suit une pop star dont la mère a été tuée dans la tuerie, une adolescente qui a quitté son domicile et un livreur vampirisé par une mère envahissante lui réclamant de l’argent continuellement, poussé à bout et prêt à reproduire le massacre. Autant de trajectoires et de portraits de jeunes gens cabossés, traumatisés, en proie aux mauvaises rencontres, asphyxiés par la pression sociale et livrés à eux-mêmes. Avec la description de ces destins croisés, le jeune réalisateur livre un drame psychologique âpre et tendu, ne cherchant jamais à embellir des aspects du quotidien de ses personnages tout comme il ne souhaite pas s’appesantir sur le drame en lui-même, mais en décortiquer les conséquences sur les individus. Le film regroupe en soit trois arcs narratifs qui auraient pu donner lieu à autant de récits distincts. Dans le foisonnement de ses intrigues parallèles, montées de manière non linéaire et dans un espace temps un peu nébuleux, Noise se perd quelque peu, trop touffu et par instants assez peu clair dans sa narration, il s’avère confus et au final, assez superficiel dans sa description d’une jeunesse japonaise ivre d’image, de notoriété et pourtant ancrée dans une certaine forme de misère sociale et mentale. L’évolution des personnages, qu’on imaginait porteuse de sens, n’est absolument pas signifiante. La mise en images de Yusaku Matsumoto, là aussi au plus près de ses personnages, apporte un côté immersif à l’ensemble, malgré une photographie assez inégale et par moment pas toujours très heureuse, notamment lors des scènes nocturnes.
Pétri de bonnes intentions, porté par des choix pertinents, Noise ne coche malheureusement pas toutes les cases qui auraient pu l’élever à l’état d’œuvre forte, émotionnellement puissante. S’il s’avère assez vain, le film pêche surtout par sa froideur qui peut laisser le spectateur sur le bas-côté…
Image
Tournés en numérique, les deux films ne proposent pas un résultat technique similaire. Melancholic s’appuie sur une image très belle, aux contrastes convaincants et à la définition remarquable. Du côté de Noise, le rendu est bien moins probant. Il plane sur l’ensemble du film comme un voile lumineux qui, s’il n’est pas gênant la plupart du temps, s’avère plus problématique lors des scènes de nuit, les noirs tournant ouvertement vers le grisâtre. Est-ce un problème de master ou un choix du réalisateur et du directeur de la photographie ? Difficile à dire. Le fait est que l’image séduit beaucoup moins que sur Melancholic, assez exemplaire sur ce point.
Son
De par leur statut d’œuvres indépendantes à petit budget, Melancholic et Noise ne prétendent pas proposer d’effets tonitruants. Les pistes sonores sont livrées ici en DTS HD Master Audio 5.1 et restent relativement chiches en effets. Pour autant, le rendu reste dans les deux cas très correct et raisonnable, avec des dialogues toujours clairs et un environnement vivant.
Interactivité
Pour Melancholic, Spectrum Films donne accès au court-métrage du même nom, réalisé par la même équipe. Sorte de coup d’essai amateur de ce que sera la film, il met en scène les mêmes personnages dans des situations similaires. L’ensemble ressemble réellement à un brouillon, une note d’intention inaboutie mais qui permet de noter la direction vers laquelle souhaitent se rendre les auteurs du film. En l’état, une vraie curiosité et un élément qui apporte un vrai plus au long-métrage. A cela s’ajoute un module d’une trentaine de minutes reprenant la captation d’une séance de questions/réponses entre les deux comédiens principaux et le réalisateur, face aux spectateurs d’une salle de cinéma lors de la sortie du film. Enfin, un making-of du tournage permet de constater ce que l’on pressentait, à savoir le caractère très confidentiel de l’équipe, réduite à son minimum, avec une ambiance visiblement très décontractée sur le plateau.
Concernant Noise, on a droit à une présentation du film par le réalisateur. Ce-dernier expose les motivations qui l’ont poussé à imaginer ce récit autour de l’attentat d’Akihabara. Un point de vue intéressant et un positionnement qui permet de mieux appréhender le film. Ce bonus est accompagné de teasers inédits et d’une bande-annonce.
Liste des bonus
Melancholic : Court-métrage, Making of, Q&A et bande-annonce.
Noise : Présentation du réalisateur, Teasers de travail et bande-annonce.