L’OASIS DES TEMPÊTES
The Land Unknown – États-Unis – 1957
Support : Blu-ray & DVD
Genre : Fantastique
Réalisateur : Virgil W. Vogel
Acteurs : Jock Mahoney, Shirley Patterson, William Reynolds, Henry Brandon, Douglas Kennedy, Phil Harvey, …
Musique : Henry Mancini, Heinz Roemheld, Hans J. Salter, Herman Stein
Durée : 77 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Français & Anglais DTS-HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Éléphant Films
Date de sortie : 11 avril 2023
LE PITCH
Maggie Hathaway, reporter, accompagne trois scientifiques pour une expédition en Antarctique. En survolant la zone en hélicoptère, ils sont pris dans une tempête qui les emporte dans un cratère. Ils vont y découvrir un monde totalement nouveau, au climat tropical et extrêmement dangereux…
Le monde perdu
Pour ses débuts derrière la caméra, le monteur Virgil W. Vogel confrontait déjà une équipe de scientifiques à une civilisation enfouie sous le plancher des vaches dans Le peuple de l’enfer. Creusant le même sillon, L’Oasis des tempêtes s’intéresse cette fois à une terre préhistorique dissimulée dans un cratère en Antarctique. Malgré le manque de moyens et un scénario à peu près aussi palpitant qu’une recette pour les pâtes au beurre, le cinéaste parvient de justesse à garder la tête hors de l’eau.
Sans l’échec au box-office en 1955 du sympathique Les Survivants de l’infini mené par Jack Arnold et Joseph M. Newman, L’Oasis des tempêtes aurait pu prétendre à une enveloppe confortable de la part d’Universal. Convaincu de tenir entre les mains un succès potentiel, le studio prévoyait même de faire bénéficier son survival préhistorique du luxe du procédé Technicolor, une marque de confiance. Seulement voilà, forcé de revoir ses ambitions à la baisse (et pas qu’un peu), le producteur William Alland taille dans le script de Laszlo Görög, impose une durée inférieure à 80 minutes et le noir et blanc et refile le bébé à Virgil W. Vogel, lequel vient de faire ses preuves auprès du public avec le très solide Le Peuple de l’enfer.
Habitué à faire des miracles en salle de montage, Vogel doit composer avec les miettes d’un budget de série B pour drive-in. Pour mettre en scène les quatre dinosaures qui traversent l’intrigue, il doit se contenter d’un cascadeur dans un costume de tyrannosaure, d’une paire de dragons de Komodo filmés au ralenti dans une jungle miniature et d’une créature marine conçue dans une animatronique rudimentaire (ses nageoires géantes utilisent un mécanisme d’hélice !). Faute de pouvoir tourner en extérieur, des stock-shots sont employés en abondance et le panorama de ce monde perdu se limite à de gigantesques toiles peintes à la main noyées dans la brume d’un climat tropical. À la guerre comme à la guerre !
Promenade de santé
Pas une star ne se bouscule au casting de L’Oasis des tempêtes. Mais Virgil W. Vogel réussit néanmoins à rassembler une petite troupe talentueuse et qui y croit dur comme fer. Cascadeur de formation, Jock Mahoney prête son physique de mâle alpha au commandant Harold Roberts, leader de l’expédition aux faux airs de Gary Cooper. Unique présence féminine, la séduisante Shirley Patterson est à même, par son seul charisme, de faire exister un personnage de potiche qui se retrouve bien vite au centre des enjeux. Dans le rôle d’un aviateur coincé depuis une décennie dans cet environnement sauvage et revenu à ses instincts primitifs, Henry Brandon complète par son regard fiévreux et un jeu très animal le trio de tête.
Maintenant l’illusion d’un rythme soutenu en dépit d’une vraie pénurie de rebondissements et de tunnels de dialogues pseudo-scientifiques, Vogel parvient aussi souvent que possible à faire passer ses vessies pour des lanternes. L’absence de tensions, de vraies scènes d’action et même de morts violentes ne jouent pas forcément en faveur du sentiment de danger qui devrait logiquement se dégager de ce monde perdu mais le suspense lié à une panne d’hélicoptère et des secours qui menacent de tourner les talons d’un jour à l’autre est un substitut aussi habile qu’efficace. Mais il échoue en revanche totalement à retranscrire la temporalité de son histoire, supposée s’étaler sur près d’un mois. À l’écran, on jurerait pourtant que toute l’aventure ne dure pas plus de 48 heures !
Témoin désuet d’une décennie généreuse en séries B hollywoodiennes emballées à toute vitesse, L’Oasis des tempêtes ne doit sa longévité qu’au titre d’une nostalgie bienveillante.
Image
Pour cette sortie en haute-définition d’un petit film presque oublié, Elephant Films a eu la bonne idée de se procurer la même copie ayant servi à la galette US parue chez Kino Lorber en 2019. À quelques défauts près (des accrocs de pellicule à la base du cadre), voilà un master en noir et blanc de tout premier ordre, au grain maîtrisé et à la définition probante. Les nombreux stock-shots entraînent parfois un surplus de fourmillements mais la compression sait se montrer robuste, notamment lors des scènes se déroulant dans un épais brouillard.
Son
Inutile de s’attendre à un quelconque relief mais les ambiances sont admirablement restituées dans des mixages nettoyés avec soin et le confort d’écoute est total avec peu de saturations et un souffle excessivement discret.
Interactivité
L’emballage est soigné, avec un fourreau vintage et une jaquette réversible qui laisse la possibilité d’admirer l’affiche d’origine. En outre, une longue et passionnante présentation du journaliste Fabien Mauro, saturées d’informations, assure le service après-vente d’une péloche qui ne se prête pourtant pas vraiment à l’analyse cinéphile.
Liste des bonus
Le film par Fabien Mauro (22 minutes) / Bande-annonce.