L’ŒIL DU LABYRINTHE
L’Occhio nel labirinto – Italie, Monaco – 1972
Support : Bluray
Genre : Thriller
Réalisateur : Mario Caiano
Acteurs : Rosemary Dexter, Adolfo Celi, Horst Frank, Sybil Danning, Franco Ressel…
Musique : Roberto Nicolosi
Durée : 95 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Italien et français PCM 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Artus Films
Date de sortie : 05 avril 2022
LE PITCH
La jeune et jolie Julie suit une thérapie auprès de Luca, son psychiatre qui est aussi son amant. Une nuit, elle rêve qu’il se fait assassiner dans d’étranges conditions. Voulant lui faire le récit de son rêve, elle se rend chez Luca, qui demeure introuvable. A l’aide de l’agenda de son amant, elle se met à sa recherche, et va atterrir, après deux agressions, dans une villa luxueuse, parmi des gens troubles et excentriques.
Tous coupables !
Toujours aussi marqué par l’œuvre d’Agatha Christie, le fameux Giallo italien n’est jamais aussi fascinant que lorsqu’il s’immisce dans la perversion et la culpabilité de personnages antipathiques. De de ce côté-là, les pensionnaires de la petite maison méditerranéenne de L’œil du labyrinthe valent le détour.
Un opus qui n’est pas signé par un metteur en scène coutumier du genre, mais par le touche-à-tout Mario Caiano, artisan italien ouvertement modeste qui a fait, comme tout le monde, ses premières armes du côté du péplum (Ulysse contre Hercule, Maciste et les cent gladiateurs) avant de bifurquer vers le western (La vengeance de Ringo, Un Train pour Durango) et le polar violent (Assaut sur la ville, Antigang), mais toujours avec un certain savoir-faire et une appréciable efficacité. Doté d’une mise en scène justement assez sobre, il se montre étrangement plus inspiré lorsqu’il s’attarde par deux fois à un cinéma voisinant avec l’horreur. Le superbe Les Amants d’outre-tombe, dégradé mémorable du Masque du démon, et son seul et unique giallo : L’Œil du labyrinthe. Il prend pourtant de vraies distances avec les contours habituels du genre ne faisant pas intervenir de tueur masqué (les morts sont d’ailleurs très peu nombreuses) ou ne s’emportant pas dans de grandes envolées stylistiques, mais préférant un rythme lent, lourd, pesant, et une trame qui avance comme dans un jeu d’échec, pièce par pièce, obligeant les personnages à révéler peu à peu leurs perfidies.
Péril en la demeure
Lancée sur les traces de son psychiatre et amant, la jolie Julie (Rosemary Dexter héroïne du fameux Justine de Jess Franco) est accueillie par les étranges résidents d’une riche villa de bord de mer qui tous cachent une très bonne raison d’avoir potentiellement mis fin à la vie de Luca qui, il faut le dire, était une sacrée ordure. Mœurs sexuels marginaux, anciens truands, artistes ratés et couples sordides habitent les lieux et imposent une tension permanente dans un jeu du chat et la souris où le spectateur n’arrive plus à savoir s’il y a vraiment eu crime ou pas. Incarné par quelques grands noms du cinéma italien de genre (Adolfo Celi, Alida Valli, Horst Frank ou Sybil Danning) ils transpirent tous la culpabilité, la perversion, la cruauté mais semblent en même temps être capable de se souder face à l’enquête louvoyante de la protagoniste. Comme souvent l’ombre d’Agatha Christie plane au-dessus du film, établie façon partie de Cluedo, avec une part naturelle et omniprésente d’enjeux psychanalytiques particulièrement troubles. Doté d’un scénario plus construit qu’une bonne moyenne des gialli L’Œil du labyrinthe réussit même à préserver un excellent effet de surprise pour sa dernière bobine, où les cadavres et l’abjection refont surface en entraînant tout ce beau monde aux lisières de la folie… voir les deux pieds dedans.
Un soupçon d’érotisme (mais toujours dévoyé), un horrible tableau qui détient l’indice crucial, une description amère de la nature humaine et des compositions free-jazz signée Roberto Nicolosi (incontournable compositeur de Mario Bava), voilà bien un Giallo pur jus, mais avec un joli zeste d’originalité.
Image
Petite copie HD qui a déjà traîné du côté du marché italien et anglais, cette remasterisation pour Bluray date un peu autant dans sa source (qui n’est pas dénuée de petites taches et de quelques griffures) que dans son procédé de restitution (on est loin d’un nouveau scan 2k). Les couleurs semblent toujours un peu trop ternes et la définition reste légèrement en retrait. Modeste donc, mais pas déplaisant non plus, puisque l’image est très stable, plutôt harmonieuse avec aucune trace envahissante de logiciel lissant.
Son
Pas de traces ici de la version doublée anglaise, ce sont les versions italienne et française qui ont été privilégiées. Dans les deux cas le mono d’origine s’en sort plutôt bien avec quelques petits crissements mais rien de dérangeant. Le son est frontal et assez propre, donnant une belle part de son espace à la musique.
Interactivité
Serti dans un élégant digipack qui viendra rejoindre l’excellente collection Giallo d’Artus Films, L’Œil du labyrinthe n’est accompagné, outre une série de bande annonce, comme seul bonus (ce qui est déjà mieux que rien) que par la présentation du film par Emmanuel Le Gagne. Journaliste à Culturopoing, il profite de cet item pour s’efforcer de réhabiliter le réalisateur Mario Caiano, souvent oublié parmi la masse d’artisans italiens alors qu’il a tout de même livré quelques authentiques réussites. Il résume ainsi sa carrière dans les grandes lignes, évoque ses films les plus célèbre et développe plus largement son propos sur le film en présence qu’il considère, à juste titre, comme l’un des sommets de sa carrière. Classique mais intéressant.
Liste des bonus
« Mario Caiano et L’œil du labyrinthe » : présentation du film par Emmanuel Le Gagne ( 24’), Bande-annonce.