MÉANDRE
France – 2020
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Mathieu Turi
Acteurs : Gaïa Weiss, Peter Franzen, Romane Libert, Frédéric Franchitti, Corneliu Dragomirescu,
Musique : Frédéric Poirier…
Durée : 90 minutes
Image : 2.39 16/9
Son : Anglais & Français DTS-HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Éditeur : Blaq Out
Date de sortie : 8 septembre 2021
LE PITCH
Une jeune femme se réveille dans un tube rempli de pièges mortels. Pour ne pas mourir, elle devra constamment avancer…
Mater Dolorosa
Pour son deuxième long-métrage, le cannois Mathieu Turi mêle horreur et science-fiction dans un thriller conceptuel où les influences de Cube et de Gravity se revendiquent humblement. En résulte une série B handicapée par un scénario naïf et maladroit mais dont l’efficacité primaire relève néanmoins la barre.
Dans sa scène d’ouverture crépusculaire et tendue comme un arc, Méandre introduit ses principaux protagonistes tout en nous laissant présager d’un film très différent de ce qui va finalement suivre. Sur une route paumée, Lisa est prise en stop par Adam. Elle est une serveuse française expatriée, jeune femme dont le décès de sa petite-fille l’a plongé dans une tristesse infinie. Il est un veilleur de nuit solitaire et nihiliste à la curiosité inquiétante. Il est aussi un tueur psychopathe qui a bien l’intention d’ajouter la pauvre Lisa à son tableau de chasse macabre. S’ensuit une lutte entre Lisa et Adam. Cut brutal. Lisa se réveille dans une pièce cubique exiguë, seule et dans une tenue moulante vaguement futuriste. Desespoir, pleurs, cris à l’aide, … rien n’y fait. Une trappe s’ouvre et le périple de la jeune femme débute.
À dire vrai, l’idée qu’Adam puisse être derrière le calvaire de Lisa n’effleure jamais l’esprit du spectateur, la faute à un indice glissé pendant le générique d’ouverture et qui nous permet de griller le twist à venir en quelques secondes. (ATTENTION, SPOILERS!) Avec son extrait de bulletin d’infos à la radio évoquant la présence d’un OVNI dans les parages, la piste extra-terrestre devient alors une évidence. Évidence confirmée par le décor qui emprisonne l’héroïne. Oui, Lisa a bel et bien été enlevée par des aliens un tantinet sadique et on découvrira un peu plus loin qu’Adam partage son sort. (FIN DES SPOILERS). Le problème est que le scénario peine à donner une véritable logique à cette odyssée spatiale et claustrophobique, préférant privilégier le trauma archi-rebattue de Lisa, mère endeuillée courant littéralement après le fantôme de sa fille. Incapable de traiter sa caractérisation sous un angle un tant soit peu original, Turi pioche sans génie chez des confrères plus doués. Les apparitions de la petite fille ont ainsi déjà été vues dans The Descent de Neil Marshall, proche cousin de ce Méandre, et on a même droit à ce plan d’une Lisa recroquevillée en position fœtale, comme Sandra Bullock dans Gravity.
Continue ?
Ce que le cinéaste rate dans son écriture, il le réussit heureusement dans sa mise en image. Tirant parti d’une direction artistique épurée et crédible et d’effets spéciaux de maquillage remarquables signés Jean-Christope Spadaccini (Irréversible, Les Rivières Pourpres, Holy Motors, joli CV !), Mathieu Turi contourne avec savoir-faire les pièges tendus par son maigre budget et parvient à donner à chaque scène une couleur et une ambiance unique. Il se montre également très doué pour faire monter la tension et créer du suspense, préférant la rigueur du découpage et de cadres étudiés à l’esbrouffe et aux effets de style inutiles. S’appuyant sur les mécanismes du jeu vidéo, Turi fait avancer son héroïne au rythme de pièges simples (couloirs qui rétrécissent, bain d’acide, incinérateurs, lames tranchantes) mais autrement plus redoutables que les inventions alambiquées d’un certain Jigsaw dans la franchise Saw. On sent bien chez le cinéaste une authentique passion de gamer, notamment lorsque l’héroïne doit se protéger des flammes dans un petit espace s’ouvrant dans un couloir, lorsque ses blessures sont soignées miraculeusement par un crâne alien rattaché à une tentacule ou que cette dernière recommence son parcours en se servant de « cheat codes » tatoués à même sa chair et ressemblant étrangement aux symboles d’une manette Playstation.
On ne se quittera pas sans tirer notre chapeau à Gaia Weiss, impeccable et charismatique en jeune femme malmenée. Remarquée dans la série Vikings dans la peau de l’esclave guerrière faisant battre le cœur du fils de Ragnar Lothebrock, l’actrice et mannequin combine la physicalité d’une Sigourney Weaver avec la blondeur et le regard d’une Maria Bello. Face à cette grande dame en devenir, le finlandais Peter Franzen (Harald Finehair dans … Vikings!) à toutes les peines à s’imposer, peu aidé par un temps de présence à l’écran très réduit.
Depuis le début de la pandémie et par un heureux concours de circonstances, le cinéma de genre français semble s’être trouvé un second souffle et même un film imparfait comme Méandre est là pour prouver que nos auteurs sont clairement sur le bon chemin.
Image
La perfection, même en très basse lumière comme lors des scènes dans le véhicule d’Adam où lorsque Lisa doit traverser un couloir inondé. La définition est évidemment pointue mais c’est en termes de couleurs que ce bluray se distingue, en retranscrivant sans faillir les choix d’éclairages, tantôt évidents, tantôt discrets, qui permettent de marquer chaque étape du labyrinthe dans lequel Gaia Weiss joue sa survie.
Son
L’essentiel de l’angoisse générée par Méandre passe par le design sonore et des effets à la spatialisation démoniaque où chaque piège annonce sa venue par la mise en branle de rouages hors champ. D’où un mixage subtil et redoutable qui passe de l’intimisme au chaos en un claquement de doigt mais sans jamais perdre de sa lisibilité. Une vraie réussite qui se doit d’être apprécier en version originale.
Interactivité
Simplicité et efficacité. Un making-of brut de décoffrage dévoile les coulisses du projet et sa fabrication minimaliste. Mathieu Turi y révèle une personnalité calme et attentive, dirigeant comédiens et techniciens avec assurance et dans un gant de velours.
Liste des bonus
Making-of (22 minutes).