MACROSS PLUS
Japon – 1994
Support : Bluray
Genre : Science-fiction
Réalisateur : Shoji Kawamori, Shin’ichiro Watanabe
Acteurs : Rica Fukami, Banjö Ginga, Show Hayami, Megumi Hayashibara, Mako Hyôdô, Unshô Ishizuka…
Musique : Yôko Kanno
Image : 1.33 16/9
Son : Japonais DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 4×39 minutes
Editeur : All The Anime
Date de sortie : 22 janvier 2025
LE PITCH
Nous sommes en 2040 et la galaxie est florissante, avec plusieurs colonies et une technologie avancée. L’IA est proche de la perfection et l’idole la plus en vue est la Virturoid Idol Sharon Apple, dont la construction est presque achevée. Tout ce qui lui manque, ce sont ses sentiments réels, qui sont fournis par Myung Fang Lone. Le premier concert de Sharon a lieu sur la planète Eden, où, au même moment, les pilotes de chasse Isamu Dyson et Guld Bowman se disputent la supériorité aérienne dans le cadre du « Projet Supernova ». Isamu, Guld et Myung étaient autrefois des amis d’enfance, mais après un accident survenu il y a sept ans, ils ont pris des chemins différents.
Dedicated to all pionneers
Classique de l’anime des années 90 et symbole d’une certaine démocratisation de ce « dessin animé pour grand » venu du Japon, Macross Plus eu les honneurs d’une diffusion sur Canal + ainsi que de fameuses sorties VHS et DVD au sein du label Manga Video. Tout une époque, mais une œuvre toujours aussi riche et impressionnante.
A l’origine de Macross Plus, il y a bien entendu Macross, série animée révolutionnaire datant de 1982, dépassant le simple démarquage de l’incontournable Gundam, en emportant ses propres robots géants, ici transformable en avion / vaisseaux spatial, et sa base gigantesque, dans un space opera gargantuesque… et musical. Un classique et un bijou du genre qui en dehors d’un Macross II pas totalement officiel (et dégagé depuis de la chronologie) n’avait pas vraiment connu de suite jusqu’à ce que le studio Nue se décide enfin en 1994 à raviver la licence et à marquer le coup en commandant à son créateur, l’excellent Shoji Kawamori (accessoirement mecha-designer sur Ulysse 31, Patlabor ou Ghost in the Shell), une authentique suite. Il y a en aura deux. Si la série tv Macross 7, embrassant totalement le ton adolescent et plutôt solaire, sera finalement confié à une autre équipe, les quatre OAV de Macross Plus elles resteront sous l’égide du monsieur, accompagné à la réalisation et l’écriture par un certain Shin’ichiro Watanabe avec qui il collaborera à nouveau les années suivantes pour les projets tout aussi marquants que Vision d’Escaflowne et bien entendu Cowboy Bebop.
Wanna be an Angel
Deux artistes qui vont ici multiplier les paris en marquant déjà une certaine distance avec l’œuvre originale, logeant le récit à la surface de deux planètes (Eden et dans une moindre mesure la terre) plutôt que dans l’espace et laissant la guerre essentiellement hors champs ; s’intéressant certes à un nouveau triangle amoureux mais cette fois-ci adulte, le tout apportant ainsi un angle plus proche du sol et plus mature. Plus de sauvetage de l’humanité à l’horizon (quoi que), plus de premiers émois adolescents et de grandes considérations sur une humanité, mais d’une certaine façon un thriller technologique, un anime d’action, s’adressant directement à des spectateurs de la première heure qui auraient grandi, eux aussi. Pas besoin d’ailleurs d’avoir visionné la première série (longtemps connue chez nous plus ou moins sous le nom de Robotech), puisque si l’univers est le même et que le grand final se déroule bien autour de l’ancienne base Macross transformée en monument historique, le scénario a presque plus à voir avec L’étoffe des héros et un Top Gun non patriotique et cérébral.
Idol Talk
Ici donc une grande compétition militaire entre deux équipes tentant de mettre en avant leur nouveau modèle de Valkyrie, l’un valorisant des commandes à l’ancienne, l’autre se connectant directement sur les ondes cérébrales du pilotes… alors qu’un troisième projet secret mise tout sur une intelligence artificielle. Œuvre précurseur, Macross Plus aborde la question de l’A.I. frontalement. Et comme une menace en quête d’identité, symbolisée par l’égérie Sharon Apple, nouvelle idole musicale planétaire aux concerts spectaculaires et qui va peu à peu prendre son indépendance sur sa créatrice Myung. Moderne !
