L’ODYSSEE DU SOUS MARIN NERKA
Run Silent, Run Deep – États-Unis – 1958
Support : Blu-ray & DVD
Genre : Guerre
Réalisateur : Robert Wise
Acteurs : Burt Lancaster, Clark Gable, Jack Warden, Brad Dexter, Don Rickles
Musique : Franz Waxman
Durée : 93 minutes
Image : 1.66 16/9
Son : Anglais, Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : Rimini Editions
Date de sortie : 22 juillet 2023
LE PITCH
1942, Océan Pacifique. Le sous-marin du commandant Richardson est coulé par un destroyer japonais, l’Akikaze. Richardson en réchappe avec quelques hommes. L’année suivante, il se voit confier la responsabilité d’un autre sous-marin, le Nerka. Hanté par le souvenir du précédent naufrage, le commandant n’a qu’une obsession : retrouver l’Akikaze et se venger.
USS Wise
Il y a des metteurs en scène qui malgré leurs réussites n’arrivent pas à dépasser le stade de bon faiseur pour la critique. Un style non identifiable, une ligne directrice pavée de sentiers de traverse empêche souvent le cinéaste d’obtenir le statut convoité d’auteur. Robert Wise en est un très bon exemple.
Wise peut rejoindre Richard Fleisher au panthéon des auteurs touche-à-tout, méprisés et oubliés. L’un comme l’autre ont navigué sur les eaux tumultueuses des différents studios surfant entre les genres avec autant d’aisance qu’un singe à faire des grimaces. Faut-il des preuves ? Non ! Mais on va vous en donner quand-même. Le monsieur qui a débuté comme monteur pour Orson Welles sur Citizen Kane a abordé le drame avec Nous avons gagné ce soir, la science-fiction avec Le jour où la terre s’arrêta, le fantastique pour La maison du diable, la comédie musicale West Side Story, l’adaptation télé Star trek ou le film de guerre comme ici avec L’Odyssée du sous-marin Nerka. On pourrait continuer la liste mais on pense que vous avez compris. Si tous ses films ne sont pas des chefs-d’œuvre, il n’y en a pas de mauvais et il faudra s’avouer de mauvaise foi pour ne pas reconnaître leurs qualités. Encore aujourd’hui, le poids des années ne semble pas avoir de prise sur eux.
Artiste complet
Ses compétences et son savoir-faire ne passent pourtant pas inaperçus. L’acteur Burt Lancaster est aussi devenu un producteur indépendant et ambitieux. Il a du mal à se remettre de l’échec cuisant de son Grand Chantage dans lequel il jouait également. Pour se refaire il s’attelle à un genre qui vient de cartonner l’année précédente avec Torpilles sous l’Atlantique : le film de sous-marin. Pour plus de réalisme il s’inspire de tactiques mises au point par les sous-mariniers américains dans le Pacifique durant la Seconde Guerre Mondiale qui attaquaient en surface les navires d’escorte des convois maritimes japonais pour les torpiller de face lorsque ceux-ci fonçaient sur eux pour les éperonner. Le budget d’une production indépendante force le réalisateur à utiliser des maquettes pour les scènes maritimes. Point faible du film. Conscient de ses limites, Robert Wise concentre l’action dans le huis clos du sous-marin, lieu propice pour le bon développement des rapports humains. Ceux-ci se développeront particulièrement entre les deux têtes d’affiche ; le commandant Clark Gable et l’officier Burt Lancaster. Cet affrontement est le sommet du film. Wise prend son temps. D’abord latent mais palpable, il s’intensifie allant crescendo comme l’affrontement entre le cuirassé japonais et le sous-marin du film. Les acteurs jouent le jeu sans tirer la couverture vers leur ego. Si Lancaster est au sommet de sa carrière, Gable montre déjà des signes de fatigue, affaibli par la maladie qui l’emportera quelque temps plus tard. Robert Wise manie tout ce microcosme enfermé dans une boîte de conserve géante sans temps mort et avec brio comme à son habitude. Il démontre une fois encore que le manque de moyens et d’effets pyrotechniques ne vaut pas une bonne mise en scène. On ne peut que conseiller de regarder sa maison du diable, sommet de l’art suggestif pour s’en convaincre.
Si ce n’est une fin abrupte, nous avons ici un petit classique du film de sous-marin. Sa thématique est d’ailleurs allègrement copiée dans le USS Alabama de Tony Scott. Malheureusement pour Burt Lancaster, si le film se remboursa, il ne renflouera pas les caisses de sa société de production. Il a pu tout de même démontrer le savoir-faire d’un metteur en scène certes touche à tout mais efficace quel qu’en soit le sujet.
Image
Le film a bénéficié d’un beau travail de rafraîchissement en respectant le grain d’origine de la pellicule. Si les gros plans y gagnent en piqué, les plans larges sont moins convaincants notamment à cause des maquettes bien plus visibles sur ce genre de travail.
Son
Les pistes-son apparaissent bien toniques. Nous avons le droit à des dialogues clairs où l’équilibre est convaincant, aussi bien sur la version originale que sur la version française.
Interactivité
Laurent Aknin est de retour chez Rimini pour nous analyser le sous-marin Nerka. Nous sommes bien d’accord avec lui, pour dire combien Robert Wise est un cinéaste doué et à l’aise dans tous les genres. Au-delà de cette perspective, il rentre dans la mise en place de cette production indépendante avec Burt Lancaster en producteur exécutif.
Liste des bonus
Entretien avec Laurent Aknin, historien du cinéma (22’), Bande-annonce (3’).