MAD FATE
命案 – Hong-Kong – 2023
Support : Bluray
Genre : Thriller
Réalisateur : Soi Cheang
Acteurs : Lam Ka-Tung, Lok Man Yeung, Ting Yip Ng, Ng Wing-Sze, Charm Man Peter Chan, Ching Yan Birdy Wong…
Musique : Ben Cheung, Chi Wing Chung
Image : 2.35 16/9
Son : Cantonais DTS HD Master Audio 5.1 et 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 109 minutes
Editeur : Carlotta Films
Date de sortie : 21 janvier 2024
LE PITCH
Par une nuit d’orage, un maître de feng shui tente de sauver une prostituée d’une mort certaine, mais le destin en a décidé autrement. Arrivé à son domicile, il découvre le corps de la jeune femme, victime d’un abject serial killer. Un livreur déboule à son tour sur la scène de crime, hypnotisé et fasciné par ce qu’il voit. Le maître de feng shui prédit au garçon un avenir sombre et meurtrier. Mais cette fois, il jure de tout faire pour changer le cours des choses. Sauf que l’inspecteur chargé de l’enquête est convaincu que le livreur est un psychopathe-né dont la soif de sang ne peut être arrêtée…
City of Crazyness
Tourné entre Limbo et City of Darkness, Mad Fate vient une nouvelle fois confirmer les talents du nouveau porte-drapeau du cinéma HK. Un thriller délirant et presque mystique produit sous le regard du boss des années 2000 : Johnnie To. Comme un petit air de transmission de relais.
Imaginé et produit par Milkyway donc et écrit par le scénariste habituel Yau Nai-hoi (Election, PTU, Running Out of Time), Mad Fate et sa course-poursuite effrénée et chaotique entre deux allumés et un serial killer insaisissable, porte bien la marque du patron. Jusque dans des touches d’humour qui plutôt qu’appuyer sur l’aspect délirant, voire déviant, de l’univers du film, s’efforcent souvent d’alléger un peu inutilement le tout jusqu’à un final curieusement optimiste et lumineux. Une commande assumée d’ailleurs pour Soi Cheang qui certes commence à se faire un nom en tant qu’auteur, en particulier en occident, mais qui n’a jamais caché comme nombre de ses collègues, sa formation de mercenaire. Ancien assistant de Ringo Lam, Andrew Lau et Wilson Yip, alternant thriller et film d’action, ou le grand divertissement fantaisiste avec les deux The Monkey King, il est effectivement l’héritier direct d’un cinéma industriel et artisanal où la patte d’un cinéaste doit batailler pour affleurer. Comme c’est le cas dans Mad Fate, dans lequel on reconnait malgré les teintes plus colorées et électrique des restes de la citée décadente de Limbo et cette vision d’un archipel au bord de l’effondrement, souvent sordide, habitée uniquement de victimes, de femmes prostituées, de serial killer et de fou furieux. D’ailleurs ici les décors se résume à un cimetière, un temple et des appartements comme autant de cages oppressantes.
« on a tous une destinée… »
Pas un environnement des plus équilibrés où les symboliques mystiques sont omniprésentes, venant constamment questionner la fatalité d’un destin bien évidemment cruel. Un prêtre feng-shui, dit The Master (Ka-Tung Lam) tente ainsi de délivrer les pauvres femmes d’une mort annoncée par des procédés discutables, mais aussi d’extraire le mal d’un jeune homme (Lok Man Yeung) aux tendances meurtrières et sociopathes. Pendant ce temps, un véritable serial killer est à l’œuvre et multiplie les pauvres victimes, le flic tenace (Ting Yip Ng) ne sachant plus où donner de la tête dans ce bordel où tout le monde semble peu à peu perdre pied. Une pointe de fantastique et de possession plus loin, Mad Fate est constamment porté par une énergie débridée, une folie des plus contagieuses. On se demande d’ailleurs si cette dernière n’est pas la seule solution à un déterminisme taoïste constamment figuré par un ciel menaçant, couvert, hésitant entre orages secs et trombes d’eau. Si le film connait un démarrage fracassant, il a tout de même tendance par sa propre opulence, ses chassés-croisés, ses constants revirements par loin parfois de l’hystérie, à s’essouffler un peu en cours de route, collant aux basques de personnages en roue libre.
La proposition n’en est pas moins étonnante, baroque à souhait, et met à nouveau en évidence les talents formels d’un réalisateur maniériste soit (on pense parfois ici au giallo) mais tout autant nerveux et électrisant. Une pierre de plus à apporter à une filmographie qui devient effectivement de plus en plus intéressante.
Image
Petite exclue HD pour Carlotta puisqu’aucun voisin occidental n’a pour l’instant proposé ce film en Bluray. Une copie d’excellente qualité d’ailleurs, héritée d’une source numérique capturée avec des caméras Arri Alexa Mini et diverses batteries optiques, masterisée en 2K. Le transfert se fait donc sans ombrage, assurant propreté et stabilité, et jouant sur ces explosions de couleurs et de contrastes propres au réalisateur. La palette est chaude et riche. Seules finalement les petites retouches numériques visibles (certaines scènes nocturnes, la couleur de certains éléments, le chat en image de synthèse…) viennent amoindrir la solidité de l’ensemble par un piqué moins tendu. Mais en dehors de la définition est elle aussi des plus satisfaisantes.
Son
La piste sonore DTS HD Master Audio 5.1 n’est pas forcément la plus impressionnante qui soit, jouant certes avec énergie sur les accents les plus délirants et tendus du film, mais restant assez timide sur les ambiances. Les dialogues sont toujours clairs et vifs et insufflent une dynamique bienvenue à l’ensemble. Pour les installations Home Cinema plus sobres, la piste cantonaise est aussi disponible dans un DTS HD Master Audio 2.0 net et solide.
Interactivité
Pour la sortie de cette édition Bluray, Carlotta Films a enregistré une petite rencontre avec le réalisateur Soi Cheang. En quelques mots, il évoque un petit passage à vide post-COVID au sein de l’industrie du cinéma hongkongais et l’opportunité offerte par Johnnie To avec Mad Fate. Le réalisateur évoque son casting, le tournage, mais aussi une petite mésentente avec le producteur à propos du dernier plan du film. Quelques infos et anecdotes, même si on sent le réalisateur moins passionné que lors de la promotion de Limbo ou City of Darkness.
Liste des bonus
« Le Poids du destin » : Entretien inédit avec Soi Cheang (16’), Bande-annonce (1’).