MEAN GIRLS, LOLITA MALGRÉ MOI
Mean Girls – Etats-Unis – 2024
Support : 4K UHD & Bluray
Genre : Comédie musicale
Réalisateur : Samantha Jayne et Arturo Perez Jr.
Acteurs : Angourie Rice, Renée Rapp, Auli’i Cravalho, Jaquel Spivey, Avantika, Bebe Wood, Tina Fey…
Musique : Jeff Richmond
Durée : 112 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Dolby Atmos et Audio Description Anglais, Dolby Digital 5.1 Français, Anglais, Italien, Allemand…
Sous-titres : Français, Anglais, Italien, Allemand, …
Editeur : Paramount Pictures France
Date de sortie : 22 mai 2024
LE PITCH
Scolarisée auprès de sa mère jusqu’à l’âge de seize ans, Cady Heron est finalement inscrite au lycée de North Shore. Naïve mais attachante, elle intègre la petite bande menée par Regina George, la fille la plus populaire de l’école et une peste redoutable…
Des filles très très méchantes
Pile poil vingt ans après le film de Mark Waters, les Mean Girls de Tina Fey reviennent sur grand écran, cette fois-ci sous la forme d’une comédie musicale luxueuse, acidulée et largement inoffensive. Bien sûr, on a connu des teen movies plus drôles et plus incisifs que cette grosse meringue inclusive mais la fraîcheur et l’énergie du casting et de la mise en scène rendent la chose suffisamment légère et divertissante pour éviter l’indigestion.
Essai « sociologique » (les guillemets ne sont pas là pour rien) et manuel de développement personnel à l’intention des adolescentes et de leurs parents, « Queen Bees & Wannabees » de Rosalind Wiseman est publié en mai 2002 aux États-Unis et connaît un retentissement quasi immédiat. Fascinée par cette analyse du phénomène de bandes et de castes qui déterminent et rythment la vie sociale des lycées américains, l’humoriste et scénariste Tina Fey, pilier du Saturday Night Live depuis 1997, en tire une fiction intitulée Mean Girls. Entre querelles amoureuses et vacheries en tous genres, Fey s’interroge sur la notion même de popularité. Acheté par Paramount, le script se concrétise en 2004 et réunit le réalisateur Mark Waters et l’actrice adolescente Lindsay Lohan dans la foulée du succès de Freaky Friday. Digne héritier des comédies de John Hughes, gros carton en salles devenu film culte au fil des ans, Mean Girls attire forcément les convoitises des producteurs qui se demandent comment exploiter le filon. Un jeu vidéo sur PC en 2009, une suite pour le petit écran en 2011, les tentatives sont discrètes et Paramount ne peut pas compter sur Lindsay Lohan dont la carrière, marquée par des scandales, est en chute libre.
Libérée de ses obligations vis-à-vis de NBC après la diffusion du dernier épisode de la série 30 Rock fin 2013, Tina Fey relance la machine Mean Girls en annonçant la mise en chantier d’une comédie musicale pour Broadway. La musique est laissée entre les mains de Jeff Richmond (le mari de Tina Fey et son compositeur sur 30 Rock) et la scénariste en profite pour mettre à jour sa création, greffant la révolution des réseaux sociaux à son intrigue. Une mise à jour cohérente mais néanmoins discrète. Sans surprises, le succès sur les planches entre 2017 et 2020 aboutit aujourd’hui à un nouveau long-métrage pour le cinéma, reboot en chansons pour les teen-agers de la Gen Z.
