LITTLE BUDDHA
Italie, France, Liechtenstein, Royaume-Uni – 1993
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Drame
Réalisateur : Bernardo Bertolucci
Acteurs : Keanu Reeves, Ruocheng Ying, Chris Isaak, Bridget Fonda, Alex Wiesendanger, Sogyal Rinpoche…
Musique : Ryuichi Sakamoto
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 5.1 et 2.0, Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français.
Durée : 141 minutes
Editeur : Rimini Editions
Date de sortie : 12 septembre 2024
LE PITCH
Jesse Conrad, neuf ans, vit à Seattle avec ses parents. Un jour, la famille reçoit la visite surprise d’une délégation de moines bouddhistes venus du cœur de l’Himalaya. Ils sont persuadés que Jesse pourrait être la réincarnation d’un de leurs plus éminents chefs spirituels, mort neuf ans plus tôt, et souhaitent convier l’enfant au monastère pour lui faire subir des tests. Deux autres enfants sont identifiés comme pouvant prétendre être le lama réincarné. Parallèlement, on découvre la véritable histoire du Buddha.
En quête de l’illumination
Après Le Dernier Empereur et Un Thé au Sahara, Bernardo Bertolluci poursuivait son voyage international, pour ne pas dire oriental, avec Little Buddha nouvelle vaste production au casting presque hollywoodien, mais avec une orientation plus grand public étonnante de la part de l’auteur du Conformiste, 1900 ou Le Dernier Tango à Paris.
C’est que comme beaucoup d’artiste dans les années 90, en particulier dans le monde du cinéma, Bernardo Bertolucci a été particulièrement touché par la cause bouddhiste et le message d’un Dalaï-Lama exilé en France alors que son peuple était persécuté par le gouvernement chinois. Une philosophie pacifique rabrouée par l’impérialisme et le totalitarisme militaire, les images firent forcément le tour du monde mais permirent, au moins, à l’occident de s’intéresser plus sérieusement à la situation du peuple tibétain tout autant qu’à leurs croyances et à leur culture. Quatre ans avant le lourdaud Sept ans au Tibet de Jean-Jacques Annaud et le magnifique Kundun de Scorsese, c’est Bernardo Bertolucci qui le premier donnait corps sur grand écran à cette redécouverte avec Little Buddha, film reposant justement sur cette rencontre entre une famille américaine embourgeoisée, et le monde totalement étranger du bouddhisme. Une entrée fracassante puisque leur fils Jesse pourrait être la réincarnation du Lama Dorje, l’un de leurs chefs spirituels. Des parents joués par Chris Isaak et Bridget Fonda vivant dans la froide Seattle et bien entendu confronté déjà à la vacuité de leur mode de vie occidental (lui architecte se désespère de voir sa dernière création rester vide et perd même son job), ne semblent même pas réticent à ces déclarations des charmants moines et acceptent très (trop?) rapidement d’ouvrir leur fils à cette foi.
Nul n’est prophète
A l’image de cette photographie intensément bleutée contrastant avec la chaleur et la richesse des séquences orientales, Bertolucci ne fait pas vraiment dans la subtilité ici et délaisse le réalisme moral, voir l’ambiguïté habituelle de son cinéma, pour embrasser le manichéisme gentil de la fable non sans quelques petites tendances prosélytistes. Le film suit alors l’éducation et le voyage spirituel du jeune Jesse (et dans une moindre mesure de son paternel, maman est restée sagement à la maison) qui rencontre les autre prétendants possibles à cette réincarnation, mais aussi écoute docilement les histoires des moines, visite des parties du mondes moins riche mais bien plus vivantes que son Amérique natale. Des segments en mode « le bouddhisme pour les nuls » plutôt charmants mais aux aspects éducatifs trop manifestes qui sont heureusement alternés avec la mise en image riche et resplendissante des principaux épisodes de la vie du fameux prince Siddhartha qui deviendra Buddha une fois le nirvana atteint. Une esthétique colorée, des décors entre historique et fantastique somptueux, et une grammaire de conte solaire admirablement porté par le visage angélique, presque christique, du jeune Keanu Reeves. On retrouve là l’impérialité de la mise en scène de Bertolucci, quelque part entre le péplum biblique et Bollywood, qui traverse pour le coup très efficacement toute la symbolique bouddhiste tout en délivrant des tableaux évocateurs. Comme cette tentation des filles de Mara où justement les deux versants du film finissent par se fondre en un le temps de quelques superbes images.
