MARIE STUART, REINE D’ÉCOSSE
Mary, Queen of Scots – Royaume-Uni – 1972
Support : Bluray et DVD
Genre : Historique
Réalisateur : Charles Jarrott
Acteurs : Vanessa Redgrave, Glenda Jackson, Patrick McGoohan, Timothy Dalton, Nigel Davenport, Ian Holm
Musique : John Barry
Durée : 128 minutes
Image : 1.78 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Elephant
Date de sortie : 14 mars 2023
LE PITCH
Au XVIè siècle, Mary Stuart, reine d’Ecosse catholique, est opposée à sa cousine protestante, la reine Elizabeth 1er d’Angleterre. Pendant plusieurs décennies, les deux femmes vont mener une lutte sans merci, à l’issue dramatique…
Sœurs ennemies
A nouveau remise en avant en 2019 avec le film de Josie Rourke interprété par Saoirse Ronan et Margot Robbie, Marie Stuart, et surtout sa confrontation avec la reine Elizabeth, était déjà au cœur d’une prestigieuse production british de 1971. Le bien nommé, déjà, Marie Stuart, Reine d’Écosse.
Ce dernier faisait suite pour le réalisateur Charles Jarrott (dont certains se souviennent avec tendresse du futur Condorman pour Disney) à un précédent Anne des milles jours, évocation imposante du règne de la mère de la Reine Elizabeth. On retrouve d’ailleurs ici le même ex grand producteur hollywoodien Hal B. Wallis en chef d’orchestre et le même co-scénariste John Hale, mais la direction se fait plus moderne, plus passionnée, avec justement ce regard croisé entre deux femmes séparés par deux royaumes et deux cours que tout semble opposer. Une catholique d’un côté propulsée Reine d’Ecosse par convenance, une protestante de l’autre, considérée comme illégitime, et toutes deux sont constamment scrutées à la loupe par les différentes instances religieuses, par les nobles environnants et par des réseaux politiques et idéologiques qui parfois les dépassent mais qui surtout ne cessent de les manipuler et les pousser à la haine mutuelle. Le film de 2019 n’a certainement pas inventé cet angles « féministe » et cette réflexion sans doute assez libre sur les faits historiques, et cette production de 1971 semble aujourd’hui encore particulièrement actuelle dans ses réflexions et son sous-texte qui démontre le destin compliqué et tragique des femmes de pouvoirs… en particulier au 16ème siècle.
Vivre et mourir
Si la reine Elisabeth (Glenda Jackson) se pliera plus volontiers à la raison d’État et finira par abandonner ses désirs plus personnels, la poète Marie Stuart (elle a effectivement écris divers poèmes et quelques chants) se jette à corps perdu dans les passions amoureuses, dans ses rêves d’un royaume apaisé et d’une amitié fraternelle avec la nation voisine. Peine perdue entre un frère belliqueux (Patrick McGoohan), un premier époux libertin et avide de pouvoir (Timothy Dalton jeune et inattendu en lâche précieux), et des alliés qui ne cessent de multiplier les couteaux dans le dos et les remontrances morales, elle finira forcément par y perdre la flamme, la liberté et puis la vie. Grand film d’acteurs, naturellement un brin emprunté et théâtral, mais aux seconds rôles particulièrement classieux (on y croise aussi l’excellent Ian Holm en conseiller italien) Marie Stuart, Reine d’Écosse fait admirablement contraster l’aspect rigide de ce type de reconstitution historique avec la fougue fiévreuse de Vanessa Redgrave (Isadora, Les Diables) à l’interprétation plus moderne, intériorisée et parfois explosive. Elle semble même parfois combattre de l’intérieur la trop grande rigidité des cadres et de la mise en scène par trop académique, trouvant d’ailleurs en John Barry un allier de poids. Le compositeur délivre une bande originale intensément symphonique et romantique, dans la lignée de ses précédents travaux sur Le Lion en hivers et La Vallée perdue, rappelant constamment les passions qui brûlent sous les corsets et les lourds apparats.
Image
Pas si datée que cela, la remasterisation HD de Marie Stuart, Reine d’Écosse manque pourtant cruellement de mordant : les couleurs semblent souvent éteintes, la définition reste honorable mais jamais imposante et les cadres ont été joliment nettoyés mais affichent encore parfois quelques restes d’anciennes rides. Un nettoyage entièrement numérique, sans retour manifeste à la source, qui se ressent et laisse donc une bonne marge d’amélioration. Perfectible mais appliqué, la copie reste cependant ce que l’on a vu de mieux concernant le film, en vidéo ou en salles, depuis des lustres.
Son
La piste mono anglaise reste là aussi un peu dans son jus avec des prises directes nerveuses et vibrantes, une clarté bien présente mais des arrière-plans sonores pas toujours mis en valeur. Ces derniers sont d’ailleurs encore plus écrasés sur le doublage français, aux voix bien plus mises en avant, mais qui, bonheur de l’époque, est quasiment au niveau d’interprétation de la VO.
Interactivité
L’édition française de Marie Stuart, Reine d’Écosse comprend comme supplément une présentation du film par Justin Kwedi, rédacteur à La Septième Obsession. Il revisite les différentes évocations de ce fameux personnage historique au cinéma et replace quelques faits historiques avérés, avant d’effectuer les présentations d’usage des différents acteurs et du réalisateur. Classique mais toujours informatif. On aurait cependant apprécié de pouvoir profiter comme aux USA de la sublime partition de John Barry en piste séparée.
Liste des bonus
Le film par Justin Kwedi (22’), Bande-annonce.