Seize bougies pour Cady
Sur le fond, Mean Girls cuvée 2024 ne change presque rien au propos original de Tina Fey. La recherche de la célébrité à tout prix se fait toujours aux détriments des autres, la dynamique des groupes relève d’un instinct primitif de domination et la bienveillance demeure la clé de l’épanouissement social. Le ton, lui, est bien moins mordant et la satire de la superficialité s’est apaisée, histoire de ne pas se mettre à dos un public plus susceptible que par le passé. Outre la mise en boite des réseaux sociaux comme caisse de résonance à double tranchant, Tina Fey insiste sur l’inclusivité et une représentation des sexualités sincèrement gay-friendly (mais sans le surligner au marqueur, avec un naturel bienvenu) et redéfinit la relation entre Regina George et Janis sur la base d’un malentendu à caractère homophobe. Même si elle marche sur des œufs, Tina Fey ne se renie pas et conserve l’essence de sa chronique adolescente.
Le passage à la comédie musicale se fait globalement sans heurts et vient se substituer à l’emploi de la voix-off de fort belle manière. Venus du vidéo-clip, les débutants Samantha Jayne et Arturo Perez Jr. enchaînent les tableaux enchantés avec un bel appétit de cinéma, jouant avec les couleurs et le format du cadre, cherchant à élargir par l’image et par le rythme les perspectives riquiqui de la génération TikTok et Instagram. Dommage que leur travail ne puisse s’affranchir d’une bande-son passe-partout et sans idées. Plaisantes sur le moment mais d’une banalité évidente, les mélodies de Jeff Richmond s’oublient aussitôt consommées et tirent le matériau vers le bas. Ne s’improvise pas Andrew Lloyd-Webber qui veut. Un constat encore aggravé par un nombre de morceaux musicaux trop élevé (14 chansons !) et qui tirent à la ligne.
Littéralement porté par le charisme assez dingue de Renée Rapp qui se réapproprie le personnage jadis façonné par Rachel McAdams, le casting de Mean Girls est la vraie belle surprise de ce remake/reboot. Angourie Rice apporte un supplément d’innocence à Cady et ne cherche jamais à singer Lindsay Lohan (laquelle se paie ici un petit caméo) et le duo Auli’i Cravalho / Jaquel Spivey fonctionne du feu de Dieu même si il est un peu sous-exploitée. Concluons par une mention spéciale à l’hilarante et follement sexy Avantika, bluffante en ravissante idiote.
Aussi opportuniste qu’il puisse être, ce nouveau Mean Girls fait pourtant honneur à son modèle et survit sans encombre à une toile de fond musical objectivement médiocre. Reçu avec mention.
Image
Logiquement rutilante, la copie ne ménage pas le format UHD et jongle en permanence avec les formats d’image, le grain, la définition et les couleurs. Quelques baisses de régime, avec une définition moins probante sur les scènes les plus pastels et les moins contrastées, empêche d’atteindre le nirvana audiovisuel espéré. Très solide et dans la très haute moyenne mais visiblement perfectible.
Son
Généreux, l’éditeur propose un large de choix de doublages en DTS-HD. Ces mixages n’ont malheureusement pas la carrure pour lutter avec une version originale en Dolby Atmos de très haute volée. La dynamique des dialogues et des ambiances est transcendée par une bande originale mixée avec une précision d’horloger Suisse. À lui seul, le traitement des basses, c’est du caviar pour les oreilles !
Interactivité
Une série de featurettes très très promotionnelles, un bêtisier à la sincérité discutable, une scène coupée alternative sans la moindre espèce d’intérêt, un clip et des karaokés. Très en surface et dédiée à la musique avant tout, l’interactivité brasse du vent et souffre de la comparaison avec le collector consacré au film original. On ne s’attendait pas forcément à des révélations fracassantes, mais on était en droit d’exiger un service après-vente moins faiblard. On sauvera tout juste le clip sexy animé par Renée Rapp et Megan Thee Stallion, ersatz plaisant des saillies pop acidulées de Lady Gaga et Beyoncé.
Liste des bonus
A New Age Of Mean Girls, Song and Dance, The New Plastics, Scène rallongée « I’m having a small get together at my house », Bêtisier, « Not My Fault »clip de Megan Thee Stallion et Renée Rapp, Mean Girls Sing-Along avec chansons sélectionnées (VO).