MALCOLM X

Etats-Unis – 1992
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Drame, Biopic
Réalisateur : Spike Lee
Acteurs : Denzel Washington, Angela Bassett, Albert Hall, Delroy Lindo, Spike Lee, Giancarlo Esposito…
Musique : Terence Blanchard
Image : 1.85 16/9
Son : DTS HD Master Audio 5.1 Anglais, DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 202 minutes
Editeur : Metropolitan Film & Video
Date de sortie : 13 mars 2025
LE PITCH
Le 21 février 1965, Malcom Little, dit Malcom X, était assassiné au cours d’une conférence publique. Leader d’opinion de la population noire américaine, il prônait la violence comme unique moyen de lutter contre la ségrégation raciale.
Le message
Projet rêvé et qui faillit lui passer sous le nez, le biopic de Spike Lee sera sans doute celui qui restera définitivement à la postérité. Le portrait puissant et engagé de l’un des grands leaders de la cause afro-américaine, mais aussi des noirs à travers le monde, porté par un Denzel Washington lumineux.
Dès ses années d’étudiant en arts et cinéma, Spike Lee évoque la volonté de ce confronter au modèle Malcolm X, figure incontournable de la culture noire américaine que les médias et les historiens ont trop souvent voulu résumer à son apposition philosophique (mais très temporaire) au plus « acceptable » car pacifique, Martin Luther King. Si quelques années plus tard, alors qu’il a déjà assis son statut de cinéaste avec des œuvres novatrices comme School Daze, Do The Right Thing ou Jungle Fever, il part au combat face à la Warner pour reprendre le projet des mains du bienveillant Norman Jewison (Dans la chaleur de la nuit, Hurricane Carter…) ce n’est pas par simple fierté ou attrait personnel. C’est aussi et surtout parce qu’il est persuadé que seul un metteur en scène noir, connaissant cette culture et ce parcours, peut véritablement lui rendre hommage et en comprendre toutes les facettes. Alors qu’aujourd’hui la norme dans les biopics est de surtout dresser systématiquement un portait uniformément élogieux du sujet, en général en accord avec la famille, en 1992, Spike Lee ouvre son film sur le passé de délinquant de Malcolm Little, adolescent turbulent et fasciné par la criminalité, se trimbalant dans les rues de Harlem avec le look et la démarche d’un zazou. Sa montée dans la hiérarchie d’un parrain local, ses cambriolages avec son petit gang, sa colère omniprésente hantée par une enfance plus que malmenée (après la mort suspecte de son père, il fut retiré à sa mère et confiée à une famille blanche…) et une société aux mécaniques racistes : Malcolm X le film ne fait pas dans l’hagiographie.
Sortir du cauchemar américain
Il entend bien retracer la trajectoire complexe et la construction de celui qui deviendra véritablement Malcolm X et qui sera assassiné pour cela. Même son passage en prison et sa rencontre avec la Nation of Islam, qui le verra en ressortir transfigurer et éduqué, n’achève certainement pas le chemin puisqu’il lui faudra par la suite voir au-delà de son adoration première, réécrire sa foi musulmane et surtout devenir enfin le symbole d’une revendication lucide mais apaisée. Spike Lee est moins en prêche qu’en mission de réhabilitation mettant en valeur l’ascension de l’homme non pas par une simple célébration mais bien par sa succession d’échecs, d’erreurs, de traitrises subies et de constantes remises en question de son image et de son discours. Une ambition qui méritait bien alors de retrouver l’éloquence des plus grands fastes d’Hollywood avec un budget imposant (il faudra d’ailleurs faire appel à de nombreuses célébrité afro-américaine pour aller jusqu’au montage final), des reconstitutions grandiloquentes, une durée épique de plus de trois heures et une interprétation particulièrement intense d’un Denzel Washington transporté par ce rôle délicat et passionnant. Si Spike Lee joue moins ici sur la corde et le rythme urbain et moderne qui ont fait sa marque, il sait piocher intelligemment dans une longue tradition du classicisme américain, solide et spectaculaire, mais en le tempérant par la fluidité et l’énergie d’un Martin Scorsese (toute la première partie est un peu son Mean Street) et les excès baroques et crépusculaire d’un Coppola (la dernière partie est un peu son Parrain).
