« C’était une époque qui nécessitait des héros et MacArthur était là ! Avec le faste et la grandeur d’un général romain, il nous mena vers la victoire ! » C’est ainsi que la bande-annonce américaine présentait le film lors de sa sortie en 1977… Toutefois, même si Joseph Sargent (principalement connu pour Les pirates du métro) tressera les lauriers de Douglas MacArthur vainqueur du Japon lors de la Seconde Guerre Mondiale, il saura aussi montrer les côtés plus problématiques de cette véritable légende américaine qui faillit bien déclencher une troisième Guerre Mondiale en 1951, lors de la Guerre de Corée.
Il faut dire que depuis la fin des années 1960, avec l’instauration de Nouvel Hollywood et le traumatisme de la Guerre du Vietnam, les films de guerre sont boudés et les héros, militaires qui plus est, ne font plus recette. Pourtant en 1970, Patton avait été un véritable succès public et critique, et c’est d’ailleurs le même producteur, Frank McCarthy, qu’on retrouve derrière ce projet qui ne connaîtra pas la même réussite toutefois.
Pour incarner ce général droitier qui dédia quasiment toute sa vie à sa patrie, Sargent et MacCarthy réussissent un coup de maître en offrant le rôle à Gregory Peck, connu pour ses opinions démocrates et en faveur des droits civiques. Bien que réticent d’abord, l’acteur se fond totalement dans le rôle et incarne à merveille les contradictions de MacArthur : homme dur, de droite, interventionniste et en même temps très humain, fidèle, loyal et juste.

La Guerre du pacifique

Il s’agit d’ailleurs de l’un de ses derniers grands rôles avec La malédiction, tourné un an auparavant. Outre la finesse de son jeu, à la limite du caricatural, Peck cultivait en plus une ressemblance avec MacArthur. En somme, sa prestation et son implication dans les dialogues font de sa présence un très bon mobile pour voir ce MacArthur, qui souffrit cependant de nombreuses coupes, au grand dam de l’acteur.
MacArthur n’est malheureusement pas un grand film, la faute à une réalisation assez banale, des scènes de guerre rapidement escamotées et très rares, ainsi qu’un jeu souvent savoureux mais peu réaliste des différents protagonistes, au rang desquels deux anciens présidents américains : Roosevelt et Truman. Le film repose d’ailleurs beaucoup sur des séquences de discussion et autres discours amenant une certaine absence de rythme malgré une ambiance singulière et tendue parfaitement retranscrite.
En fait, le principal intérêt de ce biopic est justement d’en savoir un peu plus sur ce personnage ainsi qu’une période de l’Histoire souvent évacuée dans nos contrées : la Guerre du Pacifique, la reddition du Japon et la Guerre de Corée qui précipitera la chute d’un MacArthur qu’on verra sous les traits d’un progressiste pacifique lors de sa présence au Japon…puis d’un dangereux kamikaze lors des événements coréens. Dans un monde qui a changé, avec le début de la guerre Froide et la théorie des dominos, un général aussi offensif, et désobéissant, devenait un véritable danger.

C’est donc avec une certaine amertume qu’on termine un film au sujet passionnant, doté d’une belle BO de Goldsmith et magistralement interprété par sa tête d’affiche. Mais le reste du casting n’est pas à la hauteur, le montage est surprenant (les coupes eurent lieu principalement sur l’épisode japonais qui est pourtant le passage le plus intéressant du film) et le tout paraît finalement assez « cheap » (nombreuses images d’archive et scènes de guerre tournées en studio par exemple) …