MASTER GARDENER
Etats-Unis – 2022
Support : Bluray
Genre : Drame
Réalisateur : Paul Schrader
Acteurs : Joel Edgerton, Sigourney Weaver, Quintessa Swindell, Esai Morales, Eduardo Losan, Victoria Hill, …
Musique : Devonté Hynes
Durée : 111 minutes
Image : 2.39, 16/9
Son : Français & Anglais 5.1 DST-HD
Sous-titres : Français
Éditeur : The Jokers
Date de sortie : 22 novembre 2023
LE PITCH
Narvel Roth est un horticulteur dévoué aux jardins de la très raffinée Mme Haverhill. Mais lorsque son employeuse l’oblige à prendre sa petite-nièce Maya comme apprentie, le chaos s’installe et les secrets du sombre passé de Narvel menacent de remonter à la surface…
Mauvaises herbes
Malgré de très belles prestations de Joel Edgerton et de Sigourney Weaver (et de quelques autres), le dernier long-métrage de Paul Schrader peine à atteindre sa cible. Prévisible, paresseux et laborieux, Master Gardener est un film noir en charentaises qui ne fait pas vraiment honneur au talent jadis éclatant du scénariste de Taxi Driver.
Consciencieusement, avec un zèle de fonctionnaire même, Master Gardener coche toute les cases des thématiques chères au réalisateur de Blue Collar et American Gigolo. Ainsi, le récit épouse le point de vue d’un anti-héros taciturne, obsessionnel et solitaire, hanté par un passé violent, et qui se confie au spectateur par le biais d’une voix-off. Autrefois membre d’un groupuscule de suprémacistes blancs, Narvel Roth (c’est son nom) a trahi les siens pour échapper la prison et, rongé par la culpabilité, a entamé son long chemin vers le rédemption, sous le regard complice de son contrôleur judiciaire (Esai Morales, le bad guy du dernier Mission:Impossible) et d’une riche héritière (Sigourney Weaver) qui l’emploie pour prendre soin de ses jardins. Conservant les stigmates de son ancienne vie sous la forme de tatouages de croix gammées qui recouvrent son torse et son dos (et qu’il prend le plus grand soin de dissimuler sous une tenue austère), Roth est devenu au fil des ans et des saisons une sorte de moine et Greenwood Gardens est un monastère dont il arpente les allées fleuries dans un mélange de sérénité et de gravité.
Cette paisible routine est mise à mal avec l’arrivée de Maya, petite-nièce métisse de la patronne de Roth et jeune femme tourmentée sous l’emprise d’un dealer minable. De cette idylle improbable entre deux âmes fragiles, Schrader espère sûrement faire naître un débat sur le pardon (une femme aux origines afro-américaines peut t-elle tomber amoureuse d’un ancien nazillon ? suspense, suspense) mais on se dit que l’auteur en profite surtout pour nous rejouer sur un mode léthargique la relation trouble entre Robert De Niro et Jodie Foster dans Taxi Driver, avec la même expédition punitive en guise de climax. Ou presque, puisqu’il faudra ici se contenter de trois coups de feu et d’une paire de jambes cassées.
Les pissenlits par la racine
À 77 ans, Paul Schrader a donc troqué la subversion, l’existentialisme, le nihilisme et les longues nuits insomniaques aux effluves de tabac froid et de whisky bon marché pour la sécheresse et la poésie bourgeoise d’un cinéma indépendant à peine plus excitant qu’une infusion à la camomille accompagné de biscuits secs. Toujours à bonne distance de ses protagonistes, le cinéaste se refuse à livrer à son public davantage qu’une copie délavée et désincarnée de ce qui faisait il y a plus de vingt ans tout le sel de son cinéma. Par cynisme ? Par lassitude ? Allez savoir. Schrader ne creuse plus, il radote. Et oui, c’est un peu triste.
Drame en apesanteur d’une politesse stupéfiante, Master Gardener peut éventuellement faire l’affaire, histoire de tuer le temps lors d’une après-midi pluvieuse. Faute de nous captiver, Schrader se rattrape heureusement par sa direction d’acteurs et offre à son casting plusieurs occasions de briller. Regard mélancolique, voix calme et posée, Joel Edgerton livre une performance à fleur de peau et le portrait d’un homme horrifié par ce qu’il fut et par ce qu’il pourrait encore être. Narvel Roth est l’un de ces tours de force minimaliste dont le comédien australien a le secret. Brisant les clichés de la vieille femme pleine aux as, froide, frustrée et tyrannique, Sigourney Weaver donne pour sa part de Norma Haverhill l’image inattendue d’une dominatrice au sang chaud, invitant son jardinier à la rejoindre dans son lit avec l’assurance d’une reine dans une scène ou le menaçant sans détour avec un Luger dans une autre.
Dernier volet d’une trilogie informelle entamée en 2017 avec First Reformed et poursuivie avec The Card Counter en 2021, Master Gardener confirme a minima le savoir faire de Paul Schrader mais ne rassure pas franchement sur sa santé créative.
Image
Un master numérique robuste et immaculé et l’équivalent en haute-définition d’un drap 100% coton bio plié et repassé par la blanchisserie d’un hôtel cinq étoiles. Le grand luxe, quoi.
Son
Entre les deux mixages, pas l’ombre d’une différence. Le confort d’écoute est optimal avec un 5.1 partagé entre ambiances feutrées et bande son électro lounge. L’équivalent multicanal d’un drap 100% coton bio plié et …et … et vous avez compris où nous voulions en venir. Le grand luxe, une fois encore.
Interactivité
Quatre brefs entretiens sous la forme d’une session de questions-réponses pas forcément captivante (« Alors, c’était comment de travailler avec machin? », on paraphrase mais c’est presque ça). On en apprend peu mais la véhémence avec laquelle Paul Schrader refuse catégoriquement d’être identifié à ses personnages a quelque chose de savoureux.
Liste des bonus
Entretien avec Joel Edgerton, Sigourney Weaver, Paul Schrader et Quintessa Swingell.