Fastueux et dense Malcolm X reste un film essentiel, tant par sa force historique que cinématographique… Il est aussi l’un des rares films américains à donner une image positive de la religion musulmane, présentée ici surtout pour son message fraternel et universaliste, et contenant au passage des images absolument uniques, et réelles, du pèlerinage à la Mecque. Œuvre de son temps donc, 10 ans avant le 11 septembre, qui s’ouvre par les images évoquant le tabassage de Rodney King et les émeutes qui en découlèrent et s’achève sur une parole d’espoir reprise par le véritable Nelson Mandela. Des symboles forts indéniablement.
Image
Produite aux USA pour Criterion cette toute nouvelle restauration 4K (pas vraiment d’information sur la source utilisée) est absolument superbe. Tout a été nettoyé de fond en comble, solidement stabilisé, débarrassé de la moindre imperfection de pellicule, mais systématiquement avec un soin tout particulier aux matières (grain, argentiques…) et à la profondeur naturelle, très marquée. Eclatant, même lors de la première partie du film baignant dans une photographie plus vaporeuse, sans doute grâce au soutient du chef opérateur Ernest Dickerson qui en a validé toutes les étapes. L’apport du Dolby Vision / HDR10 est au passage considérable assurant une colorimétrie plus intense que jamais, soulignant mieux encore l’opposition entre le premier tiers bien pimpant, les séquences légèrement bleutées en prison et le traitement plus sobre et naturel du dernier tier. Bien entendu la définition imparable et malgré la durée du film on ne note pas le moindre souci de compression à l’horizon.
Son
Comme le film n’a jamais eu les honneurs d’une sortie Bluray chez nous, la piste DTS HD Master Audio 5.1 résonne comme une nouveauté. Largement au-dessus des performances des anciens DVD, elle délivre une immersion assez appréciable avec des jolis effets enveloppants (urbains et musicaux), jouant surtout sur des accents authentiques plutôt que démonstratifs. Les dialogues sont bien posés, vifs, clairs et dynamiques et le tout est parfaitement solide et efficace.
Interactivité
Enfin de retour en France, Malcolm X se présente en digipack dans une édition plutôt généreuse. Le film dépassant les trois heures, les suppléments sont d’ailleurs réunis sur un disque Bluray dédié où l’on découvre des suppléments qui étaient restés totalement inédits en France.
A commencer par le passionnant making of rétrospectif de 2005 qui dans un mélange de nouvelles interviews et d’images d’archives (tournages…) retrace sans langue de bois toute la création du film : l’arrivée de Spike Lee sur le projet, une production qui dépasse les délais prévus et les tentions avec la Warner en passant par le sauvetage du film par des fonds privés. Il y est bien entendu aussi question de l’importance de Malcolm X pour chacun des intervenants et de la postérité du métrage.
Suivent une bonne poignée de scènes coupées, toutes introduites par le réalisateur, qui développent tel ou tel points déjà présents dans le film (la famille, l’initiation d’un jeune fan…) et qui effectivement n’auraient fait qu’alourdir le rythme.
L’autre gros morceaux de l’édition est la présence du film documentaire Macolm X produit en 1972 par Arnold Perl et qui servit de base au film de Spike Lee, mais qui apporte de nombreuses informations supplémentaires par l’insertion de nombreux discours des personnages historiques, tout en jouant sur la mise en perspective avec l’Amérique des 70’s par de nombreux portraits « volés » dans les rues. Un film passionnant et longtemps seule référence notable sur le destin de Malcolm X, qui a en plus la particularité d’être narré par le grand James Earl Jones.
Liste des bonus
« Malcolm X: His Own Story… On The Screen As It Really Happened » : Documentaire de Arnold Perl raconté par James Earl Jones (1972, 91’, VOST), Making of (30’), Scènes coupées (21’), Bande-annonce remasterisée.