Renommé très sobrement en France Loups-Garous, Werewolves Within est au départ une adaptation cinématographique assez inattendue d’un jeu vidéo du même nom datant de 2016. Une expérience compatible avec Oculus Rift et Playstation VR, reprenant lui-même tout à fait ouvertement le concept initial du célèbre jeu de société, et grand classique des veillées autour du feu, Les Loups-garous de Thiercelieux. Produit par la branche ciné d’Ubisoft, le film en question transpose directement la dynamique générale dans le contexte beaucoup plus contemporain d’une bourgade paumée au nord du continent américain, assaillie par la neige, un projet peu écolo de gazoduc et une créature affamée. Déjà à l’œuvre sur le jeu vidéo Mishna Wolff préserve le même ton assez léger, le traitement humoristique, mais en profite pour insérer des distensions un peu plus dans l’air du temps : un peu de xénophobie des familles, des fractures sociales bien visibles et bien entendu une opposition écologiste / capitaliste exacerbée par les cadavres à moitié dévorés découverts heure après heure. Une dynamique certainement héritée du fameux whodunnit, de la tradition Agatha Christie, qui a retrouvé la voie du succès récemment avec l’excellent A couteau tiré.

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Mais là où ce dernier était un modèle de finesse, de multiplications de lignes, de suspects potentiels et de motivations peu avouables, Loups-Garous se montre beaucoup plus simpliste autant dans ses personnages excessifs qui ne s’échappent jamais de leurs stéréotypes initiaux, ou dans le déroulement général ne laissant que peu de mystère (désolé) sur l’identité du lycanthrope. Cela n’empêche pas le film d’être assez plaisant, déjà par son mélange assumé de comédie de situation (sans une once de vulgarité, ce n’est pas si fréquent) et d’horreur mainstream (pas de gros effets vraiment gore). Découvert en 2020 avec un malin Scare Me jouant déjà sur le dispositif méta d’histoires effrayantes contées autour d’une cheminée, Josh Ruben (un ancien de CollegeHumor), compose l’ensemble comme un charmant hommage aux classiques de la screwball comedy, délivre des séquences collectives reproduisant parfaitement les engueulades d’une partie de Loup-Garous et dirige solidement un petit casting assez sympathique mené par Sam Richardson (Detroiters) en Marshall « trop » gentil » et Milana Vayntrub (This is Us) en factrice charmante et gentiment excentrique.

Petit divertissement qui s’efforce de préserver l’équilibre difficile entre comédie et épouvante (gentillette), Loups-Garous n’a rien de répréhensible, mais reste cependant bien trop sage, trop « safe », pour marquer le spectateur au-delà d’une petite soirée chocolat chaud.