Un mélange d’entrainement survoltés, de dogfights époustouflants et nerveux et de séquences musicales hypnotiques, mais qui ne cachent jamais ce regard particulièrement touchant porté sur les trois héros, Isamu, Gurd et Myung, trois amis d’enfance séparés par un drame passé sous silence, mais aussi et avant tout par les années. Des personnages confrontés aux regrets, aux rêves évanouis, aux sentiments inavoués, qui vont s’exprimer pour les deux pilotes dans les airs et pour la chanteuse dans le superbe Voices qui ouvre le premier épisode. Profitant d’une animation d’excellente qualité et de petites prouesses techniques presque avant-gardiste dans l’utilisation de 3D, les épisodes sont constamment dopés par une mise en scène inspirée, voire virtuose, autant dans les séquences les plus spectaculaires que dans les nombreux moments d’émotion ou contemplatifs.
Mais Macross Plus est aussi totalement emporté par le travail musical renversant et électrisant de Yoko Kanno (Please Save my Earth, Cowboy Bebop, Ghost in the Shell : Stand Alone Complex). Mélangeant allègrement trips électro et dance métaphysique pour incarner les tubes de Sharon Apple, renouant avec de grands morceaux symphoniques et orchestraux pour figurer l’envolée des pionniers avant de revenir à l’essentiel d’un simple piano, elle consolide constamment les liens entre les différentes trames, les différentes aspirations de la série et notre triangle amoureux. Une réussite de plus à créditer à cette mini-série décidément passionnante et qui se bonifie certainement avec les années, et la nostalgie de premiers spectateurs.
Image
Disponible depuis des lustres au Japon, les bluray de Macross Plus arrivent enfin en France. Peu ou pas d’information sur la source initiale pour ce programme mélangeant alors animation traditionnelle (sur cellulos donc) et images de synthèse, mais le résultat est là avec une image limpide, nette, propre et stable (à contrario des anciens masters vidéo tremblotants). Les couleurs sont bien vives et contrastés et les différents effets de lumières, numériques ou trucages optiques se marient à la perfection. Éclatant et enfin à la hauteur de ce grand moment d’animation, seule peut-être la définition aurait mérité d’être un tout petit peu plus creusée, plus profonde, pour atteindre l’excellence.
Son
Les quatre OAV retrouvent simplement leur stéréo d’origine et leur doublage français historique. Malgré les efforts des acteurs c’est comme toujours la version originale qui séduit, plus solide et plus équilibrée, réussissant à instaurer quelques dynamiques malgré les limitations frontales.
Le long métrage lui est disponible dans un DTS HD Master Audio 5.1 bien plus cinématographique et ample, même si malgré les efforts (les dogfights ou les deux concerts) on n’atteint jamais la dimension d’un film entièrement conçu pour le grand écran.
A noter que les sous-titrages ont entièrement été refaits pour l’occasion.
Interactivité
Comme pour nombres d’autres séries animées, et en particulier l’autre franchise Gundam, All The Anime propose Macross Plus sous la forme d’un mini box ultimate avec gros fourreau cartonné et solide comprenant deux boitier scanavo classiques (OAV d’un côté et film de l’autre) agrémenté de quatre cartes collectors et d’un mini artbook compilant croquis et recherches visuelles.
Du côté des suppléments vidéo, le premier disque se montre bien chiche avec seulement une bande annonce d’époque et les petites previews des épisodes suivants autrefois placés en fin d’épisode.
Le programme est un peu plus complet sur le second disque avec la présentation des différentes bandes promos et cut-scenes remontées du jeux vidéo officiel (qui n’a pas bien vieilli) et surtout de vraies interventions des créateurs de la série. Via une petite présentation du film enregistrée par Shoji Kawamori pour une projection aux USA, et surtout des interviews bien plus complètes de celui-ci puis de son compère animateur Ichiro Itano. Si la forme peut sembler un peu austère, le propos revient généreusement sur l’héritage de la première série, les différentes orientations imaginées pour la « suite », la construction des personnages, le concept des designs et l’implication des nouvelles technologie… jusqu’à une présentation de nouvelles figurines.
L’essentiel ici restant bien entendu de pouvoir enfin découvrir de manière officielle la version cinéma de Macross Plus, remontage plutôt intéressant des OAV avec une réorganisation de séquences et d’évènements, ainsi que l’ajout d’une bonne quinzaine de minutes inédites plongeant plus profondément dans le passé des trois personnages ou développant plus spectaculairement encore le grand final. Si le rythme général semble moins maitrisé, il n’en reste pas moins indispensable pour les fans.
Liste des bonus
Un Artbook (72 pages), 4 artcards, Macross Plus Movie Edition (1995, 115’), Macross Plus Game Edition, Vidéo de promotion de l’OVA, Preview des épisodes 2,3 et 4, Shoji Kawamori : message spécial de la séance du 12/14/2021 aux USA, Interviews de Shoji Kawamori et Ichiro Itano.