LOVE AND MONSTERS
États-Unis, Canada, Australie – 2020
Support : Bluray
Genre : Fantastique
Réalisateur : Michael Matthews
Acteurs : Dylan O’Brien, Jessica Henwick, Michael Rooker, Dan Ewing, Ariana Greenblatt, Ellen Hollman, …
Musique : Marco Beltrami, Marcus Trumpp
Durée : 109 minutes
Image : 2.39 16/9
Son : Anglais DTS-HD Master Audio 7.1, Français, Allemand, Espagnol et Italien Dolby Digital 5.1
Sous-Titres : Français, Anglais, Espagnols, Italiens, …
Éditeur : Paramount Pictures
Date de sortie : 20 avril 2022
LE PITCH
Dans un monde infesté de monstres géants, Joel apprend que sa petite amie n’est qu’à 130 km. Pour faire le dangereux voyage vers la fille de ses rêves, Joel devra faire preuve d’un courage héroïque…
Bienvenue dans Monsterland
Au carrefour du teen movie, du post-apo et du film de monstres old school, Love and Monsters aurait aisément pu prétendre à un joli succès en salles si un certain virus d’origine indéterminée n’était pas passé par là. Récupéré et distribué à moindre frais par Netflix au mois d’avril 2021, le second long-métrage de Michael Matthews s’offre une seconde vie en vidéo. Petite séance de rattrapage.
La voix-off pleine d’ironie de Joel (Dylan O’Brien, l’endive de la trilogie Maze Runner), couplée à une série de dessins d’enfants animés de façon rudimentaire, nous raconte l’apocalypse. Etant parvenu à détruire l’astéroïde qui menaçait l’humanité avec une flopée de missiles nucléaires, les gouvernements n’ont pourtant pas su anticiper les retombées radioactives qui ont permis à la faune et à la flore de muter dans de terribles proportions et d’éradiquer des milliards de terriens un peu trop couillons pour mériter de survivre au sommet de la chaîne alimentaire. À cette introduction fait suite une description des nouvelles conditions de vie des survivants dans des bunkers souterrains où tout le monde finit en couple. Sauf Joel, frustrée de ne pouvoir se blottir – et plus, parce qu’affinités – auprès de sa bien-aimée Aimee (sic!), campée par la très mignonne Jessica Henwick. Lorsqu’il finit par repérer la position exacte de la colonie de sa dulcinée, Joel entreprend la traversée d’une Terre devenue extrêmement hostile, un périple qu’il va partager avec un survivaliste bad ass (Michael Rooker, puisque Woody Harrelson était en congé), une gamine débrouillarde (Ariana Greenblatt) et … un chien.
Impossible à la lecture de ce bref résumé de ne pas penser, à quelques détails près, au Bienvenue à Zombieland de Ruben Fleischer. Moins sale gosse que le réalisateur des calamiteux Venom et Uncharted, Michael Matthews a pourtant à cœur de livrer un spectacle familial et fait donc l’impasse sur le gore, Metallica et l’immoralité pour se rapprocher d’une bienveillance, d’un humour et d’une poésie qui évoquent conjointement les productions Amblin, Pixar et Ghibli. Ce qui n’a rien d’étonnant puisque le producteur de Love and Monsters n’est autre que Shawn Levy, réalisateur des Nuits au Musée, de Free Guy et de bon nombre d’épisodes de la série Stranger Things, le carton nostalgique de Netflix.
Le monde perdu
Constat lucide, sitôt le générique de fin lancé, Love and Monsters s’efface assez vite des mémoires. Et la caractérisation trop superficielle (quand elle n’est pas inexistante) de la quasi totalité des personnages y est clairement pour quelque chose. C’est bien simple, les enjeux ne cassent pas des briques et le casting est facilement dominé (sans mauvais jeux de mots) par le chien Boy, incarné par une paire de bergers australiens kelpie, Hero et sa doublure, Dodge. Linéaire, scolaire, la narration se voudrait joliment académique mais frôle la paresse et le pilotage automatique.
Bien plus fascinant est l’incroyable bestiaire que Michael Matthews et son équipe de magiciens des effets visuels nous dévoilent au gré de morceaux de bravoure rendant un hommage évident à Ray Harryhausen. Crapaud vorace, fourmi meurtrière, escargot se fondant dans le décor, centipède véloce et, clou du spectacle, un crabe géant tractant le yacht d’une bande de pirates sans foi ni loi. Love and Monsters n’a pas volé sa nomination aux Oscars (dommage, au passage, qu’il ait perdu face à Tenet) et propose les plus belles créatures en CGI que l’on ait pu voir sur un écran depuis Pacific Rim ou Avatar. Un miracle de conception en amont plus qu’un exploit technologique bidouillé en post-production, chaque monstre ayant un comportement, une biologie et une histoire propre qui leur confèrent une crédibilité saisissante. D’ailleurs, on ne s’étonnera guère que la révélation des sévices subis par le crabe géant lors du climax génère davantage d’émotion que les retrouvailles entre Joel et Aimee. Pas franchement à la hauteur d’un John Hughes dans la teen comedy (même si certains dialogues ne manquent pas de mordant), Michael Matthews préfère très clairement explorer son terrain de jeu, filmer ses bêbêtes avec un amour de fan boy et aligner avec une cohérence redoutable ses multiples sources d’inspiration : de La vallée de Gwangi à Nausicaà de la Vallée du Vent, en passant par À des millions de kilomètres de la Terre, Jurassic Park et même Wall-E au détour d’une étonnante escale auprès d’un robot dans un motel abandonné.
Love and Monsters a du cœur et de la gueule, et c’est ce qui le différencie de quantité de blockbusters tenant davantage du son et lumière que de l’œuvre de cinéma. Gageons que la suite que Michael Matthews et Dylan O’Brien appellent de leurs vœux verra le jour et viendra corriger les défauts de cette sympathique série B aux personnages trop anecdotiques.
Image
On pourrait croire à une erreur mais le transfert haute-définition propose effectivement une copie moins lumineuse que celle exploitée sur Netflix. On en voudra pour preuve les scènes du premier quart d’heure dans le bunker ou la discussion nocturne avec le robot Mav1s sur le porche du motel, les contrastes faisant ressortir des couleurs à la limite de la saturation pour compenser. Pas bien grave en soi puisque l’on reste dans le très haut du panier des standards blu-ray avec une définition aiguisée, un grain confortable et une compression indétectable.
Son
Un univers acoustique particulièrement détaillé et immersif grâce à 7.1 privilégiant les ambiances, qu’elles soient subtiles ou plus explosives. Belle présence des dialogues et d’une piste musicale jamais intrusive. La version française conserve le même tonus mais au détriment de la subtilité et du découpage à l’arrière.
Interactivité
Voilà précisément ce qui manquait à la distribution sur Netflix : une interactivité. Et bien que limitée et assez conventionnelle, elle fait le boulot. Les scènes coupées auraient pour la plupart mérité d’intégrer le montage final, notamment dans le développement des personnages du bunker et dans une attaque stressante à l’intérieur d’une carcasse de voiture (mais aux VFX non finalisés). Les deux featurettes mettent la pédale douce sur la promotion pour délivrer un maximum d’infos en à peine un quart d’heure, du tournage en Australie à l’emploi d’animatroniques et de décors très détaillés en passant par une présentation des deux toutous qui jouent Boy. Ouaf !
Liste des bonus
6 Scènes coupées (11 minutes), « Bottom of the food chain : The cast of Love And Monsters », « It’s a monster’s world : creating a post-apocalyptic landscape ».