MAYDAY
Plane – Royaume-Uni, États-Unis – 2023
Support : UHD 4K & Blu-ray
Genre : Action
Réalisateur : Jean-François Richet
Acteurs : Gerard Butler, Mike Colter, Daniella Pineda, Tony Goldwyn, Lilly Krug, Evan Dane Taylor, …
Musique : Marco Beltrami, Marcus Trumpp
Durée : 107 minutes
Image : 2.39 16/9
Son : Français & Anglais DTS-HD Master Audio 7.1
Sous-titres : Français
Éditeur : Metropolitan Video
Date de sortie : 25 mai 2023
LE PITCH
Frappé par la foudre, un avion de ligne est forcé d’atterrir sur une petite île de l’archipel des Philippines où sévit une milice rebelle. Pour protéger les passagers, le capitaine et pilote Brodie Torrance va devoir compter sur l’aide de Louis Gaspare, un prisonnier qu’il rapatriait à bord de son appareil et dont l’expérience dans la Légion Étrangère pourrait lui être utile …
État des lieux
Le réalisateur Jean-François Richet poursuit sa carrière à l’étranger en se retrouvant au commande d’une série B d’action mené par le toujours fringant Gerard Butler. Sensiblement au dessus de la moyenne, Mayday mélange avec un certain bonheur le film catastrophe, le survival tropical qui fait transpirer et le film de guerre façon John Rambo.
Comme il l’explique en toute franchise dans un entretien exclusif inclus dans les suppléments de ce blu-ray, Jean-François Richet n’est plus tout à fait le même cinéaste qu’à ses débuts. Difficile, en effet, de reconnaître dans Mayday le cinéaste qui signait avec État des lieux et Ma 6-T va crack-er au milieu des années 90 un diptyque incendiaire sur la banlieue française. Si les anti-héros qui évoluent devant sa caméra (le Marlon Bishop d’Assaut sur le Central 13, le Jacques Mesrine de L’Instinct de mort et de L’Ennemi public n°1, le John Link campé par Mel Gibson dans Blood Father ou le Vidocq de L’Empereur de Paris) depuis plus de vingt ans personnifient encore et toujours le refus de se plier sans montrer les dents aux règles d’une société injuste et corrompue, le plaisir simple de raconter avec le maximum d’efficacité et de réalisme une bonne histoire l’emporte aujourd’hui très largement sur la colère d’un jeune artiste qui appelait jadis à l’insurrection et à la révolution marxiste.
Remplaçant au pied levé le réalisateur Christan Gudegast (Criminal Squad) initialement attaché au projet jusqu’au début de la pré-production, Richet n’apporte donc à Mayday que son savoir-faire et son talent pour croquer en quelques secondes des personnages instantanément crédibles et rien de plus. Ou presque. S’il est l’un des points essentiels de l’intrigue, le fugitif Leon Gaspare (Mike Colter, le Luke Cage de la série Marvel) apparaît pourtant le plus en souvent en retrait en dépit de sa silhouette massive. Il parle peu, joue son rôle et s’esquive avant la fin, disparaissant dans la jungle avec un sac rempli de dollars volé à des mercenaires. Une façon pour Jean-François Richet de commenter sa participation à un film dont il n’est qu’un rouage parmi d’autres ? C’est fort possible.
