LIFEFORCE

Royaume-Uni, Etats-Unis – 1985
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Horreur, Science-Fiction
Réalisateur : Tobe Hooper
Acteurs : Mathilda May, Steve Railsback, Peter Firth, Frank Finlay, Patrick Stewart, Michael Gothard…
Musique : Henry Mancini
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais Dolby Atmos, DTS HD Master Audio 5.1 et 2.0, Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 101 minutes
Éditeur : Sidonis Calysta
Date de sortie : 21 novembre 2023
LE PITCH
La navette Churchill explore un gigantesque vaisseau spatial extraterrestre où ses membres découvrent trois sarcophages. À l’intérieur, les corps d’une femme et de deux hommes. Les trois créatures se révèlent rapidement être d’authentiques vampires. Indifférente aux armes l’entité féminine sillonne Londres, transformant sa population en une horde de zombies.
LA femme venue de l’espace
Echec parmi d’autres pour un Tobe Hooper (Massacre à la tronçonneuse) décidément peu heureux avec le box-office, Lifeforce se verra même conspué par l’auteur du roman, l’un des scénaristes, certains responsables des effets spéciaux, voir même gentiment oublié par une Mathilda May qui mit quelques années à assumer sa performance particulièrement physique. Injuste certainement, malgré une histoire qui prend l’eau, ce space opera gothique a de très beaux restes.
Boudé une nouvelle fois par les producteurs suite au débat autour de la paternité du fabuleux Poltergeist (pourtant son plus gros succès commercial), Tobe Hopper finit au début des années 80 par entrer dans l’écurie de la Cannon. Toujours en quête d’un énorme succès commercial et d’une révision de leur image de faiseurs de série B vite emballées, Globus et Golan, s’empressent de lui faire signer un contrat pour trois films, avec comme seul impératif que l’un d’eux soit le très attendu Massacre à la tronçonneuse 2. Avant cela, Tobe Hooper se tourne de manière assez inattendue vers la science-fiction et plus particulièrement une vision presque nostalgique du genre. En 86 nous auront donc le droit à L’Invasion vient de Mars, remake du classique Invaders from Mars, et juste avant au présent Lifeforce.
Vampire cosmique
Un projet qui se balade de mains en mains et de studio en studio depuis quelques années, tout le monde se heurtant à la difficile opération d’adapter pour l’écran le The Space Vampire de Colin Wilson, auteur d’un concept hautement visuel et alléchant, mais l’étouffant rapidement dans des considérations philosophiques carrément plombantes. Malgré tous leurs efforts, les pointures Don Jakoby (Philadelphia Experiment, Vampires, Arachnophobie…) et Dan O’Bannon (Alien, Le Retour des morts-vivants, Total Recall…) aidés par Tobe Hooper, n’arriveront jamais vraiment à aboutir à un récit équilibré et solidement structuré. Le scénario ne sera d’ailleurs achevé qu’au cours des premiers jours de tournage. Et c’est clairement le gros point noir du film qui après une longue et très efficace introduction dans l’espace et une première partie sacrément spectaculaire entourant le réveil de la créature (mama mia !), va se perdre dans une poursuite peu passionnante à travers l’Angleterre et une drôle d’histoire de projection de l’esprit. Dialogues maladroits, personnages qui vont et viennent sans grande logique, mythologie qui se prend les pieds dans le tapis, le métrage retrouve heureusement son énergie pour une dernière bobine apocalyptique aux airs d’invasion zombie à grande échelle. Car malgré ces difficultés, la Cannon n’a pas hésité à faire de Lifeforce ce qui était alors son plus gros budget de l’époque (25 millions de $), assurant à Tobe Hooper la possibilité d’en mettre littéralement plein la vue.
