MARLOWE
États-Unis, Irlande, France – 2022
Support : Bluray
Genre : Policier, Film Noir
Réalisateur : Neil Jordan
Acteurs : Liam Neeson, Diane Kruger, Jessica Lange, Adewale Akinnuoye-Agbaje, Danny Huston, Alan Cumming
Musique : David Holmes
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Durée : 108 minutes
Éditeur : Metropolitan
Date de sortie : 15 juin 2023
LE PITCH
En 1939, à Bay City en Californie, alors que la carrière du détective privé Philip Marlowe bat de l’aile, Clare Cavendish vient lui demander son aide pour retrouver son ancien amant, Nico Peterson, mystérieusement disparu. L’enquête de Marlowe va le mener au Club Corbata, repaire des habitants les plus influents et fortunés de Los Angeles. Mais rapidement, il se heurte à ses anciens collègues de la police alors qu’il fouine dans les coulisses de l’industrie hollywoodienne et dans les affaires de l’une des familles les plus puissantes de la cité des anges.
A Last Case
Neil Jordan et Liam Neeson ressuscitent une figure mythique du roman et du film noir avec Marlowe. Un vieux privé plus usé que jamais tiraillé entre deux générations de femmes fatales, une affaire forcément opaque et un monde du cinéma déjà à l’ère de la nostalgie.
Disparu du grand écran depuis une quarantaine d’année, cet anti-héros personnifiant presque à lui seul toute l’essence d’un genre fut déjà incarnée par quelques pointures comme Humphrey Bogart (Le Grand Sommeil d’Howard Hawks), Ellioth Gould (Le Privé de Robert Altman) ou Robert Mitchum (Adieu ma jolie de Dick Richard) et même James Caan dans le téléfilm HBO Embrouille à Poodle Springs. Un lourd héritage littéraire (8 romans, quelques nouvelles et de nombreuses reprises par d’autres auteurs) et cinématographique qui ne fait clairement pas peur à Liam Neeson dont les traits acérés et la dégaine massive le positionne immédiatement comme une sorte d’héritier de Robert Mitchum… Avec quelques années au compteur supplémentaires qui permettent à l’acteur de se détacher enfin des figures de vigilante bourrins qui ont fait sa gloire (et sa lente chute) de ces dernières années. Quelques baffes, bourre-pifs et tirs de mitraillette de gangster le plus souvent expéditifs soit, le film quête cependant surtout cette atmosphère délétère, cette avancée posée voir contemplative, qui faisait justement tout le sel des films noirs en général et des textes de Raymond Chandler en particulier.
Les ombres de celluloïd
Marlowe, le film, se suit donc avec une curieuse nonchalance, passant essentiellement par une succession de dialogues dont le personnage principal semble lui-même assez détaché, déjà ailleurs comme si cette mélodie lui avait été mille fois jouée. Presque auto-conscient de son passif, de ses multiples références, ce Marlowe-là provient justement d’un roman apocryphe signé Benjamin Black en 2014, La Blonde aux yeux noirs, aux angles déjà post-modernes mais démultipliés ici. Totalement logique dès lors que cette affaire de simple disparition qui ne va cesser de muter en affaire de drogue, de corruption et de famille, prenne pied directement dans les arrière-cours d’un studio de cinéma. Une jolie manière, entre deux allusions hitchcockiennes, deux mises en abimes, deux mises en perspectives de la figure de la femme fatale (Diane Kruger vs Jessica Lange) et leur quête d’un Hollywood disparu, d’offrir une dernière virée à un détective à l’ancienne définitivement désabusée par ce petit monde corrompu et sa petite danse tragique qui ne peut que se répéter à l’infini. A la manière de l’excellent jeux vidéo L.A. Noire, Marlowe évoque d’ailleurs moins une reconstitution rigoureuse et réaliste du Los Angeles des années 30, qu’une vision fantasmée, parfois même irréelle, d’un microcosme de fiction. Réalisateur talentueux (mais inégal il est vrai), Neil Jordan (Entretien avec un vampire, The Crying Game, Ondine, Michael Collins…) même s’il reste parfois sur la réserve dans ses mouvements de caméra et plus généralement dans le rythme du métrage, compose à nouveau quelques tableaux aux lisières de l’irréel mais avec des moyens de séries B.
Un exercice qui peut paraitre en effet parfois un peu vain, désuet, emprunté, mais qui ne manque clairement pas de charme et d’élégance.
Image
Quel dommage qu’un film comme Marlowe soit aujourd’hui tourné uniquement en numérique, perdant en cours de route une part de la rugosité et des reflets cinématographiques propres au genre… Par contre une source 4.5 K enregistré par des caméra Arri Alexa c’est forcément du pain béni pour les encodeurs. Le master est donc ultra pointu, ferme, lumineux, richement contrasté et doté de noirs impériaux. Le verni numérique fait un peu tache mais la performance est idéale.
Son
Les deux pistes DTS HD Master Audio 5.1 accompagnent à merveille le film avec une spatialisation le plus souvent discrète, jouant volontiers sur les atmosphères et quelques effets d’ambiances. Le mix peut s’avérer plus musclé et percutant dès que nécessaire, mais les dialogues sont les éléments les plus mis en avant avec une présence bien incarnée des morceaux musicaux signés David Holmes.
Interactivité
Simple Bluray pour Marlowe là où une sortie UHD aurait pu offrir une meilleure patine. On est un peu déçu aussi par les trois brèves interviews présentées sur le disque et qui s’avèrent des petits Q&A en forme d’EPK avec question textuelles en amorce et réponses très standardisés des intéressés. On est là dans un exercice promo trop poli pour vraiment apporter quelque chose même si Liam Neeson évoque ses souvenirs du personnage dans ses précédentes incarnations ou que Neil Jordan réussit à évoquer quelques notions esthétiques et ses multiples collaborations avec l’acteur.
Liste des bonus
Entretiens avec Liam Neeson (13’), Diane Kruger (6’) et Neil Jordan (9’).