Capitaine Baston
L’attraction principale de Mayday, c’est bien évidemment Gerard Butler qui, à 53 ans, ne semble pas prêt de raccrocher ses gants d’action hero nourri au whisky single malt et au haggis. Fort heureusement, notre bon vieux Gerry interprète ici un commandant de bord plus proche du papa poule un peu dépassé par les événements du très honorable Greenland que du super agent secret Mike Banning qui mitraille du terroriste vicelard par paquets de vingt dans la trilogie Has Fallen en enchaînant les punchlines à même de faire bander l’électorat de Donald Trump. Fier de son héritage écossais, veuf et père comblé d’une lolita qui révise ses partiels de fac à Hawaï, heureux comme un gosse de piloter des gros avions au-dessus du Pacifique, le capitaine Brodie Torrance (Gerry a toujours eu un goût très sûr concernant les patronymes des personnages qu’il choisit) rechigne à faire parler la poudre, serre les mâchoires pour faire taire la douleur et s’abstient de faire le kéké lorsqu’on lui colle une mitrailleuse entre les mains. Et c’est tout juste s’il esquisse un sourire de satisfaction lorsqu’il envoie ad patres le grand méchant de l’histoire en lui roulant dessus violemment avec le train d’atterrissage de son avion.
Combinant deux faits divers bien réels (une prise d’otage en avril 2000 et le crash meurtrier d’un avion militaire en 2021), le scénario de Charles Cummings et JP Davis pose ses valises sur l’île de Jolo dans les Philippines mais évite de donner une identité quelconque à la milice qui fait régner la terreur dans les environs. Une façon comme une autre de justifier sans arrière pensée le démasticage en règle d’une menace constituée par une bande d’arriérés qui décapitent ou rançonnent (ou les deux) tous les pauvres étrangers qui ont le malheur de tomber entre leurs mains. En recourant aux plus élémentaires des clichés du film d’action, Mayday s’inscrit sans broncher dans une formule avare en surprises mais où la tension ne retombe heureusement jamais et dont l’entrée en matière empruntant au cinéma catastrophe se révèle on ne peut plus efficace. Parfois, il en faut effectivement peu pour être heureux.
Image
Mayday fait honneur au format 4K en proposant une copie lumineuse, contrastée et à la compression aussi solide qu’un char d’assaut. Les gros plans sur le visage de Gerry Butler permettent d’admirer toutes les gouttes de sueur et chacun de ses poils de barbe de trois jours. La lisibilité lors de l’accident aérien qui se déroule de nuit et en plein orage est admirable.
Son
On n’avait jamais ressenti à ce point le caractère exigu et claustrophobique d’un cockpit d’avion de ligne et la précision et la qualité du mixage en 7.1 n’y est pas pour rien. Si les scènes de guerre en pleine jungle offrent un spectacle redoutable mais convenu, les vingt premières minutes de Mayday se distinguent par une expérience acoustique au réalisme inédit et renversant.
Interactivité
L’essentiel du discours promotionnel de l’interactivité est concentré dans une featurette de 13 minutes à la gloire de Gerry Butler, star du film et producteur exécutif. Entre chaque concert de louanges, on peut admirer l’acteur écossais distribuant des bouteilles d’eau à l’équipe de tournage, prendre des selfies sans se lasser avec des actrices ou plaisanter en coulisses. Bref, Gerard est génial, Gerard est beau, Gerard est un bosseur, Gerard est généreux. Votez Gerard !
Le making-of d’une vingtaine de minutes, accompagné d’une featurette pas inintéressante sur le rôle des costumes dans un film d’action contemporain, se révèle riche en images de tournages et insiste davantage sur des conditions météo éprouvantes (vive la chaleur de la jungle au mois d’août!) que sur la pré-production chaotique du film, abandonné puis racheté par Lionsgate.
On vous en parle déjà en ouverture de cette critique mais on insiste une fois encore sur la qualité de l’entretien inédit avec Jean-François Richet qui nous est ici proposé. Sur près de 25 minutes, le cinéaste français revient sur son parcours et sur sa conception de la mise en scène où la préparation et le réalisme de ses personnages sont au cœur de ses méthodes de travail. Une masterclass humble et très argumentée mais plutôt brève et que l’on aurait aimé voir se poursuivre davantage.
Liste des bonus
Entretien avec Jean-François Richet / Making-of « Zone de turbulences » / « Ici, votre commandant », le tournage avec Gerard Butler / « Vêtements, intuition et psychologie », les costumes du film / Bande-annonce.