Ma succube bien aimée
Profitant du travail toujours aussi impressionnant des génies des effets spéciaux que sont John Dykstra (La Guerre des étoiles, Silent Running, Star Trek Le Film…), grand spécialiste des modèles réduits, et le maquilleur Nick Maley (L’Empire contre-attaque, Superman, Krull…), le cinéaste se donne des airs de réalisateur de blockbuster, déployant une maitrise évidente lors des séquences en apesanteurs, accompagnant à merveille les nombreuses performances visuelles (les jaillissements de lumières spectaculaires, les cadavres ambulants en animatronics…) jusqu’à contredire tout ceux qui ne voyaient en lui qu’un petit faiseur de films fauché par l’échelle considérable de séquences presque épiques. Un film qui a toujours de la gueule, toujours aussi solide dans ses SFX (à l’ancienne et c’est magnifique), mais qui aussi déstabilise constamment par ce mélange assez unique entre restes de fantastique gothique et ses aspirations plus modernes, voir Space Opera, qui pour certains lui donne des airs de nanars, alors qu’il s’agit là véritablement pour Hooper, tout comme le suivant L’Invasion vient de Mars, de retrouver des sensations à l’ancienne, quelque chose des films SF des 50’s, où en tous cas de ses souvenirs liés à leurs découvertes. D’autant plus déboussolant que Lifeforce reste bien entendu largement connu pour sa forte connotation érotique et par la présence d’une Mathilda May absolument magnifique et entièrement nue dans 90% de ses plans. Beaucoup ne s’en sont jamais remis…
Effectivement terriblement bancale avec, entre autres, son gros ventre mou, Lifeforce résiste cependant grâce aux talents de Tobe Hooper, son excellente tenue technique et à l’image inoubliable de cette vampire extraterrestre rendant tous les hommes fous de désirs (tu m’étonnes !). Une proposition bordélique et baroque, maladroite mais spectaculaire en diable.
Image
A l’instar de Shout Factory responsable du matériel technique présent ici, Sidonis Calysta a choisi de ne proposer que la version cinéma du film sur support UHD. Ce transfert, retravaillé à partir du master solidement restauré en 2013, vient en éprouver les nombreuses qualités avec sa définition bien costaud, son mélange de grain et d’argentique jusque-là invisible en vidéo, et le tout est largement boosté par un traitement Dolby Vision qui étoffe encore une colorimétrie très riche. Les nombreux effets optiques, et plus généralement les effets spéciaux, sont plus efficaces et chaleureux que jamais.
Retranché sur son disque Bluray, le director’s cut reste d’une excellente tenue, avec quelques courts passages légèrement plus granuleux ou plus doux, mais toujours avec ce traitement propre et organique.
Son
A l’origine présenté dans certaines salles avec 6 pistes 70mm, Lifeforce en retrouve l’énergie et l’amplitude grâce à un DTS HD Master Audio 5.1 tout aussi généreux et dynamique. Tout y est clair et fermement posé, mais avec un travail souligné sur les nombreux effets de jaillissement et de déplacement sur les enceintes arrières et latérales. Ce n’est pas toujours très subtile, mais cela reste en adéquation avec le film.
Pour les puristes (et ceux n’ayant pas d’installation spéciale), il reste les deux stéréos en DTS HD Master Audio, plutôt naturelle et sobre pour la version anglaise, assez plate pour la version française avec, pour le Director’s cut, les passages inédits en VOST.
Interactivité
Lifeforce se présente désormais dans ce format Mediabook régulièrement privilégié par Sidonis Calysta avec dans la reliure un livret, type making of, toujours signé Marc Toullec.
Le film est donc proposé sur deux disques. D’un côté la version cinéma sur l’UHD et de l’autre, le Director’s cut en Bluray. Nourri d’une petite dizaine de minutes supplémentaires, celui-ci ajoute surtout quelques éléments de dialogues sur la nature vampirique des créatures, opère quelques mini changements musicaux (dégagent les inserts de Michael Kamen pour boucher les trous) et réintroduit une poignée de plans, souvent pas bien longs, évacués sans doute pour gagner un peu de temps sur les projections. Une version plus efficace en tous cas.
Coté bonus proprement dit, l’éditeur a abandonné sa vidéo « Tobe Hooper entre SF et gothique » de l’édition Bluray précédente, au profit de deux suppléments récupérés sur l’édition américaine. L’interview de Mathilda May était bien entendu indispensable et l’actrice se souvient finalement avec plaisir de cette première expérience américaine, d’un réalisateur attentif mais aussi de son gène lors du casting et lors des premières scènes tournées entièrement nue. L’autre segment permet de retrouver le très sympathique making of d’époque, au ton très promotionnel, mais qui mettait, comme souvent dans les années 80, tout l’emphase sur les nombreux effets spéciaux. Dommage cependant que les quelques interviews supplémentaires et que les deux commentaires audio (dont celui de Hooper) n’aient pas traversé l’atlantique.
Liste des bonus
Le livret « La Folle Histoire de l’espace » écrit par Marc Toullec (32 pages), le Blu-ray du film dans sa version Director’s Cut (116’14”, VF DTS-HD MA 2.0 avec passages en VOST / VOST restaurée DTS-HD MA 5.1 et 2.0), « Dangereuse beauté » : Interview de Mathilda May (15’), Making of (20’), Bande-annonce.