MAXXXINE
Etats-Unis – 2024
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Ti West
Acteurs : Mia Goth, Elizabeth Debicki, Lily Collins, Moses Sumney, Michelle Monaghan, Bobby Cannavale, Halsey, Giancarlo Esposito, Kevin Bacon…
Musique : Tyler Bates
Image : 2.39 16/9
Son : Anglais Dolby Atmos et allemand, Dolby Digital Plus 7.1 français, italien et espagnol.
Sous-titres : Français, anglais, allemand, italien…
Durée : 103 minutes
Editeur : Universal Pictures Home Entertainment
Date de sortie : 11 décembre 2024
LE PITCH
Années 80. Maxxxine Minx se retrouve plongée dans l’ambiance néon fluo d’un Los Angeles tout droit sorti d’un film de vidéoclub. Après une incursion dans le cinéma pour adultes, elle tente de percer à Hollywood. Mais c’est sans compter sur un passé traumatique qui refait surface, et l’ombre d’un tueur en série qui multiplie les meurtres autour d’elle…
Body of Evidence
Après X et Pearl, Ti West et Mia Goth font mine (pour un temps) de conclure leur trilogie « hollywoodienne » avec le percutant MaXXXine, ultime voyage dans les coulisses du cinéma d’exploitation et les tréfonds scabreux de l’Amérique. Et quel meilleur décor que le Los Angeles des années 80 ?
Une période surexploitée depuis quelques années, fantasmée, devenue un cliché en elle-même à force d’hommages et de retours nostalgiques embarrassants, mais qui cependant ici ne va jamais chercher la caricature. Une substantielle moelle qui en termes de décors se réduirait aux longs couloirs des décors de cinéma, à un vidéoclub, une boite de nuit et aux ruelles parallèles. Celles où Maxine va croiser un agresseur déguise en Buster Keaton dont le couteau à cran d’arrêt ne fera pas long feu face au lourd pistolet de la jeune femme. Certainement plus une victime, mais une maitresse de son destin plus que jamais prête à tout pour s’emparer du rêve de gloire sur grand écran et passer du milieu peu reluisant du cinéma X, quelle ne renie jamais dans le film, à celui du cinéma d’horreur. Quelques jours qui peuvent changer sa vie, pour peu qu’elle échappe à un serial killer qui trucide ses copines et les marquent du sceau de Satan et à un privé visqueux formidablement interprété par Kevin Bacon. Dans MaXXXine la réalité du film ne cesse de se mélanger avec les échos des deux opus précédents (les miroirs, l’audition, les flashbacks…) tout autant qu’avec des références liées à la construction même des films et leurs coulisses (la scène du masque en latex qui renvoie au double rôle de X, la personnalité de Maxine qui serait calquée sur celle de Mia Goth, le discours sur les qualités artistiques du cinéma de genre…).Vaste programme, n’hésitant en outre jamais à rendre hommage aux pères, comme Polanski (Chinatown et Rosemary’s Baby), Tobe Hooper (toujours), ou Alfred Hitchcock et son Psychose, dont la maison et le décor du motel servent de cadre à un discours parallèle sur la réussite et une réminiscence du cauchemar initial.
Les jours et les nuits de Maxine Minx
De prime abord avec son enquête policière façon vieux thriller basique, ses accents de slasher baignés dans le giallo argentesques et ses louvoiements lyriques et ses plitscreen à la De Palma, MaXXXine pourrait être un film assez simple, psycho-thriller à l’ancienne, hommage docile à l’ancienne école tout juste rehaussé de quelques effets outrageusement gores (mais plus rares que sur les deux autres). Il n’en est rien. Après l’esthétique granuleuse de la pellicule crasseuse dans X, le Technicolor éclatant mais vicié des débuts du rêve hollywoodien dans Pearl, place à l’ascension de l’esthétique vidéo, clinquante et presque vulgaire, venant comprimer en un seul lieu l’ultra marchandisation de la figure féminine (actrice ou pute c’est kifkif) avec le puritanisme maladif de cohortes d’illuminés religieux refusant, encore et toujours, à ces dernières la légitimité de leurs choix. Dans ce coupe-gorge professionnel et personnel, Maxine / Mia Goth tire encore et toujours son épingle du jeu, créature au regard franc mais désenchanté, visage à la fois presque poupon et définitivement inquiétant, grâce des plus désirable mariée à la sauvagerie de la survivante, fascinante incarnation d’un rêve de gloire aux airs d’émancipation définitive.
Une nouvelle déclaration d’amour à un certain cinéma, la troisième pièce dans un fascinant portait de femme(s) et surtout un neo-giallo aussi délicieusement absurde et référentiel qui démontre une nouvelle fois la maitrise d’un cinéaste trop longtemps relégué à quelques productions télévisées après ses premiers coups d’éclats qu’étaient The House of the Devil et Cabin Fever 2. La revanche de MaXXXine se tient peut-être aussi là.
Image
Pas si évident que cela à retranscrire sur format HD, MaXXXine est marqué par une volonté de reproduire toutes les anfractuosités, les matières et le grain imposant d’un 16mm avec quelques flous plus proches de la vidéo. Tourné intégralement en numérique, mais avec un rendu volontairement sale, organique et mouvant, le film est idéalement rendu sur le Bluray en présence, jouant habilement des différentes textures, des teintes légèrement baveuses, des noirs creusés et les néons aveuglants, pour retrouver cette atmosphère « exploitation » très particulière. Le piqué n’en est pas moins ultra précis et les contrastes toujours maintenus, le tout soutenu par une compression aux petits oignons.
Son
Pas forcément des plus marquantes dans son doublage, la version française est ici proposée dans un Dolby Digital Plus 7.1 tout à fait ample et efficace. Mais il est naturellement un cran en dessous de la performance du Dolby Atmos de la version originale. Entre les références sonores de Tyler Bates, les « Huhuha » de Frankie goes to Hollywood, l’atmosphère à couper au couteau et le grain de voix très particulier de Mia Goth, la dynamique constante du dispositif et surtout son naturel outré font des merveilles. Tout est clair, net, équilibré et bien tranchant.
Interactivité
Pas d’édition 4K pour MaXXXine en France. Pas de bonus non plus. Pourtant l’édition US propose trois petites featurettes et un long Q&A avec le réalisateur. Pas sympa Universal.
Liste des bonus
Aucun.