MATRIX RÉSURRECTIONS
The Matrix Resurrections – Etats-Unis – 2021
Support : UHD 4K &
Genre : Science-Fiction
Réalisateur : Lana Wachowski
Acteurs : Keanu Reeves, Carrie-Anne Moss, Yahya Abdul-Mateen II, Jonathan Groff, Jessica Henwick, Neil Patrick Harris…
Musique : Johnny Klimek, Tom Tykwer
Durée : 148 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Dolby Atmos True HD et Dolby Audio Anglais et français,
Sous-titres : Français, néerlandais, polonais…
Éditeur : Warner Home Video
Date de sortie : 21 avril 2022
LE PITCH
Pour savoir avec certitude si sa réalité propre est une construction physique ou mentale, et pour véritablement se connaître lui-même, M. Anderson devra de nouveau suivre le lapin blanc. Et si Thomas… Neo… a bien appris quelque chose, c’est qu’une telle décision, quoique illusoire, est la seule manière de s’extraire de la Matrice – ou d’y entrer… Bien entendu, Neo sait déjà ce qui lui reste à faire. Ce qu’il ignore en revanche, c’est que la Matrice est plus puissante, plus sécurisée et plus redoutable que jamais. Comme un air de déjà vu…
MAJ
Un nouveau Matrix était-il vraiment nécessaire ? Pas franchement. Un peu à l’image des nombreuses suites, reprises et autres remakes de licences culte de ces dernières années. Mais l’exercice est loin d’être gratuit car la sœur Wachowski mélange allégrement relecture, réécriture, critique acerbe et analogies osées dans un divertissement qui peut se révéler parfois assez vertigineux.
Véritable film transition entre deux époques du cinéma d’action américain (pour ne pas dire millénaires) et révolution hybride aussi bien stylistique que philosophique, Matrix et par extension la trilogie qu’il a formé avec les suivants Matrix Reloaded et Matrix Revolution, a depuis été abusivement copié, vidé, venant nourrir des décennies durant postures, effets de styles et amorces réflectives avec plus ou moins de bonheur. Plus de vingt ans après, Lana Wachowski prend seule le risque de revenir à cet univers fondamental répondant aussi bien aux doux chants des fans qu’aux sirène d’un studio toujours en quête de franchises bien juteuses, mais elle choisit aussi de faire le film pour explorer d’une certaine façon son nouveau moi. Les années ont passé, la réalisatrice a désormais totalement assumé sa transformation et son identité trans, et affiche une liberté nouvelle, prenant rapidement de la distance avec les influences d’autrefois et les ambitions de comic-book live. The Matrix citait le cinéma asiatique, le film noir, les classiques du cyberpunk. Film de l’auto-analyse et réflexion totale sur le statut même de l’œuvre, Matrix Resurrections ne cesse de citer, de rebondir sur ses propres références, de reprendre ses propres échos pour mieux constamment les transformer. On ne parle pas ici uniquement des changements de certains acteurs comme Yahya Abdul-Mateen II en Morpheus nouvelle génération, mais bien d’une approche filmique plus souple, plus directe, plus lumineuse qui semble justement combattre ses propres clichés.
Machine Men
Devenu désormais l’arme ultime de la nouvelle menace du film, le Bullet Time n’a plus rien de grisant, de fun, s’étirant à l’extrême, à l’absurde, comme pour singer une industrie du Blockbuster qui ne cesse de s’auto digérer depuis vingt ans. Avec une bonne dose de cynisme, Matrix Resurrections est donc bien un film profondément méta, capable de tirer quelques scuds sur son propre studio et par extension la politique des studios américains, de parodier ses métaphores d’autrefois (aaah le Merovingien transformé en clodo rebooté) tout en multipliant constamment les parallèles entre les évènements décrits dans le film et les coulisses même de sa création. Un exercice de style on ne peut plus conscient qui aurait pu être aussi lourd à digérer qu’agaçant si Lana Wachowski ne compensait pas sa démarche d’anti-blockbuster jusqu’à l’anti-climax, en faisant naître une chose qui manquait souvent cruellement à la trilogie initiale : l’émotion. Autrefois présentée de manière extrêmement naïve et pouvant confiner au ridicule pour la pauvre Trinity, le couple central du film prend sa revanche et devient véritablement le moteur de The Matrix. De la première rencontre / retrouvailles entre elle et lui, la mise en scène caressante, la fragilité des acteurs et la simplicité de quelques attentions, faire renaitre une étincelle qui n’avait jamais vraiment réussit à s’embraser. Si Keanu Reeves est égal à lui-même, Carrie-Anne Moss rappelle à quel point son personnage avec été quelque peu sacrifiée et à quel point ses qualités d’actrices avaient été sous-estimées. Dans le déluge attendu de poursuites, affrontements numériques généralisés, super-pouvoirs et programmes bots tombant du ciel, Matrix Résurrections s’offre, comme il le dit si bien, une seconde chance.
Image
Forcément les enjeux ici ne sont pas les mêmes que lors de la ressortie de la trilogie sur support UHD. Pas de besoin de restauration à la source, de réétalonnage pour rééquilibrer les couleurs et les matières, Résurrections a directement été shooté directement avec des caméras Red à débits 5K et 8K. Sans grande surprise donc le master proposé ici maîtrise aussi bien les séquences sombres que les sorties les plus lumineuses, marie aisément couleurs vives et effets numériques à tout va, tout en imposant une définition puissante, minutieuse et creusée. Plein les mirettes sans aucune apparition du moindre artefact ou du moindre signe de faiblesse.
Son
Plutôt rare, que ce soit sur le Bluray ou le disque UHD les pistes anglaise et française sont à même enseigne avec un Dolby Atmos aussi souple que percutant. Dynamique, ample et enveloppante cela va de soi, la nouvelle dimension sonore se montre peut-être un peu moins incisive que pour les trois films précédents, mais affirme une souplesse et une limpidité tout aussi spectaculaire et appréciable.
Interactivité
Entièrement réservé au disque Bluray, les nombreux bonus de l’édition rappelle encore une fois la générosité dont on a toujours fait preuve la saga, et la Warner, dans ce domaine. Un programme forcément très souvent tourné sur le passé, ou du moins sur des parallèles constants entre l’autrefois et l’aujourd’hui. Quelques souvenirs passagers, des réflexions constantes sur les évolutions de l’univers qui peuvent prendre un aspect ludique comme lorsque le cast s’efforce, difficilement, de résumer la trilogie, ou beaucoup plus profond lorsque l’on explore tout le travail d’écriture de Lana Wachowski et ses coscénaristes David Mitchell et Aleksandar Hemon, et les nouvelles approches de tournage et de mise en scène de cette dernière. Les items semblent parfois un peu trop éclatés en segments distincts, mais contiennent de nombreuses informations et micro-analyses comme dans la suite The Matrix Reactions, relégué en fin de liste mais qui pourtant comprend près d’une heure de retour sur le tournage des scènes principales à grands renforts d’analyses de toute l’équipe (acteurs, techniciens…) et d’images de tournages.
Liste des bonus
« On ne peut dire à personne ce qu’est la Matrice » (9’), « La Résurrection de Matrix » (31’), « Neo x Trinity : retour dans Matrix » (8’), Amis et ennemis : Matrix remix » (8’), « Matrix pour la vie » (6’), « Je connais toujours le kung fu (5’), The Matrix Reactions (48’).