La voie du milieu comme l’enseignait justement Bouddha. Quand l’image retrouve sa place aux cotés du message, c’est dans ces instants que Little Buddha trouve son équilibre et son chemin.
Image
Tout récemment restauré en Italie (à Cinecitta pour être précis) sous la supervision du directeur photo Vittorio Storaro, Little Buddha profite ici d’un tout nouveau scan 4K des négatifs 35mm et 65mm et d’un nettoyage extrêmement poussé de l’image. De très rares traces d’anciennes marques peuvent encore persister, mais elles sont rares et discrètes, assurant des cadres très propres, mais qui ne délaissent jamais la nature organique initiale de la pellicule, ne gommant jamais le grain organique ou les zones sombres plus neigeuses. Le film garde sa matière très 90’s associée à une définition redoutable et surtout à une maitrise considérable des couleurs, passant du bleuté froid des scènes américaines au chaleureux presque chatoyant du conte indien.
Son
Les version originale et doublée sont proposées dans un DTS HD Master Audio 2.0 très proche de la diffusion première avec une sonorité frontale mais dotée de quelques dynamiques dans les échanges et une stabilité très appréciable. La version anglaise se dote aussi d’un DTS HD Master Audio 5.1 plus moderne et surtout plus enveloppant qui, sans dénaturer le film et ses effets, lui offre une dynamique bien plus large jouant habillement sur les enceintes latérales et arrière pour mieux accompagner certes scènes fantastiques ou habiter plus généreusement la découverte du temple bouddhique et les mouvements des enfants dans la cour.
Interactivité
Rimini ne se satisfait jamais d’édition sans aucun bonus comme ce fut le cas pour Little Buddha jusque-là. Donc en plus de proposer le film au format 4K, cette nouvelle édition glisse sur le Bluray du film des suppléments rares issus des archives comme ces deux présentations promo du film servant aussi de mini-making of en donnant la parole au réalisateur et aux acteurs pour tracer les grandes lignes du film (thème, personnages, lieux de tournage, décors…) avec quelques images des coulisses à la clef.
Le reste a directement été produit par l’éditeur français soit une rencontre avec le critique italien, et ami de Bertolucci, qui après avoir bien planté le contexte de la production du film et délivré quelques anecdotes (la première du film à Paris en présence du Dalaï-Lama) se contente malheureusement un peu trop souvent de raconter l’histoire de celui-ci, et surtout un interview de Gianni Giovagnoni, directeur artistique sur Little Buddha. Un entretien en deux parties avec d’un côté une interview classique dans laquelle il évoque sa rencontre avec le cinéaste, sa collaboration avec le reste des équipes de tournages, les recherches visuelles et la confection des magnifiques décors, et de l’autre un commentaire de photos de tournage où il explore plus avant encore ses secrets de fabrication, s’amusant à souligner le mélange très fréquent d’éléments réels et de trompe-l’œil ou extensions utilisés pour donner corps à la vision de Bertolucci.
Liste des bonus
Présentation du film – Partie 1 (8’), Présentation du film – Partie 2 (7’), « Comme une fable » : entretien avec Piero Spila, critique de cinéma (35’), « Être payé pour étudier » : entretien avec Gianni Giovagnoni, directeur artistique (19’), « Le Vrai et le faux » : Gianni Giovagnoni commente les photos des décors du film (23’), Bande-annonce.