MARCEL LE COQUILLAGE (AVEC SES CHAUSSURES)
Marcel the Shell with Shoes On – Etats-Unis – 2021
Support : Bluray
Genre : Fantastique, Animation
Réalisateur : Dean Fleischer Camp
Acteurs : Dean Fleischer Camp, Isabella Rossellini, Joe Gabler, Jenny Slate, Sarah Thyre…
Musique : Disasterpeace
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Durée : 90 minutes
Éditeur : L’Atelier d’images
Date de sortie : 7 novembre 2023
LE PITCH
Marcel est un adorable coquillage qui vit seul avec sa grand-mère Connie, depuis sa séparation avec le reste de leur communauté. Lorsqu’un réalisateur de documentaires les découvre dans son Airbnb, la vidéo qu’il met en ligne devient virale et offre à Marcel un nouvel espoir de retrouver sa famille.
Plus petit que soi
Un étrange petit bonhomme. Marcel est un mignon coquillage affublé d’un œil en plastique et de petits pieds en pâte à modeler. Un héros parfait pour les plus jeunes, mais aussi un enfant capable d’énoncer de grandes vérités et de véhiculer de belles émotions dans un long métrage qui n’est effectivement pas que pour les enfants.
Cela fait déjà une dizaine d’année que ce drôle de héros est connu des Américains. Marcel est en effet apparu en 2010 sur Youtube, à priori presque par erreur, et a tout de suite connu un énorme succès. Deux autres courts métrages montrant les astuces de celui-ci pour échapper à sa petitesse et délivrant quelques mignons commentaires sur la vie, avant que Dean Fleischer Camp et son ex-compagne Jenny Slate (toujours doubleuse de Marcel ici), ne fassent passer leur création au niveau supérieur avec la phase du long métrage. La bonne idée du film est alors de ne pas simplement reproduire la formule du témoignage anecdotique, mais bien de l’intégrer directement dans le dispositif du film. Marcel le coquillage est ainsi construit comme un faux documentaire dans lequel un réalisateur amateur, Dean récemment séparé, découvre dans un Airbnb, cette drôle de petite créature qui vit là en toute simplicité avec sa grand-mère Connie (doublée par Isabella Rossellini tout de même). Il décide alors de tourner des vidéos documentaires sur lui et de les diffuser sur internet. On y reconnait les trois fameuses vidéos initiales revisitées, on y reconnait aussi le véritable Dean Fleischer Camp, presque ici dans son propre rôle. Les plus jeunes pourront alors certainement s’amuser des nombreuses fantaisies de Marcel, coquillage certes mais surtout gamin plein d’esprit à la langue bien pendue, débrouillard bourré d’inventions (le miel collé au pied pour grimper sur les murs, la balle de tennis comme moyen de locomotion…) et petit-fils particulièrement attentionné.
Et parfois on entend la mer
Toute la famille va alors s’attacher à un scénario en forme de récit initiatique où la petite forme rikiki réussit à véhiculer de grandes émotions dès lors qu’il s’attarde sur la vieillesse de mamie et la disparition de toute sa famille dont il désespère de retrouver la trace. Mais Marcel le coquillage est aussi un film à multiples lectures où les plus grands et les adolescents découvriront une analyse particulièrement pertinente de notre rapport aux réseaux sociaux et aux fausses connexions communautaires véhiculées par Youtube, Tiktok et compagnies, là où les adultes y ajouteront sans doute le portrait d’un homme qui apprend peu à peu à reprendre contact avec l’extérieur et à assumer ses affections. Cette construction au couches multiples et le passage du court au long n’empêche pas quelques maladresses et des segments qui s’étirent parfois sans doute un peu trop, mais Marcel le coquillage reste une proposition tout à fait étonnante et charmante.
D’autant plus que la production et la distribution du film par la firme A24 (Everything Everywhere All at Once, Midsommar, The Lighthouse, X…) lui assure le maintient d’une esthétique et d’une identité de film indépendant, voir avec quelques tics de film d’auteur, et une maitrise technique aussi discrète qu’assurée. Les multiples coquillages animés en stop-motion et les différents insectes en images de synthèse (dont trois araignées aux yeux écarquillés) profitent clairement du grand savoir-faire des frères Chiodo, habitués des grosses productions hollywoodiennes et créateurs du cultissimes Killer Klowns from Outer Space, qui affirment avec juste un grand œil, une petite bouche et une paire de chaussures, une sacrée personnalité à ce brave Marcel.
Image
Le bluray transfert à merveille la source numérique du film assurant une image toujours nette, limpide et finement définie. L’omniprésence du blanc et des lumières presque froides n’empêche en rien la mise en place de contrastes ciselés et le tout est assuré par une compression sans faille où les différentes sources (réelles, animées et images de synthèses) cohabitent sans variation de textures.
Son
Version originale et version française sont toutes deux présentées dans un DTS HD Master Audio 5.1 très agréable avec sa clarté constante et ses atmosphères doucement enveloppantes jouant surtout (et c’est logique) sur la minutie des effets : échos de distances, mise en perspectives des sources (écran d’ordinateur, bruits derrière la fenêtre, prise du micro…). Tout à fait efficace tout en quêtant uniquement le naturel.
Interactivité
Le film n’est accompagné que d’une vidéo montrant le travail d’incrustation des images de synthèses et d’un petit making of dépassant tout juste les quinze minutes. Il s’avère cependant assez complet dans son écriture revenant sur les origines du concept, son passage au long métrage, son dispositif de tournage, la création des créatures et l’animation image par image. Le ton y est presque aussi léger que dans le film.
On regrette cependant forcément l’absence des trois courts métrages (visible sur internet) et peut-être de réflexions un peu plus poussées sur les thématiques du film.
Liste des bonus
Making of (17’), Derrière les effets spéciaux de Marcel par Bottleship (1’).