MAN ON THE BRINK
边缘人 – Hong-Kong – 1981
Support : Bluray & DVD
Genre : Policier
Réalisateur : Alex Cheung
Acteurs : Lun Chia, Hing-Yin Kam, Eddie Chan, Ling Wei Chen, Kei-Ying Cheng…
Musique : Joseph Koo
Durée : 101 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Cantonnais DTS HD Master Audio 5.1 et 2.0 mono
Sous-titres : Français
Editeur : Spectrum Films
Date de sortie : 30 juin 2021
LE PITCH
Ho Wing-Chui est un jeune policier intègre et nouvellement promu. On lui donne pour mission d’infiltrer les triades hongkongaises. Acceptant de ne rien dire à sa famille et sa fiancée, le jeune flic motivé ne tarde pas à participer à certaines activités criminelles de plus en plus violentes. Les effets de cette double vie se font pesant et l’enfer ne fait que commencer.
Undercover
Film charnière de la nouvelle vague HK, Man on the Brink était resté injustement inédit en France. Le premier grand polar chinois sur la figure de l’infiltré et surtout une approche ultra réaliste qui en font un véritable film choc.
Révélé deux ans plus tôt par le polar acerbe Cops and Robbers Alex Cheung creuse le même sillon avec son second long métrage, poussant même plus loin encore le croisement alors très novateur à Hong-Kong entre le polar sec et une certaine dramatisation sociale. Surtout Man on the Brink reprend directement cette idée d’un jeu d’enfant perverti par le monde réel : celui du policier et du voleur. D’autant plus que là où le premier respectait relativement clairement les notions de bien et de mal, ou en tout cas le camp des gentils et des méchants, le second trouble immédiatement la frontière en transformant Ho, jeune homme un peu désœuvré et entré dans la police presque par hasard, en flic infiltré en sein des triades. Ses premières opération relativement contrôlées (« c’était amusant » dira-t-il) laissant place peu à peu à des attaques à la machette de plus en plus violentes, de plus en plus dangereuses. Le jeu disparaît rapidement devant la nécessité de survie alors que Ho s’enfonce peu à peu mais irrémédiablement dans un monde parallèle, aux règles plus brutales, perdant pied entre ses deux identités.
Au bord du gouffre
Une trajectoire classique pour ce genre de sujet soit (comment ne pas penser parfois à Serpico), mais qui en 81 et à Hong-Kong, est d’autant plus remarquable dans son âpreté qu’elle est filmée sans une once de sensationnalisme. Si les scènes d’actions sont présentes, nerveuses, efficaces et parfois même teintées de petites notes d’humour décalé, elles ne recherchent jamais à séduire, mais plutôt à approcher une illustration frontale et amère des rues de HK. On retrouve directement l’esthétique documentariste de Cops and Robbers, ses caméras à l’épaule, ses cadrages énergiques et son montage tranchant, mais avec une maitrise plus poussée et une précision plus marquée. Grand mythe du polar HK, bien souvent romantisé et exacerbé, les triades ne sont d’ailleurs ici présentées sans stylisation outrée et uniquement abordées par le bas de l’échelle, là où le pacte passé avec l’organisation criminelle n’ouvre la porte que vers de menus larcins, des crimes gratuits et une violence folle et incontrôlée. Incarné par un formidable Eddie Chan, perdant ses airs fringants et juvéniles des premières séquences pour une apparence et une attitude de plus en plus fiévreuse et abîmée, Ho est emporté par ses démons, ses pulsions, perdant en cours de route sa petite amie, le respect de son supérieur, son propre équilibre jusqu’à un point de non-retour. Celui-ci se déroule dans un immeuble où chaque habitant semble s’être transformé en vigilante assoiffé de vengeance.
Un face à face chaotique entre truand, police et milice, dont forcément Ho se doit d’être l’ultime victime. Imposant aujourd’hui encore, Man on the Brink reste l’un des films les plus importants de la Nouvelle Vague HK.
Image
Encore une très belle restauration pour ce classique du polar HK. Une production indépendante, ce qui belle surprise n’entraîne aucune séquelle irrémédiable. Les cadres ont été nettoyés avec soin d’après ce qui ressemble à un nouveau scan à la source, préservant ainsi la rudesse de la photographie, le grain de pellicule et une profondeur admirable. Même les plongées nocturnes, les mouvements effrénés de la caméra n’entament jamais vraiment le rendu cinéma du bluray.
Son
Comme pour Wild Search et People’s Hero la piste sonore cantonaise a profité d’une belle et efficace restauration permettant à l’éditeur de proposer, en plus d’un DTS HD Master Audio 2.0 clair et percutant, un remix 5.1 plus « moderne ». Comme les titres cités, si le résultat est très soigné avec quelques sensations plus dynamiques et de petites ambiances plus soutenues, l’apport reste relativement discret, mais jamais dénaturant.
Interactivité
Après Cops and Robbers, Spectrum continue de cajoler les œuvres fondatrices d’Alex Cheung. On retrouve donc ici les désormais fondamentaux de l’éditeur avec une présentation complète et enthousiaste d’Arnaud Lanuque, ainsi qu’une émission spéciale du podcast Stéroids, mais aussi quelques éléments beaucoup plus inhabituels. A commencer avec un essai vidéo plutôt intéressant qui analyse quelques ramifications stylistiques du film et l’utilisation, par exemple, des cicatrices du héros. En provenance directe de Hong-Kong on trouve aussi, comme pour Cops and Robbers, des images du tournage capturées en 8mm, ainsi qu’une très longue interview du réalisateur. Plus d’une heure durant laquelle il revient sur l’importance du témoignage d’un véritable policier infiltré, le tournage risqué dans certains quartiers de la ville, le besoin de trancher avec l’ancienne école et les différents collaborateurs du film. Alex Cheung est ensuite rejoint par son producteur Teddy Kwan, son chef opérateur et d’autres participants du film pour revenir dans une table ronde en public sur les origines du film et l’impact qu’il a eu sur chacun. Un segment atteignant là encore les 80 minutes et qui certes croise des questions déjà évoquées, mais qui reste intéressant et sympathique.
Liste des bonus
Présentation du film par Arnaud Lanuque (8’), Interview de Alex Cheung (80’), Table Ronde (80’), Making of en Super 8mm (13’), Essai Vidéo (20’), Podcast Capture Mag, Bande-annonce.